Udinese - Inter | Florian Thauvin : "Ce n’est plus la peine de m’appeler, je ne décrocherai plus"

Doucement mais sûrement, Florian Thauvin retrouve des couleurs. Désormais titulaire avec l’Udinese, décisif, l’international tricolore estime avoir retrouvé son meilleur niveau après une période difficile à vivre pour lui, au Mexique. Pour TNT Sports, l’ancien joueur de l’OM se confie sur ses choix, ses doutes et sur le moment charnière de sa carrière, où rien ne s’est passé comme imaginé.

Florian Thauvin lors du match entre la Lazio et l'Udinese, en Serie A

Crédit: Getty Images

Florian Thauvin, comment vous sentez-vous personnellement et footballistiquement ?
Florian Thauvin : Je me sens très bien. Ça faisait très longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien. Plus le temps passe, plus j'améliore mes performances. Je sens que je progresse, j'ai retrouvé le niveau qui était le mien avant de quitter l'Europe. Je suis très heureux d'être revenu à ce niveau-là.
Il y a quelques semaines, vous avez évoqué l’hypothèse d’un retour en France. A ce moment-là, vous n’étiez pas titulaire à l'Udinese. Désormais, vous l’êtes. Cela a-t-il changé votre vision pour l’avenir ?
F.T. : La France, c'est un championnat important pour moi. Je suis français, et il ne me manque pas grand-chose pour atteindre les 100 buts en Ligue 1. Donc c'est vrai que j'aimerais revenir pour atteindre cet objectif. Mais ce qui est tout aussi vrai, c’est que je me suis ouvert un peu plus de perspective. Maintenant… pourquoi pas rester en Italie un peu plus longtemps ?
Suivez-vous toujours la Ligue 1 ?
F. T. : Je regarde tous les matches de Ligue 1 et plus particulièrement ceux de l'Olympique de Marseille.
Trouvez-vous que le championnat a évolué positivement depuis votre départ ?
F. T. : Oui, il est de plus en plus compétitif. Brest est en haut du classement et produit vraiment de belles choses dans le contenu. Ce ne sont pas seulement des victoires, il y a la manière. Ça montre que le championnat français est en train de progresser. Une équipe comme Brest, avec le budget qu'elle a… on ne l’attend pas à cette position. Et puis il y a toujours une locomotive de clubs qui performent. C'est un beau championnat.
Avez-vous des regrets vis-à-vis de votre carrière ? Y a-t-il des choses que vous auriez aimé faire autrement ?
F. T. : C'est toujours facile d'exprimer des choses après coup. Ce qui est certain, c'est qu'avec tout ce qui s'est passé, et l'expérience que j'ai accumulée, j'aurais fait des choses différemment. Je n'ai aucun doute là-dessus. Je me suis lancé un nouveau défi dans ma carrière et dans ma vie : revenir au plus haut niveau. Je suis en train de remplir cet objectif. C’est une très grande satisfaction.
On vous sent désormais très sûr de vous-même et de vos forces…
F. T. : J'ai vraiment vécu des moments difficiles ces deux dernières années. Je reviens de loin. Désormais, mentalement, je suis capable d'affronter les épreuves et d'en ressortir plus fort. Ça montre que le travail finit toujours par payer.
Comment expliquez-vous que votre aventure à l'OM se soit terminée ainsi ? Vous avez cartonné en Ligue 1. Et puis, vous terminez sur une fin de contrat, en partant au Mexique au pic de votre carrière…
F. T. : Ça faisait huit ans que j'étais à l'Olympique de Marseille. J’ai signé aux Tigres au mois d'avril 2021. J'étais libre depuis le mois de janvier. Je pense que la question contractuelle aurait dû être réglée bien avant. Pas au mois de janvier, mais un an ou deux ans auparavant. Voilà pourquoi j'ai fini par prendre cette décision ; j'étais un petit peu déçu de l'attitude de mes dirigeants. il y a eu un ras-le-bol. J’ai fait un choix que je ne regrette pas, mais qui n'était certainement pas le meilleur.
