Serie A | Cris racistes envers Mike Maignan | Le maire d'Udine à Eurosport : "Eradiquer ces personnes des stades"

Située dans le nord-est de l'Italie, non loin de la Slovénie et de l'Autriche, la ville d'Udine s'est soudainement retrouvée sous les feux des projecteurs depuis samedi dernier. Et pas pour les bonnes raisons. Samedi, lors du match de l'AC Milan dans l'édile ville du Frioul, Mike Maignan a été la cible d'insultes racistes et de cris de singe proférés par des supporters assis dans les tribunes derrière son but.

Après avoir averti l'arbitre dans un premier temps, le gardien français a ensuite quitté le terrain à la 34e minute, imité par ses coéquipiers. Fabio Maresca, arbitre de la rencontre, a dans la foulée interrompu le match, qui a finalement repris après cinq minutes d'arrêt. Cet énième incident raciste dans un stade italien a déclenché une vague de soutien du monde du football et, au-delà, envers Maignan qui a de son côté exhorté dimanche les instances à prendre leurs responsabilités.

Lui aussi marqué par cet incident, le maire d'Udine Alberto Felice De Toni n'a pas tardé à réagir. Dès dimanche, il annonçait sa volonté de donner au portier le titre de citoyen d'honneur de la ville. "Nos valeurs ne peuvent pas être bafouées par quelques personnes aveuglées par le racisme", confiait-il alors dans une vidéo publiée sur Instagram. Bien que pris par le temps, il a accepté, pendant une bonne dizaine de minutes, de revenir plus amplement sur cette initiative.

Alberto Felice De Toni : En tant que maire et au nom de la ville, j'ai voulu exprimer tout de suite ma solidarité envers Maignan. Je lui ai transmis un message personnel via le club de l'AC Milan. Nous avons proposé de lui donner le titre de citoyen d'honneur de la ville en tant qu'exemple de courage et de contraste contre le racisme. Aujourd'hui (mardi, ndlr), cette proposition a été délibérée à l'unanimité avec mes assesseurs. Elle sera soumise au conseil municipal lundi prochain. Maintenant, nous voulons éradiquer ces personnes des stades. J'apporte tout mon soutien à l'Udinese, qui a pris ses distances envers ces individus et qui continue de collaborer avec la police.

AFDT : J'ai été très triste et déçu, oui. J'espère que les institutions du football vont frapper fort, cela fait trop longtemps que des faits similaires arrivent en Italie et en Europe. Maignan a eu le courage de quitter le terrain, c'est un choix fort qui le distingue des autres cas. Je tiens à souligner que notre ville est une terre d'accueil depuis toujours, 14% de nos résidents ne sont pas italiens. Il y a par exemple des personnes d'origines roumaines, ukrainiennes, ghanéennes... Les écoles ont un taux de 20% d'élèves avec des origines étrangères. Udine est une ville solidaire et synonyme d'inclusion. Elle fut un temps symbole d'émigration puis, depuis quelques années, d'immigration. Cet épisode a fortement blessé toute la ville.

AFDT : C'est une solution possible face à un seul individu. Nous, nous réfléchissons autour d'initiatives à lancer dans les écoles et dès le plus jeune âge, avec l'aide notamment de "Fondazione Milan", l'association caritative de l'AC Milan. Nous voulons éduquer au respect de l'adversaire, au respect de la diversité, au vivre ensemble... C'est l'un des aspects sur lequel nous travaillons.

AFDT : J'ai pris connaissance de ce match à huis clos. C'est une décision prise par les instances gouvernementales du football, je n'ai pas à la commenter.

AFDT : C'est un problème culturel qu'il faut affronter dès le début. Si les enfants qui vont au stade voient des adultes qui se comportent de la sorte... On doit commencer par sensibiliser dès le plus jeune âge, avec des personnalités fortes. Mike Maignan est l'une d'entre elles. Le sport est fondamental dans la vie et la société, avec un pouvoir éducatif à ne pas sous-estimer. Le voir gangréner par le racisme, ça me brise le coeur.

AFDT : Oui. Il a vu les mauvais côtés, mais les bons sont bien plus nombreux. Nous sommes une ville cosmopolite, multiculturelle et multireligieuse.

AFDT : Jamais de manière aussi éclatante. Pour revenir à l'Udinese, c'est un club qui a toujours eu une majorité de joueurs étrangers. Dans l'effectif de cette saison, il y en a 23. La ville a toujours été habituée à vivre avec différentes nationalités. L'épisode Maignan est grave et doit être combattu de toutes nos forces. Le temps des paroles est fini.

AFDT : Nous y avons pensé avec mes équipes. Nous voulions qu'il revienne à Udine dans de meilleures conditions. Alors, la question était la suivante : 'Que pouvons-nous lui donner quand il reviendra ?'. Et la réponse naturelle a été la citoyenneté d'honneur en symbole de son courage et sa force de dire non au racisme.