Du café Osimhen aux vignettes géantes : À Naples, une fête "grandiose" se prépare pour le Scudetto

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 02/04/2023 à 10:10 GMT+2

SERIE A - C'est une fête grandiose qui se prépare au pied du Vésuve. A l'approche de son troisième Scudetto, dont la mathématique n'est maintenant plus qu'une question de temps, la ville de Naples est en ébullition. Des quartiers populaires aux rues qui mènent vers le centre, drapeaux, maillots et effigies cartonnées sont à l'honneur. Les hôtels ont même été pris d'assaut en vue du grand jour.

Napoli se prépare au Scudetto

Crédit: Getty Images

Il paraît qu'à Naples, on ne voit plus le ciel tant le bleu est partout. Des balcons aux rues en passant par les fameux fils à linge aux fenêtres, c'est toute une ville qui s'est mise aux couleurs du Napoli, en passe de remporter le troisième Scudetto de son histoire. Il faut dire que l'attente a été longue, très longue, même, puisqu'elle remonte à trente-trois ans en arrière, à l'époque où Diego Maradona offrait au "Mezzogiorno" (Midi) un deuxième titre historique.
Depuis, les Napolitains y ont souvent cru, comme en 2018, lorsque Maurizio Sarri et ses hommes semblaient en passe de stopper l'hégémonie de la Juventus. La déception fut aussi grande que l'attente suscitée par une saison bouclée à la deuxième place avec... 91 points. Un record. L'an passé, aussi, le club d'Aurelio De Laurentiis s'était mis à rêver. Avant de s'effondrer dans la dernière ligne droite, paralysé, comme souvent, par l'enjeu et la pression d'une ville volcanique.
Mais cette fois, plus rien ne semble pouvoir arrêter la bande à Luciano Spalletti, qui réalise une saison presque parfaite, avec 23 victoires en 27 matches et dix-neuf points d'avance sur la Lazio (2e). Pas même la récente blessure de Victor Osimhen, qui demeure un vrai coup dur au vu du rendement du Nigérian, actuel meilleur buteur de Serie A avec 21 buts. La question n'est donc plus de savoir si le Napoli va remporter le Scudetto, mais plutôt quand. Cela pourrait être le 29 avril prochain contre la Salernitana, à six journées de la fin du championnat, ce qui serait un record historique. Le Torino (1947-48), la Fiorentina (1955-56), l'Inter (2006-07) et la Juventus (2018-2019) ont fixé la barre à cinq. En prévision, les tifosi les plus lointains ont d'ores et déjà pris d'assaut les hôtels et logements disponibles.
Une fête grandiose
La ville parthénopéenne se prépare donc à érupter. Et même si la superstition est toujours de rigueur, l'écart accumulé sur le reste de la concurrence est bien trop grand pour céder aux rites de toujours pour éloigner la guigne. "On peut dire que Naples vit actuellement un long samedi après-midi, nous confie Vincenzo Credendino, journaliste à CN24 TV, chaîne de télévision de Naples. Les personnes savent que le dimanche sera un jour de fête et elles sont toutes déjà heureuses en l'attendant. Le dimanche du Napoli s'appelle Scudetto. Tout le monde est sûr de le gagner, et la ville se prépare. Étendards, peintures murales, drapeaux : peu à peu, la ville se teint du bleu azzurro. Le seul absent de la fête, c'est la superstition. Plus personne ne pense que prononcer la parole 'Scudetto' portera malheur."
Napoli, le strade celebrano Kvaratskhelia e la squadra
Pour le journaliste, la fête qui se prépare s'annonce "grandiose". "Pour vous donner un ordre d'idée, la mairie a décidé d'envoyer les joueurs dans plusieurs zones de la ville pour éviter que des centaines de milliers de personnes se réunissent au même endroit", précise-t-il. Si le teasing est à la hauteur de ce que le grand jour nous réserve, on risque en effet d'être servi. Des farandoles de maillots floqués du numéro 77, celui de l'ailier géorgien surnommé "Kvaradona", flottent actuellement au-dessus des piétons déambulant dans la vieille ville. Sur les étals et dans les vitrines, au milieu des statuettes Maradona, on n'échappe pas non plus aux masques noirs, rappelant le masque de protection que porte depuis la saison dernière Osimhen.

Le café "Osimhen" à 3 euros

Du côté de la via dei Tribunali, comme l'a constaté l'AFP, on peut apercevoir une énorme banderole où est inscrit "Ricomincio da tre" ("Je repars de trois"), reprenant le nom du film du réalisateur et acteur napolitain Massimo Troisi ("Le facteur"). Le chiffre apparaît aussi sur les drapeaux vendus autour du stade portant le nom de Maradona et sur les vignettes géantes, façon album Panini, accrochées aux fenêtres près de la gare. On peut même trouver les silhouettes cartonnées des joueurs en pleine ville, de quoi intriguer et interloquer certains touristes qui ignorent ce qu'il se trame à Naples. En repartant, ils ne pourront plus dire qu'ils ne savent pas, surtout s'ils ont été faire un tour dans le quartier de Forcella, où quelques jeunes font des selfies devant une fresque récente représentant le duo Osimhen-Kvaratskhelia. Mais ce qui les amuse le plus, c'est le WC installé au pied de la peinture murale, peint en noir et blanc, avec cette inscription reprenant une insulte courante chez les tifosi locaux : "Juve Merda".
Napoli, le bandiere anticipano già lo Scudetto
Via Duomo, le bar Tico propose au prix de 3 euros un "café Osimhen", sans trop s'encombrer de droit à l'image ou de dépôt de marque commerciale. La particularité ? Le patron renvoie vers une affichette apposée en salle : un café servi dans "un verre haut avec sucre et cacao sur les bords et un chocolat artisanal dans le fond". Autre variante, dans le nord de la ville : la pâtisserie Fresco Forno commercialise un "gâteau Osimhen", une tarte au chocolat avec un masque et un crumble sur le dessus rappelant les cheveux teints en blonds du Nigérian. Lequel est lui-même venu en chercher une, selon une photo diffusée par les médias. Tout est donc prêt pour la grande fête. Ne reste plus qu'à fixer la date.
"En tout cas, on peut dire qu'ici, il y a une accélération de la préparation des festivités après le 0-4 sur la pelouse du Torino avant la trêve, nous confie Mirko, tifoso du Napoli. Avant la mi-mars, une petite partie de la ville, surtout dans le centre historique, n'avait pas encore de drapeaux. Aujourd'hui, tous les quartiers sont prêts à la fête qui sera encore beaucoup plus colorée et bruyante qu'aujourd'hui (...) Il y a un enthousiasme incroyable, magnifique, inimaginable, mais aussi et surtout la volonté de boucler la pratique le plus vite possible. Nous avons un quart de Ligue des champions à jouer (face à l'AC Milan, ndlr), et aucune distraction n'est permise. L'équipe doit garder les pieds par terre. C'est notamment pour cela que le Napoli prépare les festivités officielles pour le week-end du 4 juin, avec la remise du trophée."
(Avec AFP)
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