Serie A | Du PSG à la Roma, le cauchemar de Renato Sanches

Et soudain, l'incompréhension. 63e minute du match entre Bologne et l'AS Rome, dimanche : le quatrième arbitre lève son panneau lumineux pour un changement côté romain, indiquant la sortie du numéro 20. Celui de Renato Sanches, pourtant entré en jeu à la mi-temps. Surpris, presque incrédule, le milieu portugais effectue alors un geste comme pour dire : "moi, vraiment ?". Oui, lui, vraiment. Alors que son équipe est menée de deux buts, celui qui est prêté par le PSG sort après seulement dix-neuf minutes de jeu, tête basse et regard dans le vide. Une fois fait le tour du terrain et arrivé jusqu'à son banc, il refuse la veste proposée par un membre du staff, avant de s'asseoir au dernier rang. Lui ne salue personne, et personne ne le salue. Pas même un coéquipier. José Mourinho, son entraîneur et compatriote, ne lui daigne pas un regard. Une scène d'une solitude extrême, et symbolique d'un joueur en pleine perdition.

"Je tiens à m'excuser publiquement auprès de Renato, s'est toutefois rattrapé le technicien après la rencontre. Mais je me suis senti de devoir de faire ce choix, je pensais que c’était le meilleur pour l’équipe. Je sais que c’est dur. Le remplacer après 18 minutes est une décision difficile pour le joueur, mais aussi pour l'entraîneur. J'ai fait cela trois ou quatre fois au cours de ma carrière. Je suis désolé pour Renato."

Pas certain que cela suffise à requinquer le moral de son joueur, déjà au plus bas depuis bien des mois. Toujours en délicatesse avec sa condition physique, le Portugais n'a disputé que 9 matches cette saison toutes compétitions confondues. Des bouts de match ici et là, pour un total de trois titularisations, 227 minutes au compteur et onze rencontres manquées sur blessure. La lumière est encore loin, le fond du tunnel aussi.

Bien conscient du potentiel de Renato Sanches, grand protagoniste du titre lillois en 2020-2021, la Roma, qui doit garder un œil à ses finances, avait décidé de saisir l'occasion au vol cet été. Tout en se protégeant, quand même, puisqu'il s'agit d'un prêt payant de 1 million d'euros. Si le milieu dispute 55% des matches, l'obligation d'achat est fixée à 11 millions d'euros. S'il joue plus de 75% des matches, elle passe à 14 millions. La probabilité que le PSG le récupère en fin de saison est donc plutôt élevée.

Mais au final, là n'est probablement pas le plus important. Selon le quotidien La Repubblica, l'intéressé souffrirait grandement de sa situation, bien conscient que ni le staff parisien, ni celui romain ne trouvent des remèdes à ses maux. Récemment, au détour d'une conversation avec son ex-coéquipier Jonathan Ikoné captée dans le tunnel du Stadio Olimpico avant Roma-Fiorentina, il aurait même lâché : "Quelqu’un m’a probablement jeté une malédiction".

Une petite phrase rapportée par TNT Sports qui irait dans le sens d'une information du quotidien généraliste et la possible consultation d'un marabout. Chose démentie par le milieu de terrain. "Je n'ai jamais dit que j'étais allé voir un sorcier, j'avais une bonne conversation avec mon ancien coéquipier (Jordan Ikoné). Nous avons échangé plusieurs sujets de conversation car nous avons toujours eu une bonne relation, et ce que j'ai dit c'est que peut-être quelqu'un m'a fait une malédiction ou quelque chose comme ça...", écrivait-il sur ses réseaux sociaux.

Malédiction ou non, personne ne semble comprendre son cas. "Je suis triste. Le Bayern Munich n'a pas compris, le Paris Saint-Germain n'a pas compris non plus et nous avons également du mal à comprendre", avouait Mourinho il y a quelques semaines. Avant d'en dire un peu plus sur les possibles difficultés de son joueur, dimanche : "Il a des cicatrices émotionnelles, des craintes et des peurs liées à ses blessures. Il travaille avec une faible intensité sur tout ce que nous faisons." Comme une sorte de cercle vicieux qui semble, pour l'instant, sans issue.

Fervent admirateur du joueur, Tiago Pinto, le directeur sportif de la Roma, avait lui-même fait le forcing pour le convaincre de signer cet été. En prenant publiquement les responsabilités d'un éventuel échec. "Tout ce qui n'ira pas avec Renato Sanches n’aura qu’un seul responsable : Tiago Pinto. Je suis obsédé par lui, déclarait-il. A Benfica, je voulais le prendre et je n’ai pas réussi, à Rome si. Il a eu des problèmes dans le passé, et s’il en a à l’avenir, ce sera de ma faute. Mais avec ce staff et avec ce coach, nous sommes capables d'extraire le meilleur de lui-même. C’est pourquoi nous avons conclu un contrat selon lequel s’il joue un certain nombre de matchs, nous devons l’acheter. Si ça va bien, nous serons tous heureux, et si ça va mal, je suis responsable car je suis conscient des risques. Je ne voulais pas rater l’occasion de l’amener ici."

Les notes du lendemain également. "Cela fait de la peine de voir un joueur comme lui entrer sur le terrain et sortir quelques minutes plus tard. Il a la course et l'intensité d'un ancien joueur", résumait La Gazzetta dello Sport dans son édition de lundi, le créditant d'un 5/10. Enfin, pour le quotidien romain Il Messaggero, le constat est encore plus limpide : "Sanches risque de disparaître définitivement des rotations de Mourinho". Et de conclure : "Dommage qu'une clause pour le renvoyer à Paris dès janvier n'existe pas".