Pays-Bas - France (1-2) | "Je ne suis plus là juste pour paraître mignon à la télé" : Clauss a compris le message

Il est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives ou en faire la nouvelle sensation du côté droit de l'équipe de l'équipe de France. Mais la comparaison entre la prestation de Jonathan Clauss à Amsterdam ce vendredi et celles de Jules Koundé et Benjamin Pavard en septembre sous le maillot bleu donne le vertige. Après les approximations des deux cadres, le Marseillais a mis un grand coup de pied dans ce couloir sclérosé par les limites des deux défenseurs centraux de métier.

Clauss a rappelé quels bénéfices il pouvait y avoir à mettre un joueur qui maîtrise le poste. Des centres précis, des débordements, des déplacements qui ouvrent des espaces et une passe décisive : l'ancien Lensois a sorti la panoplie complète. Sa septième sélection fut aussi sa plus aboutie, et de loin. "Il est intéressant et a été égal à lui-même, l'a salué Didier Deschamps au micro de la chaîne L'Equipe. Il est tranquille avec le ballon. Il confirme ce qu'il a fait avec Marseille avec sa capacité technique. Il est présent défensivement même s'il n'y avait pas une énorme adversité face à lui. C'est très positif pour son retour." 'Je ne sais pas si j'ai marqué des points mais je suis assez content sur mes premières sensations après le match", a commenté l'un des hommes forts du soir.

C'est que Clauss, 383 jours après sa dernière apparition en sélection, sait mieux que quiconque ce qu'il a à gagner. Pavard est retourné dans l'axe, Koundé n'a toujours pas convaincu et il y a clairement une place à prendre dans l'effectif et peut-être même dans le onze. Un an après avoir raté une Coupe du monde pour un changement de système qui l'a laissé sur le carreau, Clauss se voit offrir une seconde chance et n'a visiblement pas l'intention de la laisser passer. Le bonhomme a donc choisi de vivre les évènements autrement.

Son histoire a longtemps ému les Français, lui qui vient du football amateur, n'a connu le très haut niveau que très tard pour finir à Clairefontaine. Un conte de fées qui l'a distingué de ses camarades et construit son personnage. Sauf qu'au moment où Didier Deschamps a dû bâtir sa liste pour le Qatar, son manque d'expérience a sans doute joué dans la balance. Clauss ne veut plus rêver, ne veut plus raconter son émerveillement chaque fois qu'il pose le pied à Clairefontaine. Il veut en faire un rendez-vous et la claque qatarie l'a fait changer de paradigme.

"J'ai décidé de faire face à moi-même en étant moins dans le rêve, en laissant les émotions, a-t-il témoigné vendredi sur TF1 après la victoire à Amsterdam. Je ne sais même pas si je célèbre ma passe décisive sur le but." Avant de préciser sa pensée en zone mixte devant les journalistes présents à Amsterdam : " Je suis arrivé concentré. J'ai laissé mes émotions de côté et c'était important pour moi et pour montrer au groupe que je ne suis plus là juste pour paraître mignon à la télé."

Des propos qui font écho à ceux d'Ibrahima Konaté après la rencontre : "On est très heureux pour cette qualification, mais c'est très étonnant car à la fin du match j'ai trouvé qu'on n'était pas plus heureux que ça." Clauss a changé et espère ainsi mieux s'intégrer à ce groupe d'insatiables programmés pour le plus haut niveau dès leurs 16 ans et pour lesquels l'équipe de France a toujours été la destination. Il ne veut pas rater le deuxième rendez-vous de sa vie. Ce vendredi, il est bien parti pour, cette fois, être à l'heure.