SERIE A - NAPLES - Rudi Garcia, un expert des entretiens d'embauche

Il a refait le coup. A la surprise générale, Rudi Garcia est parvenu à s'installer sur un banc prestigieux cette semaine. Ejecté au printemps d'Al-Nassr, le Français a séduit les dirigeants de Naples pour récupérer le poste laissé vacant par Luciano Spalletti. Le voilà à la tête du tout frais champion d'Italie. Sa maîtrise de la langue italienne mais surtout son passé en Serie A ont évidemment pesé. Dans la Botte, l'ancien technicien de l'OM ou encore de l'OL a marqué les esprits à la tête de la Roma, séduisante offensivement et revenue en Ligue des champions grâce à deux deuxièmes places en 2014 et 2015 sous sa coupe. Mais son CV n'y a pas tout fait. Sa science des entretiens a sûrement encore une fois été déterminante.

Au fil de sa carrière, Rudi Garcia s'est bâti une jolie réputation dans le milieu comme expert des entretiens d'embauche. Il a ainsi régulièrement su faire pencher la balance en sa faveur au moment de rencontrer les dirigeants de ses futurs clubs. Et les décideurs qui l'ont eu en entretien ne cachent pas être tombés sous le charme de son discours, son attitude ou encore sa manière de vendre son projet pour leur club. Premier exemple parlant ? La Roma justement.

Pour hériter des Giallorossi en 2013 alors qu'il n'a encore jamais coaché hors de France, Rudi Garcia avait déjà fait la différence avec ses mots. En 2019, Walter Sabatini avait alors expliqué à RMC pourquoi il avait été convaincu par l'ancien entraîneur de Dijon et champion de France 2011 avec le LOSC qui partait pourtant de loin. "J’ai rencontré Laurent Blanc aussi. Garcia est beaucoup plus incisif dans les jugements footballistiques, dans la façon de se présenter, avait reconnu celui qui était alors directeur sportif de l’AS Rome. Blanc est une icône du football, mais il se repose peut-être plus sur son passé de footballeur. Garcia, en devant se bâtir en tant qu’entraîneur, était plus actif, plus vif. Et on voyait qu’il avait une envie 'superlative' de venir à la Roma. En fait, il a été très bon".

"Très bon", c'est ce qui ressort en général de ses entretiens. Visiblement à l'aise dans l'exercice, Rudi Garcia arrive en effet à séduire ses interlocuteurs en se montrant notamment offensif et ambitieux. Et en visant juste quand il se met à la place de ses recruteurs comme avec Frank McCourt en 2016 quand l'OM cherchait une nouvelle figure pour lancer le projet de son nouveau propriétaire américain. "Frank est un Irlandais. Ce n’est pas neutre de le dire car les Irlandais ont inventé cette formule du 'fighting spirit'. L’Irlandais est un passionné de sport, de la gagne, avait raconté Jacques-Henri Eyraud sur RMC. Quand Frank a entendu Rudi, je crois que c’était l’une de ses premières phrases, lui dire que ce qu’il voulait à la tête d’un club, et demain à la tête de l’OM, c’était de gagner la Ligue des champions, évidemment ça a beaucoup séduit Frank".

S’il n’a pas répondu aux attentes ensuite sur la Canebière malgré notamment une finale de Ligue Europa en 2018, Rudi Garcia avait remis ça à Lyon quelques mois après son départ de l’OM. Là encore, il avait fait la différence en entretiens. Si Jean-Michel Aulas est depuis revenu dessus après leur divorce tendu, les retours de l'époque ne trompent personne. "Ses prestations ont été extrêmement pertinentes devant les gens qui l’ont reçu“, avait expliqué JMA en 2019 alors que Garcia était encore en concurrence avec Laurent Blanc pour le poste. "Il y avait d’autres options intéressantes, mais l’ambition et la ténacité de Rudi - on a eu par le passé un certain nombre d’échanges - ont fait la différence. On s’est compris tout de suite".

Percutant, Rudi Garcia sait trouver les mots pour convaincre. Et il parvient à s'adapter à ceux qu'il a en face de lui. En 2021, il avait ainsi marqué les esprits à Manchester alors qu'United cherchait le successeur d'Ole Gunnar Solskjaer. La presse britannique, dont The Independent, avait ainsi révélé que Garcia "avait impressionné" lors de son oral même s'il n'a pas été retenu au final. Quelques mois plus tard dans le Figaro, le coach tricolore était revenu sur cet épisode et avait confessé quelques secrets de sa méthode. "À Manchester, les entretiens se sont plutôt bien passés. J'ai vu John Murtough (directeur du football de MU) et Darren Fletcher (ancien joueur désormais dans le staff), je leur ai dit que je devais bosser mon anglais et Darren, qui est écossais, a eu une blague sympa en me disant que je n'avais pas encore le niveau avec l'accent écossais pour répondre, mais que c'était très bien. Je trouve que c'est du respect de parler la langue dans le pays où tu travailles." Comme dans le monde du travail traditionnel, l'entretien d'embauche reste un moment clef. Et Rudi Garcia en est un maitre, ce qui lui permet aussi de construire sa carrière.