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Sarabia, le passage dans la cour des grands

Antoine Donnarieix

Publié 08/09/2019 à 01:38 GMT+2

QUALIFICATIONS EURO 2020 - Transféré au Paris Saint-Germain il y a maintenant plus de deux mois, Pablo Sarabia est appelé pour la toute première fois en équipe d’Espagne. À 27 ans, le milieu offensif avait pour objectif de se lancer dans le grand bain international, c’est désormais chose faite. Mais est-ce aussi grâce à son intégration estivale au sein d’un top club européen ?

Sarabia avec l'équipe d'Espagne

Crédit: Getty Images

Le 2 juillet 2019, Pablo Sarabia est un homme à la fois triste et heureux. Triste de laisser derrière lui son championnat, la Liga espagnole, et son pays, l’Espagne, avec lequel le milieu offensif a noué des liens pour la vie. Mais pourquoi partir, alors ? Tout simplement pour être heureux de découvrir l’expérience dans un club étranger pas comme les autres. "J’ai décidé de partir au Paris Saint-Germain car c’est l’un des cinq meilleurs clubs à l’échelle européenne, expliquait Sarabia le 28 août dernier au quotidien Marca. La décision n’était pas difficile à prendre, même si j’étais très heureux à Séville. J’avais tout à disposition là-bas et je sentais l’affection de tout le monde envers moi... Mais j’ai réfléchi et j’ai décidé que je devais aller de l’avant. Et la meilleure manière de le faire, c’était de signer au PSG."

Le prestige, une manière de sortir du lot

Le PSG est-il vraiment l’une des cinq meilleures formations européennes ? Au regard des derniers résultats en Ligue des champions et même depuis la reprise du club de la capitale par Qatar Sports Investment, non. C’est bien simple : mis à part la saison 1994-1995 sous l’ère Canal+, Paris n’est jamais parvenu à se hisser en demi-finale de la C1. Souhaité par Nasser Al-Khelaïfi, le grand rêve de remporter la compétition reine en Europe met donc du temps à se mettre en place, féroce concurrence oblige. Mais là où Sarabia détient sans doute une part de vérité, c’est que Paris est aujourd’hui un club phare à l’échelle mondiale qui offre une ambition maximale à ses supporters.
Pour s'en convaincre, il faut simplement observer les dernières acquisitions du PSG dans les ultimes heures du mercato : Keylor Navas, trois fois vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid en 2016, 2016 et 2018, et Mauro Icardi, charismatique buteur de l’Inter à la réputation sulfureuse. C’est indéniable, ce PSG dégage grâce à son aura quelque chose de magique. Une aura développée ces dernières années par le biais d’un marketing taillé sur mesure, notamment grâce aux égéries comme Zlatan Ibrahimovic puis Neymar. Transféré contre une somme de 18 millions d’euros versée au FC Séville (une somme honorable étant donné la réalité actuelle du marché des transferts), Sarabia bénéficie aujourd’hui de cette image de marque qui gravite autour de Paris.
Utilisé par l’Espagne lors de la victoire en Roumanie jeudi dernier (1-2), le natif de Madrid va tisser des liens d’avenir avec La Roja via son appartenance au PSG. Bien entendu, cette convocation est aussi due au fait que le joueur était l’un des fers de lance majeurs du FC Séville : la saison passée, Sarabia a facturé 23 buts et 17 passes décisives. Un excellent ratio pour un ailier issu d’un club de Liga autre que le Real Madrid ou le FC Barcelone. Mais dans les faits, le FC Séville ne fait pas partie du top 4 national depuis deux ans, la faute à un FC Valence redevenu très compétitif. Une situation qui rendait l’appel de Sarabia en sélection plus complexe dans la pratique.

L’Espagne et la fin des privilèges

Depuis son élimination aux tirs aux but en huitièmes de finale du Mondial 2018 contre la Russie, l’Espagne s’est décidée à tourner la page. Fernando Hierro s’est fait remercier, Gerard Piqué, Andrés Iniesta et David Silva se sont retirés, tandis que les privilèges acquis par certains cadres se sont évaporés. C’était en tout cas l’impression laissée par Luis Enrique sous son mandat avec la sélection espagnole, visant à privilégier la performance par rapport à l’expérience au niveau international. Par exemple, Jordi Alba s’est retrouvé hors des premières listes établies pour montrer que seule la forme du moment importe. Et c'est là tout le paradoxe du cas Sarabia.
Depuis le mois de juin, le retrait du coach asturien pour des raisons liées à des soucis familiaux a laissé un vide décisionnel au sein de la fédération. Remplaçant de son mentor pour la suite des éliminatoires, Robert Moreno est aujourd’hui amené à faire confiance à Sarabia dans l’optique de convoquer les meilleurs. "C'est un joueur qui peut nous apporter beaucoup comme attaquant ou milieu de terrain, détaille le nouveau sélectionneur. Nous faisons en sorte que tous les joueurs de devant nous apportent des buts. L'année dernière, Pablo l'a fait très bien avec le FC Séville et il poursuit sa progression au PSG." Mais alors, pourquoi avoir attendu si longtemps pour appeler Sarabia en équipe nationale ?

La C1, un paramètre si obligatoire ?

Actuellement, la réponse se trouve dans le fait que l’Espagne regorge de milieux de terrain convertibles en ailiers : Dani Ceballos, Marco Asensio, Lucas Vázquez, Isco Alarcón, Santi Cazorla, Sergio Canales, Suso, Iker Muniain… Chacun d’entre eux sait évoluer en tant que milieu de couloir dans un 4-4-2 ou en ailier dans un 4-3-3. Et de fait, cela engendre une sacrée concurrence dans un secteur ou seuls quatre ou cinq éléments de ce type sont appelés à chaque rassemblement. Et même si les performances étaient au rendez-vous pour Sarabia, son absence de rencontres en Ligue des champions (excepté durant la saison 2016-2017) ne jouait pas en sa faveur d'après les codes français. Sauf que le fonctionnement interne de La Roja diverge de celui des Bleus.
Aujourd’hui, l’équipe appelée par Moreno comporte sept joueurs issus d’un club non-qualifié pour la Ligue des champions : David De Gea, Pau Lopez, Unai Núñez, Diego Llorente, Jesús Navas, Suso et Mikel Oyarzabal. À titre de comparaison, l’équipe de France d'un Deschamps obsédé par la participation à la C1 en compte seulement trois avec Lucas Digne, Wissam Ben Yedder et Nabil Fekir. Une analyse chiffrée qui démontre que la fédération espagnole se laisse une marge de manœuvre plus large pour envisager la sélection nationale. Avec deux mois supplémentaires, Sarabia aurait donc logiquement connu sa première sélection durant son passage au FC Séville mais le PSG s’est montré habile pour attirer le joueur et sa bonne lumière sur le club. Une stratégie de développement qui s'avère payante à très court terme, pour Sarabia comme pour Paris.
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