Serie A - Officiel : L'AC Milan annonce le départ de Paolo Maldini, les coulisses d'un départ choc

C'est un départ aussi soudain que violent. Deux jours après la fin de l'exercice 2022-2023, l'AC Milan a annoncé le départ de Paolo Maldini, sa légende et dirigeant depuis 2019. "Le club annonce que Paolo Maldini a conclu son rôle au club le 5 juin 2023", écrit le club lombard dans un communiqué laconique. Depuis son retour à Milan, l'ancien numéro 3 a notamment remporté un Scudetto la saison passée, en plus de trois qualifications consécutives en Ligue des champions et un bilan comptable passé du rouge au vert.

Dans ce même communiqué, Milan en profite pour indiquer que ses responsabilités sont désormais dans les mains "d'un groupe de travail" qui collaborera avec l'entraîneur de la saison prochaine, probablement Stefano Pioli, celui actuel, et dont les actions "devront être rapportées" à Giorgio Furlani, l'administrateur délégué, au centre du nouvel organigramme. Le Français Frederic Massara, directeur sportif et fidèle bras droit de Maldini, fait lui aussi ses valises. Quant à Geoffrey Moncada, responsable du recrutement et scouting de l'AC Milan, une promotion devrait l'attendre.

Mais que s'est-il passé pour que Gerry Cardinale, à la tête du fonds américain Redbird qui a racheté le club pour 1,2 milliards d'euros en juin 2022, décide de licencier la légende milanaise ? Selon la presse italienne, les deux hommes se sont rencontrés pendant 15-20 minutes dans un hôtel de Milan lundi matin. Plus qu'une confrontation, le fondateur du groupe américain, qui sera désormais plus présent en Lombardie, a surtout communiqué à Maldini sa décision de le débarquer. Massara, lui, a été prévenu quelques heures plus tard par téléphone.

"On est tous sous le choc, tant sur le fond que sur la forme. Les joueurs le sont aussi, ils ont perdu deux figures : Zlatan (Ibrahimovic) et Paolo (Maldini) en 24 heures. C’est aussi dur que brutal", nous confiait un salarié dans la matinée. Il serait reproché à Maldini un mercato estival 2022 décevant, une saison en deçà des attentes, des déclarations qui n'ont pas plu et une volonté d'autonomie trop grande. L'ancien international italien, toujours droit dans ses bottes et peu malléable, réclamait également plus d'investissements sur le marché des transferts. "Le feeling entre Cardinale et Maldini n'a jamais été bon", écrivait La Gazzetta dello Sport ce mardi, rappelant qu'un divorce était déjà proche l'an passé à la même date.

Entre les deux, la vision sur la méthodologie de travail à adopter serait également (très) différente, avec Cardinale qui souhaite appliquer le modèle RedBird au club lombard, via notamment la compilation de datas, grâce notamment à la société Zelus. Un modèle déjà appliqué au TFC du côté de la Ligue 1. Autant dire bien loin des habitudes de Paolo Maldini. Sur les réseaux sociaux, la gronde des tifosi est en tout cas visible, avec un hashtag "#CardinaleOUT" envoyé tout droit dans les tendances en Italie.

De leur côté, les joueurs milanais seraient également surpris par cette décision. Selon Sky Italia, Maldini, visiblement pas au courant de ce qui l'attendait le lendemain, avait même donné rendez-vous à la plupart de son équipe début juillet pour la reprise lors de l'après-match face à l'Hellas dimanche soir (3-1). Lundi, des rendez-vous avec des agents de joueurs (dont ceux de Ruben Loftus-Cheek, joueur de Chelsea) étaient même au programme, avant de finalement être annulés. Sur les réseaux, Rafael Leão, qui a récemment prolongé son contrat jusqu'en 2028, n'a pas caché son étonnement. L'ancien Bordelais Yacine Adli non plus, avant d'être suivi par d'autres coéquipiers.

Il faut dire que lui comme la plupart de ses coéquipiers, de Mike Maignan en passant par Olivier Giroud, avaient un lien très fort avec Maldini, présent au quotidien à Milanello. Il était à la fois dirigeant, exemple, confident et légende vivante pour le groupe de Stefano Pioli. "L'équipe est en révolte", rapportait La Repubblica dans la journée. De là à imaginer une vague de départs ? Probablement pas, mais les messages ont fusé sur les différents groupes Whatsapp des joueurs milanais, qui ne comprennent pas cette décision.

"Ma rencontre avec Paolo Maldini a tout fait basculer, expliquait par exemple Theo Hernandez, l'un des plus proches de l'ancien capitaine milanais, à L'Equipe en 2019. Il est venu me rencontrer à Ibiza, où j'étais en vacances. On a tout de suite accroché. Maldini, c'est un mythe, probablement le plus grand joueur à mon poste. Nos discussions m'ont montré qu'il me connaissait bien. Quand Paolo Maldini vous recrute, ça vous file quand même de la confiance."

"Il suffit de regarder les déclarations des joueurs à leur arrivée, le nom de Maldini revient toujours...", souffle-t-on du côté du centre d'entraînement milanais, où l'onde de choc est énorme ce mardi. Sur le fond, d'abord, puisque les résultats, sportifs comme économiques, penchaient plutôt du côté de l'ex-défenseur. Puis sur la forme, avec une méthode à l'américaine estimée comme "terriblement violente" par un habitué de Casa Milan, siège du club lombard. "On ne peut pas virer Maldini de cette façon,avec cinq lignes dans un communiqué horriblement froid", conclut cette source, qui se dit également "choquée" par un départ que personne n'avait osé imaginer.