Les Pays-Bas en grand danger pour l'Euro : une dégringolade décortiquée en 3 points

Personne n'aurait parié là-dessus. Comment imaginer que les Pays-Bas, brillants demi-finalistes de la Coupe du monde 2014, il y a un tout petit peu plus d'un an, puissent aujourd'hui être à la merci de la Turquie et potentiellement se retrouver, dès dimanche, 4es de leur groupe de qualification pour l'Euro 2016 ? Distancés dans le groupe A par l'Islande (1er, 18 points) et la République Tchèque (2e, 16 points) à trois journées de la fin des qualifications, les Bataves (3es, 10 points) se dirigent tout droit vers les périlleux barrages dans un groupe largement à leur portée. Et encore, il ne faudrait pas qu'ils s'inclinent en Turquie (4e, 9 points) ce dimanche car sinon, ce serait même leur place de barragiste qui serait fortement compromise. Pourquoi cette chute vertigineuse ? Eléments de réponse.

Pour son baptême du feu au poste de sélectionneur, Danny Blind a vécu une soirée cauchemardesque. Ce jeudi face à l'Islande, leader surprise du groupe A, le nouveau patron des Oranje avait pour ses débuts l'obligation de s'imposer afin de ne pas voir son équipe distancée définitivement quasi dans la course aux deux premières places, directement qualificatives pour l'Euro 2016. C'est manqué. Surpris, chez eux à Amsterdam, par cette étonnante équipe islandaise (0-1), les Néerlandais sont désormais à portée de fusil de la Turquie, qui va les accueillir ce dimanche dans un match à fort enjeu. Où sont passés les Pays-Bas de Van Gaal, si solides et au jeu si chatoyant aux avant-postes il y a seulement 14 mois lors du Mondial brésilien ?

Depuis le départ du "Pélican", qui a pris en main les destinées de Manchester United l'été dernier, les Oranje n'avancent plus. Guus Hiddink, choisi pour succéder à Van Gaal, est complétement passé au travers et a été limogé par sa fédération au mois de juillet après cinq défaites en dix matches. Un bilan indigne d'une équipe troisième de la Coupe du monde. Son successeur, Danny Blind, père de Daley (le joueur de Manchester United), avait clamé ses bonnes intentions dans le Guardian lors de sa prise de fonction cet été : "Nous savons ce que nous avons à faire : gagner quatre matchs, en commençant par l'Islande le 3 septembre. On ne peut plus se permettre de perdre désormais. Et avec la qualité que nous avons à disposition, nous en sommes plus que capables" Pour lui, c'est déjà raté. Maintenant que le premier des quatre matches a été perdu, il va falloir cravacher.

"Bruno Martins Indi n'a pas été professionnel et a reçu un carton rouge, ce qui nous a obligé à bouleverser notre plan de jeu très tôt dans la partie." C'est par ces mots, durs, que Danny Blind est venu expliquer la défaite des siens face à l'Islande ce jeudi. Il est vrai que le défenseur du FC Porto, impérial au Mondial il y a un an, l'a beaucoup moins été face aux Islandais en se faisant expulser dès la 33e minute de manière inexcusable, pour une réaction d'humeur suite à une première faute sur lui de Sigthorsson. La défense batave a montré des signes de fébrilité inquiétant et le prometteur Stefan de Vrij est encore trop tendre pour en être le véritable patron.

D'autant que la fébrilité gagne aussi les latéraux. Daley Blind est moins séduisant qu'avec Manchester United, alors que Gregory Van der Wiel, qui ne joue jamais en club avec le PSG, n'est clairement pas dans le coup. Face à l'Islande, le latéral droit parisien a concédé un penalty évitable en accrochant Bjarnason dans la surface et précipité la défaite des siens. Forcément handicapant quand on sait que le joueur du PSG avait déjà concédé un pénalty lors du match aller… Enfin, le milieu de terrain, très joueur, ne protège pas assez son arrière garde et l'absence de Nigel De Jong, dans ce secteur de jeu, se fait très cruellement ressentir.

Face à l'Islande, les choses ont commencé à très mal tourner pour les Pays-Bas à la demi-heure de jeu lorsque Arjen Robben, nouveau capitaine promu par Danny Blind, est sorti sur blessure suite à des douleurs à l'aine. Quand on connait l'importance du joueur du Bayern Munich dans le secteur offensif des Oranje, son extrême fragilité musculaire est un souci. Très au-dessus du lot il y a un an, quand il portait presque à lui seul l'attaque hollandaise, Robben peine à retrouver la forme et son âge (31 ans), à son poste, ne laisse pas vraiment espérer qu'il retrouve le niveau de jeu surréaliste de l'an passé. Dans le 4-3-3 concocté par Danny Blind, les autres joueurs offensifs n'ont jamais su combiner.

Memphis Depay (21 ans), appelée à porter les Pays-Bas sur ses épaules de crack pour les années à venir, tarde encore à se montrer aussi étincelant sous le maillot orange que ce qu'il ne l'est en club. Il doit pourtant assumer la succession de Robin Van Persie (32 ans), en fin de course et devenu un simple remplaçant en sélection, et de Klaas-Jan Huntelaar (32 ans), transparent ce jeudi et remplacé avant la pause sous les sifflets du public d'Amsterdam par le jeune Bruma. Au milieu de terrain, le maître à jouer Wesley Sneijder (31 ans) n'est plus que l'ombre du potentiel Ballon d'Or qu'il était il y a cinq ans. Ses successeurs, Wijnaldum (24 ans) ou Klaassen (22 ans), ont besoin de temps pour assurer la transition. Mais du temps, les Pays-Bas n'en ont plus. Pour participer à l'Euro 2016 en France, il va falloir se remettre à gagner. Et ce dès dimanche, en Turquie.