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Mercato - Zlatan Ibrahimovic, Paolo Maldini, Sandro Tonali : Milan, une révolution en forme de cauchemar

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 04/07/2023 à 14:30 GMT+2

Le (faux) suspense s'est terminé lundi matin. Après plusieurs semaines de silence radio, le transfert de Sandro Tonali a été officialisé par Newcastle, qui a cassé sa tirelire pour une somme estimée à 70 millions d'euros. Un départ inattendu pour les tifosi de l'AC Milan, déjà déboussolés après un mois de juin qui a vu Zlatan Ibrahimovic prendre sa retraite, et Paolo Maldini débarqué.

Sandro Tonali, passé de Milan à Newcastle

Crédit: Getty Images

En Italie, un proverbe assure qu'au mois de juin, dans le bien ou dans le mal, il y a toujours un orage ("In giugno, in bene o in male, c'è sempre un temporale"). Si vous en doutez, les supporters de l'AC Milan pourront vous le confirmer. Eux, ils en ont même connu plusieurs le mois dernier. Et des violents. Le premier, c'était à tout son début, le 4, lorsqu'un orage de larmes s'est abattu sur San Siro au moment où Zlatan Ibrahimovic a annoncé son départ et sa retraite. Le deuxième n'a pas tardé. Dans la semaine qui a suivi, c'est cette fois un orage de colère qui a envahi le ciel milanais, avec un Paolo Maldini débarqué de son poste de directeur technique. Celui-là, autant l'avouer, personne ne l'avait vu venir, pas même le météorologue le plus avisé.
Malgré un bilan plus qu'honorable depuis sa nomination au poste de directeur technique à l'été 2019 (trois qualifications en Ligue des champions, un Scudetto remporté en 2021-2022, une demi-finale de C1 cette saison, des comptes repassés dans le positif...), l'éternel numéro 3 du club lombard a pris la foudre, avec son binôme Frédéric Massara, lui aussi licencié. La raison ? Gerry Cardinale, à la tête du fonds américain Redbird qui a racheté le club pour 1,2 milliards d'euros en juin 2022, a tout simplement estimé qu'un changement de politique était nécessaire et que Maldini n'était pas compatible.

La retraite de Zlatan, le licenciement de Maldini

Il serait reproché à l'ex-capitaine milanais un mercato estival 2022 décevant, une saison en deçà des attentes, des déclarations qui n'ont pas plu et une volonté d'autonomie trop grande. C'est surtout ce dernier point qui a précipité cette chute. Pour Cardinale, qui a une vision américaine du football, il est presque inconcevable qu'un seul homme décide de tout et impose ses choix, tant sur le marché des transferts que dans la politique sportive. D'ailleurs, depuis son départ, Maldini n'a pas été remplacé. Ce sont désormais des groupes de travail qui sont en place, avec une prise de décision plus collégiale et l'apport de plusieurs visions différentes.
Un mot revient avec insistance dans les couloirs de Casa Milan : "Team". Et "Coach", aussi, puisque le seul survivant de cette révolution estivale, l'entraîneur Stefano Pioli, a pris du galon. Même chose pour le Français Geoffrey Moncada, passé de patron du "scouting" à directeur sportif, et Giorgio Furlani, administrateur délégué, dont les pouvoirs ont été élargis. Si les dents grincent dans certains bureaux, et que le interrogations ont fusé dans certains groupes Whatsapp, joueurs comme employés, Cardinale, qui sera plus présent à Milan, ne regrette rien.
"Avant , je m'occupais directement de la question du nouveau stade, puis j'ai accepté de faire partie d'une équipe amenée par RedBird, justifiait l'actuel président du club lombard Paolo Scaroni au sujet du départ de Maldini. Pour moi, c'était naturel de me mettre à disposition et donc de perdre en autonomie. Paolo (Maldini), lui, n'était pas vraiment à l'aise avec cette méthodologie de fonctionner en équipe. C'était mieux de se séparer."
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Gerry Cardinale et Paolo Maldini, Getty Images

Crédit: Getty Images

De plus, la compilation de datas est désormais devenue une donnée très importante dans le processus de recrutement, grâce notamment à la société Zelus. Un modèle déjà appliqué au TFC du côté de la Ligue 1. Autant dire bien loin des habitudes de Paolo Maldini. La rupture était devenue inéluctable entre les parties, qui auraient déjà pu se séparer en juin 2022. Avant finalement de trouver un compromis. Pas cette fois. Du côté des tifosi, la décision a eu du mal à passer, avec un hashtag "#CardinaleOUT" devenu rapidement populaire sur les réseaux. "Le fond n'a convaincu personne, et que dire de la forme..., déplore un habitué de Milanello. Cinq lignes dans un pauvre communiqué pour annoncer le départ de Maldini, c'est indigne et irrespectueux. Mais les Américains sont comme ça, ils ne font pas dans la dentelle. Ils n'ont juste pas compris qu'en Italie, le football conserve une grande dimension émotionnelle et romantique." Le troisième orage de juin ne va pas épargner cette dernière.

La nostalgie Berlusconi, la déception Tonali

Le 12 juin, Silvio Berlusconi, légendaire président du Milan de 1986 à 2017, s'éteint à l’âge de 86 ans des suites d’une leucémie chronique, diagnostiquée fin mars par ses médecins. Pendant que l'Italie décrète un jour de deuil national, les supporters milanais se remémorent l'ère glorieuse du Cavaliere, ponctuée notamment de 8 scudetti, 5 Ligues des champions, une Coupe d'Italie, 7 Supercoupes d'Italie, 5 supercoupes d'Europe, 2 coupes intercontinentales ou encore un mondial des clubs... Le jour de ses obsèques, qui se déroulent sur la célèbre Piazza Duomo de la capitale lombarde, la "Curva Sud" est d'ailleurs présente pour saluer une dernière fois l'un des présidents les plus victorieux de l’histoire du football.
Les départs de Zlatan et Maldini, la disparition de Berlusconi : le peuple milanais pense alors avoir tout vu et tout vécu en l'espace d'une semaine. Mais le destin (et pas que) a visiblement décidé de s'acharner contre lui. A la mi-juin, les premières rumeurs concernant un départ de Sandro Tonali commencent à fuiter. Improbable, voire impossible, surtout pour celui qui est considéré par les tifosi comme l'incarnation parfaite du "Milanismo". Son flocage est d'ailleurs le plus réclamé dans les boutiques du club. "Les tifosi se retrouvaient en lui, par ses valeurs, son histoire, sa personnalité et sa passion pour le club qu'il a depuis tout petit. Il suffisait de voir les photos de lui quand il était enfant, en plus de sa fameuse lettre écrite à onze ans à Sainte-Lucie pour avoir un ensemble complet du Milan. Tout le monde s'était imaginé le voir rester pendant des décennies, ses déclarations pouvaient le laisser penser", témoigne un salarié.
Oui mais voilà, l'époque des "Bandiere" à la Totti, Maldini, Baresi, Zanetti ou Del Piero est révolue. Newcastle a toqué, Milan a ouvert la porte, Tonali n'a rien refermé. Rapidement, toutes les parties s'entendent autour d'un transfert de 70 millions d'euros bonus compris, ainsi qu'un salaire triplé pour le joueur, qui touchera environ 9 millions d'euros (7+2 de bonus) par saison. Tout le monde est content. Sauf les tifosi, évidemment... "Mais ce n'est pas un adieu, juste un au revoir", a promis Tonali dans un long message publié sur les réseaux sociaux après l'officialisation de son départ. Une légère éclaircie pour commencer juillet, au moins.
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