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Serie A - Fiorentina : Franck Ribéry, bonifié avec l'âge

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 02/10/2020 à 12:21 GMT+2

SERIE A - Débarqué à la Fiorentina en août 2019, Franck Ribéry fait depuis le bonheur de la Viola. Patron du vestiaire et leader sur le terrain, l'ancien joueur du Bayern Munich impressionne toujours autant. Dans le choc face à l'Inter Milan samedi dernier, "Kaiser Franck" avait livré un nouveau récital du haut de ses 37 ans. Que ce soit par la passe ou la percussion, il reste un joueur à part.

Franck Ribéry sous le maillot de la Fiorentina

Crédit: Getty Images

Rocco Commisso n'est pas du genre à se laisser impressionner. Propriétaire de la Fiorentina depuis juin 2019, le fantasque homme d'affaires italo-américain est devenu depuis l'un des acteurs majeurs du football italien et son panorama. Mais à vrai dire, le patron de la Viola a un faible. Et il ne s'en cache pas. Ce dernier a même un prénom et un nom : Franck Ribéry. Si le Français est arrivé il y a maintenant plus d'un an à Florence, c'est directement sous l'impulsion de Commisso, qui voulait frapper aussi fort que vite. Alors libre de tout contrat, l'ancien joueur du Bayern Munich s'était laissé convaincre par un contrat de deux ans et un salaire net de 4 millions d'euros par an, en plus de bonus liés à ses performances.
Depuis ce jour d'août 2019, l'histoire est (presque) parfaite entre la Viola et son champion. Malgré un récent cambriolage qui l'a profondément marqué, et hormis une vilaine blessure à la cheville la saison passée, Ribéry s'est parfaitement adapté à sa nouvelle réalité. "Je m'entraîne et je m'amuse comme au premier jour. Je ne suis pas fatigué par ce que je fais. En plus d'un travail, le football est un loisir et une passion", confiait-il à La Gazzetta dello Sport en juillet dernier, assurant "vouloir continuer" tant qu'il aura les "motivations" et que "son corps continuera à tenir".
Du haut de ses 37 ans, l'ex-international français continue de (se) régaler sur le terrain. Il y a presque un an jour pour jour, c'est tout San Siro qui s'était levé pour l'applaudir après une prestation exceptionnelle face à l'AC Milan (1-3). Un hommage que la "Scala del Calcio" ne réserve qu'aux très grands. Ribéry en fait partie. Sans cette maudite pandémie de Covid-19, nous aurions probablement vécu la même scène samedi dernier. Cette fois, c'est face à l'Inter Milan que "Kaiser Franck" a brillé.

"Maestro, tout le monde debout"

Dans la "Scala", le Français a livré une partition sensationnelle. "Maestro, tout le monde débout. Il aurait mérité un stade plein pour une telle prestation, écrivait La Gazzetta dello Sport le lendemain, créditant Ribéry d'une note de 8. Il dessine des trajectoires de passe que d'autres n'osent même pas imaginer. Il a plaisanté avec les défenseurs de l'Inter. Sans lui sur le terrain, la Viola a ensuite disparu." Et perdu 4-3. Mais avant sa sortie, le natif de Boulogne-sur-Mer a tout fait sur la pelouse du Giuseppe Meazza. Sa passe décisive pour Federico Chiesa sur le troisième but a d'ailleurs rapidement ébloui les réseaux sociaux. Après avoir éliminé un adversaire d'une facilité déconcertante, Ribéry a alors délivré une passe verticale d'une vingtaine de mètres à l'international italien. Puissance, précision, timing : elle fut presque plus belle que le but qui s'en est suivi.
Si l'ancien joueur de l'OM n'a donc rien perdu de sa vista, en plus de son intelligence de jeu, sa capacité à percuter et dribbler n'a pas bougé non plus au fil des années. 16e minute de jeu : Ribéry s'emmène le ballon du pied gauche le long de son couloir, accélère sur plusieurs mètres, inflige un petit pont à Barella, repique dans l'axe avant de délivrer un caviar à Kouamé qui manquera son face à face. Un gâchis que ne commettra pas Gaetano Castrovilli en deuxième mi-temps après un nouveau festival de son coéquipier, capable d'enrhumer deux défenseurs à lui tout seul. En fin de saison dernière, face à la Lazio, le Français avait refait sa "spéciale" : prise de balle côté gauche, fixation de l'adversaire (deux, en l'occurence), dribble foudroyant, incursion dans la surface et frappe imparable. Un classique.
"Il n'a pas amélioré son jeu, on parle d'un joueur qui a fait partie de l'élite mondiale, nous explique en exclusivité Sébastien Frey, légende de la Viola avec plus de 200 matches de 2005 à 2011. Il est juste plus mature. L'expérience accumulée au fil des années fait que ses qualités sont encore plus plaisantes à voir. Avant, il se basait beaucoup sur ses qualités techniques, sa lecture du jeu, son instinct... L'expérience lui a encore fait gagner quelque chose en plus. A l'entraînement, il donne beaucoup de conseils, il discute beaucoup, il explique des choses aux futurs talents comme Chiesa, Castrovilli..." Lors de la première journée, et en l'absence de Germán Pezzella, Ribéry avait même hérité du brassard. Symbolique.
Un joueur hors pair
"Le dernier match de Franck ne fait que confirmer qu'il est un joueur hors pair, poursuit Frey, désormais ambassadeur du club. Je le mets dans la catégorie des champions. Après la pause forcée liée au Covid-19 et sa blessure, il est revenu plus motivé que jamais. Il a encore envie de s'amuser, de prendre du plaisir et prouver qu'il a le niveau. Il est en train de le prouver." Si Ribéry affiche un tel niveau à son âge, c'est notamment grâce à une hygiène de vie "impeccable" selon Frey. A l'image d'un Cristiano Ronaldo à la Juve ou Zlatan Ibrahimovic à Milan. En plus d'un amour inconditionnel pour ce qu'il fait. Le football, c'est son métier et sa passion. "On s'appelle quasiment tous les jours, ajoute l'ancien gardien. Que ce soit le matin ou le soir, il est toujours en salle de musculation, notamment pour gérer son corps d'athlète et le renforcer. Il est très rigoureux. Si l'on ajoute à ça ses qualités techniques et son amour pour le football, c'est le mélange idéal à 37 ans pour être au niveau du championnat italien, qui est très dur."
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Franck Ribéry, capitaine de la Fiorentina - 2020

