Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Mentalité, arbitres et record : José Mourinho, déjà "Special" à Rome

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 23/04/2022 à 14:07 GMT+2

SERIE A - De retour à Milan pour affronter l'Inter, samedi (18h), José Mourinho continue de poser son empreinte à l'AS Rome. Après une première partie de saison difficile, le Special One, idole incontestée des tifosi romains, continue sa remontée au classement et rêve de remporter la Ligue Europa Conference. Tout en conservant un style bien à lui.

Populiste et populaire : pourquoi Rome fait bloc avec Mourinho

Il ne fallait pas arriver en retard, jeudi, pour réserver sa place pour Roma-Leicester. Programmée pour le jeudi 5 mai à 21h, la demi-finale retour de Ligue Europa Conférence a envoyé le site du club italien dans une autre dimension. "Nous n'avions jamais vu ça. Au total, presque 120.00 personnes ont tenté d'acheter une place, nous confie le service billetterie du club. C'était la folie, tout est parti en l'espace de quelques minutes." Sur les réseaux sociaux, des centaines de tifosi ont publié une photo de leur temps d'attente, qui est parfois monté à une heure, voire deux, avec plus de 100.000 personnes devant eux. De quoi symboliser l'enthousiasme retrouvé dans la partie giallorossa de la ville éternelle depuis quelques semaines. Après une première moitié de saison en dents de scie, l'équipe de José Mourinho performe depuis plusieurs semaines.
Invaincue depuis 12 journées en Serie A (7 victoires et 5 nuls), la Roma a notamment pris sa revanche dans le derby retour face à la Lazio le 20 mars dernier avec un cinglant 3-0. Portée par un grand Tammy Abraham, elle a également stoppé l'hémorragie dans les "grands" matchs. L'Atalanta a été battue début mars à l'Olimpico, et un bon point a été ramené de Naples (1-1), lundi soir. Ce samedi (18h), place à une autre affiche de gala face à l'Inter Milan du côté de Giuseppe Meazza. Un déplacement forcément particulier pour José Mourinho, grand artificier du "triplete" de 2010 avec les Nerazzurri et qui avait reçu un accueil en grande pompe le 8 février lors du quart de finale perdu de Coupe d'Italie (2-0). Avant la rencontre, et pour la troisième fois consécutive, le technicien portugais a d'ailleurs annulé sa conférence d'avant-match.
Parfois, j'ai eu honte d'être là
Si aucune justification n'a accompagné ce choix, plusieurs sources évoquent un "Mou" en colère malgré le retour en forme des siens. Pourquoi ? Des décisions arbitrales qui pénaliseraient son équipe, selon lui. Dernier épisode en date, lundi, à Naples. "Il y a des équipes qui se battent pour le Scudetto, nous non, mais nous avons toujours le droit de jouer et d'essayer de gagner des matches. Aujourd'hui, il semblait que nous n'avions pas le droit de jouer pour gagner ce match, déplorait-il après la rencontre. Parfois, j'ai eu honte d'être là. Je demande un peu de respect."
Des propos qui n'auraient pas vraiment été appréciés par le parquet fédéral de la Fédération italienne de football (FIGC), qui pourrait décider de convoquer Mourinho pour lui demander des explications et éventuellement le suspendre. Mais l'ancien entraîneur de Chelsea, éternel et habile communicant, se sait soutenu par son équipe, ses dirigeants et, surtout, ses tifosi. Comme à la belle époque, il est ainsi parvenu à diffuser ce sentiment de "seul contre tous" au sein de son club, maintenant ainsi la mobilisation de tous. Aujourd'hui, tout le monde, médias romains compris, pédale dans le même sens. Un véritable exploit à Rome.
Jose Mourinho
"Rire, rire et toujours rire", a même titré le quotidien "Il Romanista" mercredi, affichant en "Une" le sourire sournois de Mourinho lundi au moment de certaines décisions arbitrales. "C'est l'expression de quelqu'un qui sait qu'il ne doit pas se battre uniquement contre l'adversaire d'un match, mais aussi contre les arbitres qui ont la Roma en ligne de mire depuis le début de la saison", pouvait-on lire en pleine page. Selon Il Messaggero, ses dirigeants ont même préparé en coulisses un dossier de dix rencontres où plusieurs erreurs arbitrales auraient coûté des points précieux dans la course à la Ligue des champions. Malgré tout, les Giallorossi, relégués à cinq points de la Juve (4e), croient encore en une possible "rimonta".

Mourinho a transmis sa mentalité...

Sur le terrain, Mourinho continue son travail. Au-delà des choix tactiques ou individuels, le Special One semble doucement aboutir à l'une de ses missions principales : donner une nouvelle mentalité à une équipe trop souvent plombée par les évènements. Comment oublier, par exemple, cette incroyable défaite face à la Juve (3-4) à domicile début janvier, alors que la Rome menait 3-1... à la 70e minute. Avant d'encaisser trois buts en sept minutes. "Il y a un manque de personnalité dans cette équipe, de gestion des émotions. Mes joueurs doivent se rapprocher de ma mentalité. Ce n’est pas à moi d’aller vers la leur, ça non", avait-il lâché dans la foulée. Bingo. Bien que limitée sur certains points, son équipe a gagné en caractère.
picture

Mourinho, coup de foudre mais petit doute : "Rudi Garcia était un dieu vivant et puis..."

Avec le but de Stephan El Shaarawy inscrit dans le temps additionnel lundi, la Roma compte désormais sept réalisations à partir de la 90e minute cette saison. Personne ne fait mieux. Et si l'on englobe cette statistique au dernier quart d'heure, elle passe à 15 buts. "Mourinho a donné une nouvelle âme à cette équipe, estime Il Romanista. Elle incarne toujours plus l'esprit de bataille de son entraîneur qui surmonte toutes les adversités qui lui font face. Ici, à Rome, on ne lâche plus rien."
"Nous travaillons énormément sur cet aspect, confirmait le capitaine Lorenzo Pellegrini en décembre à "The Players Tribune". Nous souhaitons acquérir une mentalité gagnante. L'entraîneur nous dit toujours que cela doit être l'une de nos principales qualités. Cela ne se fera pas en une minute, mais je suis certain que nous sommes sur la bonne voie. La sérénité et le sens des responsabilités sont les deux ingrédients majeurs pour notre parcours. Et je sais que j'ai un rôle important à jouer dans tout ça."

... et rêve d'un nouveau record

Dans ce processus , une éventuelle victoire en Ligue Europa Conférence pourrait être un premier pas. Pour la Roma, une équipe qui, historiquement, n'amasse pas vraiment les trophées, s'imposer sur la scène européenne serait une grande première depuis la Coupe de villes de foires en 1961. Et servirait de vrai déclic pour beaucoup de joueurs. De son côté, Mourinho en profiterait pour étoffer un peu plus son palmarès, paradoxalement plus grand que celui de son club. Il pourrait même devenir le premier entraîneur à remporter la Ligue des champions, la Ligue Europa et la Ligue Europa Conférence, nouvelle compétition de l'UEFA depuis cette saison.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité