Bleus, Irlande - France - Mike Maignan, le tournant français sur penalty ? "Il a ça en lui"

Une forme de confiance collective. Presque une sérénité nouvelle. Vendredi, lorsque Memphis Depay s'est saisi du ballon pour frapper le penalty obtenu en toute fin de match par les Oranje sur une main de Dayot Upamecano, le stade de France a voulu y croire. Oui, ces Bleus 2.0 pouvaient entamer leur nouvelle ère avec un clean-sheet (4-0). Parce que, face à l'ancien Lyonnais, se dressait Mike Maignan, l'un des meilleurs en Europe dans l'exercice.

Malgré le contexte, sa première dans la peau d'un numéro un, "Magic Mike" est resté fidèle à sa réputation : celle d'un compétiteur terrible. "J'ai senti toute la confiance de l'équipe, du groupe, du stade. De la force en fait", expliquait-il après coup au micro de TF1. De la force au service d'un immense talent. Sa parade face à Depay n'a rien d'un évènement inattendu. C'est plutôt la confirmation d'une des spécialités du gardien de l'AC Milan.

En carrière, il a fait face à 51 penalties ou tirs au but. 18 d'entre eux n'ont pas été transformés (arrêt ou échec). Résultat : un taux de réussite hallucinant de 35% dans l'exercice, là où celui d'Hugo Lloris ne dépasse pas les 20%. Une vraie nouveauté pour ces Bleus dont la propension à subir ces coups de pied de réparation pèse lourd dans l'histoire de la sélection…

"Il y a une évolution générale qui s'applique aux gardiens français et les entraîneurs, estime Christophe Revel, ancien entraîneur des gardiens du LOSC, de l'OL et aujourd'hui à Brest. On considère plus qu'avant que le gardien peut avoir un impact sur cette phase de jeu. On a les stats, ce n'est pas 80% d'arrêts, bien sûr. Mais, des échanges que je peux avoir avec mes collègues, je ressens une approche plus offensive de l'exercice, moins subie. On a des outils vidéos qui le permettent et cette analyse a été mise en place".

Que la formation française ait pris conscience de certains manques est une chose. Mais le reste est surtout dû aux formidables aptitudes du portier dans l'exercice. Le Guyannais coche en réalité toutes les cases pour briller. "Il a l'envergure, l'explosivité, une maîtrise émotionnelle incroyable, une fantastique lecture du frappeur, développe Revel, qui avait permis notamment à Benoît Costil de devenir une référence dans le domaine. Chez certains, comme avec Benoît, ça se travaille. D'autres naissent avec, comme Michaël Landreau. Mike est né avec, il a ça en lui. Et j'ajouterai que Mike est connu pour être un vrai compétiteur. Il le vit comme un vrai duel qu'il a envie de gagner".

Avec son mètre 91, Maignan est d'abord un gardien qui prend de la place. Contrairement à Lloris, qui reconnaissait avoir du mal à masquer ses appuis, il sait retarder au maximum son impulsion pour ne donner aucune indication à l'adversaire. Le reste, ce sont des appuis explosifs et une détente sèche impressionnante qui font le reste. "Il est vraiment très très bon dans la lecture, explique Charles Itandje, ancien portier mythique du RC Lens aujourd'hui consultant RMC Sport. En fait, il joue avec le tireur mais pas trop. C'est suffisant pour le perturber. Il montre qu'il a de l'envergure et puis se met en place son travail d'analyse avec le déplacement du tireur, le dernier coup d'oeil, la position du pied d'appui, du haut du corps. Tout ça, il arrive à l'analyser très très vite et, croyez-moi, ça demande beaucoup de concentration".

Pour ses deux premiers penalties en Bleu, Maignan avait dû s'incliner, face aux Croates Andrej Kamaric puis Luka Modric. A croire qu'il attendait le moment idéal, celui de sa grande première en tant que numéro 1. Déjà à Lille, en 2015, pour ses débuts professionnels, il avait marqué les esprits. Entré en lieu et place de Vincent Enyama, il avait sorti la tentative de Paul-Georges Ntep sans ciller. A l'époque, il s'était avancé face au Rennais, comme pour le défier, avant de lever les bras sur sa ligne. Huit ans plus tard, le contexte a changé, pas les gestes. Et pas le résultat…