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La nouvelle sensation Donyell Malen à l’assaut de la sélection des Pays-Bas

Johann Crochet

Mis à jour 10/10/2019 à 20:28 GMT+2

QUALIFICATIONS EURO 2020 - Pour le match capital face à l’Irlande du Nord qui pourrait leur permettre de rejoindre leur adversaire du soir et l’Allemagne en tête du groupe C des Eliminatoires de l’Euro 2020, les Pays-Bas pourront compter sur un Donyell Malen resplendissant depuis le début de la saison avec le PSV et offrant une alternative au poste très recherché de numéro 9.

Donyell Malen

Crédit: Getty Images

Parfois, le bricolage a du bon. Alors que le pays est victime d’une pénurie de grand attaquant au poste de numéro 9 depuis des années, Ronald Koeman a trouvé en Memphis Depay un allié de circonstance. En replaçant le Lyonnais dans l’axe de son trident offensif, le technicien batave a déniché une formule gagnante grâce à l’intelligence de jeu de Depay et à sa palette technique lui permettant de combiner avec ses ailiers et avec un milieu de projection comme Georginio Wijnaldum.
Memphis a fait oublier à cette occasion les nombreux joueurs ayant défilé à ce poste sans jamais convaincre, de Bas Dost à Luuk de Jong, en passant par Wout Weghorst et Vincent Janssen. Mais l’avenir à moyen et long terme à ce poste pourrait revenir à Donyell Malen, l’actuelle sensation du championnat des Pays-Bas, auteur de 17 buts en 20 matches toutes compétitions confondues cette saison.

Dans un premier temps : talentueux et impatient

A chaque saison, ses révélations. L’Eredivisie est réputé pour sa confiance totale en ses jeunes joueurs et l’exercice 2019/2020 est dans la logique lignée de cette tradition. Si tous les projecteurs sont braqués sur l’Ajax en raison de sa belle épopée européenne la saison passée, le PSV affiche un secteur offensif jeune, prometteur et séduisant.
Avec Bergwijn (22 ans), Doan (21 ans), Gakpo (20 ans), Ihattaren (17 ans) et Malen (20 ans), sans oublier le Portugais Bruma (24 ans), le club d’Eindhoven a décidé de miser sur cette génération talentueuse pour retrouver des ambitions nationales et surtout européennes. Au sein de cette escouade, Donyell Malen flambe particulièrement en ce début de saison. Le jeune attaquant, autrefois annoncé comme l’un des plus grands espoirs du centre de formation de l’Ajax, a décidé de retourner aux Pays-Bas après son aventure à Arsenal.
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Donyell Malen (PSV Eindhoven)

