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Qu’est-ce que la Kings League, cette compétition qui fait plus d’audience que la Liga ?

Paul Citron

Mis à jour 12/01/2023 à 19:19 GMT+1

ESPAGNE - Depuis le 1er janvier, le championnat de football le plus regardé en Espagne n’est pas la Liga : c’est la Kings League. Produite par Gérard Piqué et le streamer ibérique Ibai Llanos, cette compétition de football à 7 rassemble 12 équipes composées de joueurs amateurs et professionnels, et base son succès sur ses règles de jeu taillées pour le spectacle.

Javier "Chicharito" Hernandez est l'une des figures de la Kings League.

Crédit: Getty Images

15 millions. Voilà le nombre ahurissant de spectateurs qu’a rassemblés la Kings League sur Twitch, le 1er janvier dernier, lorsque s’est tenue sa première journée de championnat. Soit cinq fois plus que la 15e journée de Liga, tous matches cumulés, qui s’était déroulée les trois jours précédents. Sauf qu'entre-temps, la population de l’Espagne n’a pas crû de manière exponentielle.
Imaginée par Gérard Piqué, accompagné à la base du projet par le gotha des plus gros streamers espagnols, dont Ibai Llanos - celui qui avait reçu Lionel Messi en interview avant tout le monde, au moment de sa signature au PSG en août 2021 -, cette compétition de football à 7 à 12 équipes enchaîne les records d’audience dans la péninsule.
L’extraordinaire chiffre est gonflé, par plusieurs raisons : le fait que l'événement se tienne un jour férié, tout l’après-midi, et qu’il soit diffusé sur les chaînes Twitch de tous les grands streamers espagnols. Mais si ce chiffre est aussi gros, c’est aussi parce que la Kings League réunit de parfaits inconnus avec des joueurs de classe mondiale, pour les faire jouer à un football aux règles réinventées.
Au commencement le 27 décembre était ainsi une gigantesque draft à l’américaine, avec 172 parfaits inconnus, à l’issue de laquelle douze équipes de football à 7 ont été formées. Se sont ensuite greffées à ces équipes des sommités du football hispanophone, comme Iker Casillas ou Joan Capdevila, champions du monde 2010, l’attaquant mexicain Chicharito ou l’historique buteur de l’Espanyol Barcelone Raúl Tamudo : un mélange excitant, qui matérialise à l’écran le rêve du joueur lambda de jouer aux côtés de ses idoles.
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Javier "Chicharito" Hernandez est l'une des figures de la Kings League.

Crédit: Getty Images

L’autre atout de cette Kings League réside dans ses règles baroques, sur lesquelles les suiveurs du projet ont eu un droit de vote. L’anomalie principale de cette version revisitée du futbol siete à l’espagnole est la "carte spéciale" : chaque équipe part ainsi avec un joker, que son capitaine - un des streamers à l’origine du projet, qui n’est pas sur le terrain - peut abattre quand il le souhaite. Exclure un joueur adverse pour 2 minutes - pas inintéressant, sur un match de deux périodes de vingt minutes -, obtenir un penalty d’office, but doublé pendant 2 ou 5 minutes… Les options sont multiples.
À cette possibilité hors du commun, d’aucuns diront ridicule, s’ajoutent des règles calibrées pour le spectacle, dont le but initial vendu par Piqué - décidément à la pointe de l’innovation dans le football - est de rendre le jeu plus attrayant. Le coup d’envoi est emprunté au water-polo : les joueurs partent de derrière leur ligne de but, et sprintent jusqu’au rond central pour récupérer le ballon. Les séances de tirs au but s’inspirent de la MLS des années 90 : les tireurs partent balle au pied du rond central pour frapper.
Aujourd'hui le produit 'football' en lui-même est vieilli
Une volonté de renouveler le jeu qui ne tombe pas du ciel. L’ancien blaugrana résumait ainsi sa vision du football moderne, en novembre dernier : "Il faut attirer l’attention, et aujourd’hui il y a énormément de contenus pour les jeunes. Il faut créer des contenus courts, et divertissants, donc 90 minutes, c’est long. Si on ne veut pas baisser le temps, trouvons des règles plus stimulantes.Aujourd'hui, le produit 'football' en lui-même est vieilli."
La compétition, que Javier Tebas a qualifié en début de semaine de "cirque", assume son côté fantasque. Mais elle n’en porte pas moins certains éléments de réflexion pertinents, notamment autour du temps de jeu effectif, nouveau cheval de bataille des défenseurs d’un football innovant. "Dès le début, nous avons prévenu que nous sanctionnerions les équipes qui essaieraient de gagner du temps, en éloignant le ballon, en étirant le temps de jeu lors des fautes", expliquait Ibai Llanos dans un podcast d’El País.
L’énorme succès rencontré par la compétition, qui s’étirera jusqu’à fin mars, ne risque pas de retomber de sitôt. La Queens League, équivalent féminin va d’ailleurs être lancée dans les prochains jours, puisque l’appel aux inscriptions pour la draft est en cours. L’enceinte de la Cupra Arena où se déroulent les rencontres, l’armée de caméras toujours plus proches des joueurs : les moyens mobilisés sont colossaux, et Piqué, en entrepreneur chevronné, surfe sur la vague en annonçant toujours plus de surprises.
Dernière en date dans un tweet publié ce lundi, en vue de la prochaine journée de Kings League ce week-end : "Bienvenue au cirque de la Kings League !" La bombe qui arrive dimanche prochain, c’est un truc de fou. Tic, tac, tic, tac." Parce qu’évidemment : Kings League ou pas, quand on s’appelle Gérard Piqué, on ne rate pas une occasion de tacler Javier Tebas.
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