Crédit: Getty Images

Compliquée, la Serie A l'est certainement. Mais Ribéry s'y sent bien et s'y plaît. "Il y a une attention incroyable. Les entraînements sont intenses, la tactique est travaillée... On voit que c'est un pays où le football est très important", confiait-il en juillet dernier. En Italie, tout le monde est sous le charme du joueur. Même les tifosi adverses. Une performance quand on connaît les passions engendrées par le Calcio. La seule ombre au tableau florentin est donc arrivée un soir de début juillet, lorsque Ribéry a découvert sa villa toscane saccagée.
"Grâce à Dieu ma femme, mes enfants, étaient en sécurité, à Munich, mais comment avoir confiance aujourd'hui ? Comment me/nous sentir bien ici aujourd'hui après ça", écrivait-il dans la foulée sur les réseaux sociaux. Mais c'est tout un club qui s'est alors mobilisé pour le rassurer. La ville de Florence aussi. Près d'une semaine plus tard, l'incident était déjà derrière lui : "J'ai les vrais supporters, un club, une ville qui compte sur moi. Le reste m'importe peu. J'ai signé pour le violet, le vrai. Viola per sempre", assurait-il.

Une ville tombée "amoureuse" de lui

Sous contrat jusqu'en 2021, Franck Ribéry ira donc au bout de l'histoire avec la Fiorentina. Avant, qui sait, de peut-être la prolonger ? Pour l'heure, le club toscan est concentré sur une saison dont il attend beaucoup. Même chose du côté du joueur. "Son arrivée l'été dernier a redonné espoir à la Fiorentina, qui a connu une phase compliquée après ma génération. C'était également compliqué pour une ville qui vit pour le football, confie Frey. Franck est parvenu à être performant tout de suite et Florence est tombée amoureuse de lui. La ville apprécie les joueurs qui sont professionnels et mouillent le maillot. Et forcément, son curriculum vitæ parle pour lui et a redonné de l'énergie à tout le monde." Un an plus tard, tout le monde espère désormais la transformer en résultats. L'objectif ? Décrocher une place européenne. Au vu de l'effectif et des renforts obtenus (Amrabat, Bonaventura, Borja Valero...), l'entraîneur Beppe Iachini, confirmé en fin de saison dernière, n'aura pas le droit à l'erreur.
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Iachini : "J'aimerais que Ribéry joue 100 minutes à chaque match"

"Après la défaite contre l'Inter, Franck m'a écrit et il était très déçu malgré sa superbe performance", nous révèle Sébastien Frey. Avant de conclure avec une belle anecdote : "Il m'a dit qu'il avait un regret : celui de ne pas avoir joué avec moi dans la "grande" Fiorentina. Je lui ai répondu qu'avec lui, on aurait pu gagner quelques titres. C'est certain. Il a envie de laisser une trace dans ce club. Mais ça, je peux dire que c'est déjà fait."
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