Crédit: Getty Images

Jasper van Leeuwen était le responsable du scouting à l’académie de l’Ajax avant son départ fin 2015. Avec Wim Jonk et Ruben Jongkind, il a mis en œuvre le plan Cruyff, échafaudé pour réinventer l’Ajax, alors en perdition. Il a côtoyé Donyell Malen, formé dans le club amstellodamois. "Donyell était l’un des joueurs les plus talentueux de l’académie, explique-t-il. Vers 16 ans, il avait terminé sa croissance et il faisait presque 1m80. La question était donc de savoir s’il allait être l’attaquant classique ou plutôt un joueur de côté. Au niveau de la technique et de la motricité, il était un très bon avant-centre".
Le talent du gamin ne fait aucun doute. "La question n’était pas de savoir s’il parviendrait à jouer en équipe première, mais plutôt de déterminer quand et à quel poste sur le terrain, confirme l’actuel directeur du football de Volendam (D2 néerlandaise, ndlr). L’hésitation était plutôt alors entre l’attaquant de côté, à gauche, et l’attaquant de surface." Malen était très talentueux et sans doute un peu pressé. Tandis que l’Ajax lui propose un contrat professionnel, le joueur, assisté de Mino Raiola, décide finalement de rejoindre Arsenal.
Il y avait un problème organisationnel à l’Ajax
"Il y avait un problème organisationnel à l’Ajax, commente Van Leeuwen. Wim Jonk, qui était directeur de l’académie, n’avait pas de pouvoir de décision pour signer des contrats professionnels pour les jeunes joueurs ou changer les entraîneurs du centre. Marc Overmars devait tout valider et retranscrire nos recommandations en actes et en contrats. Nous avons fait, Wim Jonk et moi, une réunion avec Donyell et Mino Raiola où nous leur avons présenté notre plan sportif avec le développement attendu du garçon. Mais on ne pouvait pas aller plus loin. C’était ensuite à Marc Overmars de faire une proposition financière. Sportivement, on avait conçu un plan de développement individuel très détaillé et je sais que Marc Overmars lui avait fait une offre très conséquente financièrement, peut-être même le plus gros contrat jamais offert à un jeune joueur à ce moment là, mais visiblement Donyell a trouvé Arsenal plus attractif."
Au moment du départ du joueur en Angleterre en juin 2015, certains observateurs évoquent que les tensions entre Marc Overmars et Wim Jonk (le responsable de l’académie quittera l’Ajax quelques semaines plus tard) auraient pu jouer un rôle mais Jasper van Leeuwen explique que "cela n’a pas été décisif dans le choix du joueur".
Après deux ans à Arsenal où il s’entraîne de temps en temps avec le groupe professionnel et évolue avec les gamins de son âge, Donyell Malen décide de faire le choix du temps de jeu et rentre aux Pays-Bas. Arsenal le cède pour une bouchée de pain au PSV. Une décision qui, aujourd’hui, irrite les supporters des Gunners devant la réussite de leur ancien protégé. "Je suis convaincu que s’il était resté à l’Ajax, il aurait eu du temps de jeu en équipe première dans les deux ans qui suivaient notre proposition, avoue Van Leeuwen. Cela n’a pas été aussi rapide en passant par Arsenal, mais peut-être a-t-il appris et découvert des choses différentes de ce qu’il aurait vécu en restant dans son cocon familial à Amsterdam. Tu apprends de chacune de tes expériences."

Dans un second temps : prise de conscience et patience

En rejoignant le PSV à ce moment-là de sa jeune carrière, Donyell Malen accepte de faire un pas en arrière. Le jeune attaquant doit tout recommencer : il faut d’abord faire ses preuves avec la réserve, Jong PSV, puis en devenir un titulaire, puis passer avec le groupe professionnel et s’y faire remarquer. En somme, il revient au PSV au même niveau qu’il était à l’Ajax quand il l’a quitté. "Il a eu de la patience à cet instant-là et je pense qu’on doit le féliciter pour ça, ajoute Van Leeuwen. Il a suffisamment de caractère pour rebondir et apprendre de ses différentes expériences. Il est récompensé aujourd’hui."
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Donyell Malen (r.)

