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Totti, toutes les belles choses ont une fin

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 28/05/2017 à 14:02 GMT+2

SERIE A - Après 25 ans saisons avec le même maillot, le légendaire numéro 10 de la Roma fera ses adieux à son club dimanche. Une page se tourne, mais que cela a été compliqué de rédiger les dernières lignes de ce roman.

Francesco Totti est adulé à Roma

Crédit: Getty Images

Les clameurs du public lorsqu’il se lève du banc de touche pour s’échauffer, l’ovation au moment de son entrée en jeu, le chant "C’è solo un capitano" lancé par les ultras et applaudi par un stade entier. L’émotion se fait à chaque fois plus intense avant le bouquet final de dimanche.
Je ne perds pas une miette des dernières apparitions de Francesco Totti à la Roma, même si j’ai dû prendre mon mal en patience à San Siro au début du mois. Le Milan était en train de prendre une fessée, mais le public s’en moquait, ce qu’il voulait, c’était pouvoir se lever d’un seul homme lors de l’entrée du N°10 romain. C’eut été le plus beau des hommages dans la Scala del calcio. Spalletti en décida autrement et fâcha tout le monde. Sur le moment, je lui en ai voulu de m’avoir privé de mon petit frisson, mais avec le recul, je me suis rendu compte qu’il a surtout cherché à faire son boulot, et ça passe aussi par ce genre de décision impopulaire.

Capitaine et entraineur abandonnés

La Roma va probablement se classer deuxième avec 87 points au compteur, le meilleur score de son histoire. Concrètement, ça veut dire qu’elle n’a pas grand-chose, voire rien à se reprocher, en tout cas en championnat, puisqu’elle aurait pu faire mieux en Coupe d’Italie et surtout Ligue Europa. Quoi qu’il en soit, le bilan du retour de Spalletti ne peut être que positif eu égard à la moyenne de points par match en Serie A : 2,33 !
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Edin Dzeko avec la Roma

Crédit: AFP

Malheureusement, tout le monde ne retiendra que le long feuilleton de la fin de carrière de Francesco Totti, quelque chose d’extrêmement délicat à gérer et que les deux protagonistes principaux ont compliqué. Spalletti en a trop parlé, utilisé trop de phrases à effet ou de slogans, obnubilé par la volonté de dédramatiser la situation à sa manière. Cela a donné une communication parfois maladroite.
Mais lui au moins a parlé, contrairement à Totti enfermé dans un véritable mutisme qui a eu pour conséquences des spéculations infinies sur son présent et son avenir. Il le savait, il n’a pas fait grand-chose pour l’empêcher. Quand ses coéquipiers fêtaient le beau succès face à la Juve il y a deux semaines, lui rentrait direct aux vestiaires car mécontent d’être entré dans les arrêts de jeu.
C’est là qu’une des dernières phrases du technicien toscan prend tout son sens : "A la fin de la saison, on fera un jeu. On prendra un dictionnaire et on lira les mots qui nous concernent. A 'entraineur', il y a écrit 'celui qui peut choisir la formation pour la victoire'. A 'capitaine', on peut lire 'celui qui doit indiquer le comportement à suivre à ses coéquipiers dans le vestiaire'. On pourra donc juger si ces définitions ont été bien respectées." Et de conclure : "Je n’enlève rien à Francesco, mais la Roma passe avant tout." Romanistes ou Tottistes, les tifosi giallorossi sèment le doute.
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Luciano Spalletti et Francesco Totti

Crédit: Panoramic

Adieu à la Roma mais pas au football ?

Le communiqué publié jeudi laisse planer le doute quant à son futur, Totti y a parlé de "nouvelle expérience", en tant que joueur ? C’est possible, mais il ne faut pas rêver, ce ne sera pas au haut niveau. Je comprends qu’une telle icone peut éblouir mais je reste surpris devant les affirmations de certains sur la compétitivité de Francesco. Bien sûr qu’il reste un joueur à la vision de jeu et au toucher de balle fantastiques, mais son autonomie est réduite au minimum.
On parle d’une personne de bientôt 41 ans et pas épargné par les blessures. Il peut avoir la meilleure hygiène de vie possible, cela n’empêchera pas l’âge de faire son travail ingrat, surtout concernant un attaquant. Ce sera difficile de tenir la route à la Roma ou dans un autre grand championnat européen. A ce propos, j’avais beaucoup aimé une phrase de Gigi Lentini ex-international italien : "Tout le monde est capable d’un coup de génie, moi aussi je pourrais le faire en jouant 5 minutes par match. Même si vous appelez Maradona dans 10 ans, il sera capable d’un coup de génie."
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Francesco Totti

Crédit: Getty Images

Ça me rappelle les matches entre vieilles gloires ou des gars comme Nedved et Zidane sont toujours affûtés. A 45 ans, eux aussi pourraient faire la différence, mais voilà 5, 10 ou 20 minutes par match. Or, est-ce que Totti était prêt à rempiler pour jouer aussi peu ? Non. S’il désire encore jouer, il pourra opter pour un championnat exotique, et un vrai, car même en MLS je ne suis pas convaincu qu’il réussirait à suivre le rythme. Il s’agira juste de prendre du plaisir à taper dans un ballon, et cela n’entachera nullement l’ensemble de son œuvre.

Inclassable, mais s’il faut vraiment le classer…

Ces classements sont souvent réduits à un simple concours d’egos régi par le subjectivisme, mais on n’y échappera pas, et on va donc vouloir lui trouver une place dans l’histoire du foot. Les déclarations en faisant le meilleur Italien de tous les temps se multiplient, c‘est une façon de lui rendre hommage, pas de soucis, mais ça manque de lucidité.
Attention, je n’ai aucune intention de m’amuser à rabaisser l’immense joueur qu’il est et qu’il a été. Je ne suis pas de ceux qui se permettent de diminuer un footballeur de ce niveau. Il est et a été un des joueurs les plus jouissifs à voir à l’œuvre, de par ses intuitions, son sens du jeu, sa vraie aisance technique (sous-entendu, pas celle faite de grigris inutiles), sans parler de ses 250 buts en Serie A, rarement banales. Totti "pue" le foot et il y a eu bien assez d’hagiographies pour le souligner.
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Francesco Totti, buteur avec l'AS Rome le 11 septembre 2016

Crédit: AFP

Néanmoins, j’ai tout simplement envie de dire que le meilleur de l’histoire de la Roma ne peut être parallèlement le meilleur italien dans le même laps de temps. Question de logique. Ce serait bien trop généreux envers un élément qui n’a même jamais disputé une demi-finale de Coupe d’Europe. Sans parler de son palmarès, qui est un argument partiellement factice, Totti manque cruellement de matches référence au très très haut niveau, aussi avec la Squadra Azzurra qu’il a quittée à seulement 29 ans.
Certes, être resté à vie à la Roma l’a pénalisé dans cette optique, mais l’imaginer au Real ou au Milan n’a aucun intérêt. Il a décidé de rester dans son club, c’est sur cela qu’il faut le juger et par sur une uchronie. Est-ce un choix qu’il a d’ailleurs pleinement assumé ? J’ai des doutes au vue de sa sale tendance à louer les démérites de ses adversaires. Quelque chose qui m’a toujours agacé et qui le sépare des tous meilleurs, d’un Buffon par exemple, un cran au-dessus et désormais dernière légende vivante italienne.
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