Crédit: Getty Images

Boudewijn Zenden est l’un des assistants de l’entraîneur Mark van Bommel, en charge du travail spécifique avec les joueurs offensifs du PSV. Déjà présent lors de l’ère Cocu, il a pu observer l’évolution du jeune Malen. "Quand il est arrivé chez nous, il a d’abord dû faire ses preuves avec Jong PSV et c’est un passage important car nos jeunes ne jouent pas contre des U21 mais contre des adultes de deuxième division, témoigne l’ancien joueur de l’OM. Au début, il était très fort comme remplaçant, il faisait de grosses différences, c’était spectaculaire. Quand on l’a mis titulaire, il a eu quelques difficultés au début à reproduire sur 90 minutes ce qu’il arrivait à faire en 20 minutes en fin de match. Et c’est tout à fait normal. C’est une phase à passer pour n’importe quel jeune" De fait, si le joueur a été patient, le club l’a été tout autant avec lui. Une banalité aux Pays-Bas.
Après s’être fait remarqué avec la réserve, Donyell Malen a sa chance sous Mark van Bommel en équipe première lors de la saison passée. Il gagne du temps de jeu au poste d’ailier gauche car l’axe est occupé par l’indéboulonnable capitaine Luuk de Jong. Ses entrées en jeu sont remarquées et il inscrit même 10 buts en championnat. Suffisant pour que les dirigeants et le staff décident de miser sur lui cette saison après la vente de De Jong au FC Séville. Il devient l’avant-centre numéro 1 du club et il ne tarde pas à justifier cette confiance. Son travail au quotidien paye et les séances individuelles le font progresser.
Il est beaucoup plus calme devant le gardien
"Donyell est devenu très efficace devant le but ces derniers mois, confirme Bolo Zenden. Il est beaucoup plus calme devant le gardien. Encore l’année dernière, il avait tendance à frapper très fort tout le temps. Il a appris que parfois, il suffit de frapper moins fort, à 80% de puissance par exemple, en plaçant le ballon. Ce que tu perds en force, tu le gagnes en précision. On a beaucoup travaillé là-dessus et ça lui réussit cette saison"
À y regarder de plus près, la palette technique du joueur face au but est impressionnante cette saison. Malen est capable de marquer dans de nombreuses situations différentes, de l’intérieur du pied ou de l’extérieur, en une touche ou non, sur une frappe de l’extérieur de la surface ou en un-contre-un et de la tête également. Cette variété de finition impressionne les observateurs du championnat néerlandais.
Très à l’écoute du staff, Donyell Malen profite de l’expérience des anciens joueurs de haut niveau qui le composent. "Après les matches, je fais des réunions individuelles avec les attaquants pour voir ce qu’ils ont fait en détail, explique Zenden. On cherche toujours les améliorations possibles. Donyell Malen est très réceptif à ce travail hebdomadaire."

Dans un troisième temps : l’explosion et la sélection

Actuel co-leader d’Eredivisie avec l’Ajax, invaincu en championnat (7 victoires, 2 nuls) et auteur de deux victoires (Sporting Portugal et Rosenborg) en Europa League, le PSV a réalisé un début de saison canon. Le club d’Eindhoven a un secteur offensif ultra-performant avec déjà 71 buts marqués et 18 matches, en incluant les tours préliminaires en Ligue des champions (Bâle) puis en Europa League (Haugesund et Apollon).
La réussite de Donyell Malen s’explique notamment par le changement de style de jeu du club après le départ du capitaine Luuk de Jong. "L’année passée, Donyell évoluait sur le côté gauche car il y avait De Jong comme numéro 9 avec un profil très particulier, concède l’ancien attaquant de l’OM. Il était très fort notamment dans le jeu aérien donc on passait beaucoup par les côtés. Cette année, on a des joueurs différents donc on a changé notre style et nos circuits offensifs. En mettant Malen titulaire, on a dû s’adapter à ses qualités. On ne pouvait pas jouer comme la saison passée avec De Jong alors que c’est un joueur très rapide, qui prend bien la profondeur et qui est souvent en mouvement."
Cela marche si bien que le jeune attaquant a déjà été appelé par Ronald Koeman en sélection. Et pour sa première apparition contre l’Allemagne en septembre, il a inscrit le troisième but de son équipe, après être entré en jeu à la 58e minute. Quelques jours plus tard, il fêtait sa première titularisation avec la sélection Oranje en Estonie dans un rôle d’ailier droit inédit.
Avec lui, Ronald Koeman possède une alternative au faux numéro 9 instauré avec Memphis Depay. Surtout, après des années d’attaquants au profil "atypique" (Weghorst : 197 cm ; Dost : 196 cm ; De Jong : 188 cm), les Pays-Bas voient enfin arriver un numéro 9 puissant, rapide, dynamique, toujours en mouvement, capable de dézoner pour créer des espaces ou combiner avec ses partenaires. De quoi rajouter une possibilité importante à une très séduisante équipe batave, actuellement en pleine bataille pour se qualifier pour l’Euro 2020.
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