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Pendant longtemps, on s'est dit que vous finiriez dans un grand club européen. Finalement, ça n’a pas été le cas. Pourquoi ?
F. T. : La situation a traîné. Elle aurait dû être mieux gérée de la part de Jacques-Henri Eyraud. On aurait dû trouver une solution à ce moment-là, même si je pense que c'était déjà bien trop tard pour la trouver. Est-ce que j'aurais dû aller dans un grand club ? Certainement. Je pense que je le méritais. J'ai enchaîné trois saisons à plus de 15 buts, idem avec les passes décisives, et j'étais parfois très au-dessus de ce seuil. Mais ça ne s'est pas fait. C'est aussi pour ça que je me suis posé des questions et que j'ai eu envie de vivre autre chose.
Les grands clubs européens vous ont-ils boudé ?
F. T. : Je n'en sais rien. Il faut poser la question aux dirigeants de ces clubs. Ce que j'ai réalisé durant trois saisons de suite, certains joueurs ne l'ont fait que pendant six mois avant de partir dans des grands clubs. Moi, j'ai été régulier, international français, champion du monde… Mais ça ne s'est pas fait, c'est comme ça. je n'ai pas de regrets. Ça fait partie de ma carrière. Ce qui est important pour moi aujourd'hui, c'est de démontrer que je suis de retour et que je suis beaucoup plus fort qu'avant, malgré ce que certains ont pu penser pendant longtemps. Et ça, c'est ma plus belle revanche.
Avez-vous de l’amertume ?
F. T. : Non, il ne faut pas en avoir parce que ça instaure un climat négatif en soi. La seule chose qui m'a fait mal, c'est qu'en ayant passé neuf ans en Ligue 1, et en ayant été performant, personne ne m'a tendu la main quand je suis revenu du Mexique. Ça, c'est quelque chose que je n'ai pas trouvé normal. Et ça a vraiment été difficile à digérer.
Trouvez-vous qu’il y a eu de l'injustice autour de vous ? On vous a reproché beaucoup de choses à Marseille alors que le club n'a pas été irréprochable non plus…
F. T. : Ça fait partie de la vie d'un footballeur. Ce n'est jamais linéaire. Il n’y a que 15 ou 20 joueurs au monde qui ont une carrière linéaire, toujours en phase ascendante. Tous les autres, ce sont des sportifs de haut niveau mais avec des hauts et des bas. L’injustice… Evidemment que j’en ai subie. J’aurais aimé que beaucoup de choses se passent différemment, mais c'est l'aventure d'un sportif de haut niveau. Il ne faut pas rester focalisé sur ça. J'ai 31 ans, je suis au top de mes capacités. On voit des joueurs qui jouent au très haut niveau dans des très grands clubs jusqu'à 35 ou 36 ans, y compris au Real Madrid. Mon objectif est de performer sur les quatre ou cinq dernières années qui me restent.
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Comment expliquez-vous que votre relation avec les supporters marseillais n’ait jamais été fusionnelle, comme ça a pu l’être avec d’autres joueurs ?
F. T. : Moi, je considère qu’elle l’a été. Disons qu'on ne m'a pas fait de cadeau. Il y a des joueurs pour lesquels c'est différent, c'est comme ça. Au XXIe siècle, à Marseille, je ne sais pas combien de joueurs ont fait mieux que moi. Je ne sais même pas s'il y en a un. Finalement, ce qui reste et ce qui parle, c'est la réalité du terrain.
Quel regard portez-vous sur l’OM de Pablo Longoria aujourd’hui ?
F. T. : Pablo Longoria, c'est un dirigeant fantastique. Je l'ai connu avant même qu'il arrive à Marseille. il était à Valence et il me voulait à ce moment-là. Il regarde tous les matches, il regarde tous les joueurs de chaque équipe, que ce soit le groupe pro ou ceux qui évoluent dans les équipes de jeunes. Il connaît extrêmement bien le football parce qu'il est passé par des grands clubs. Il connaît parfaitement le milieu. C'est quelqu'un d'ultra performant. Il a tout fait pour moi, je sais qu'il a voulu que je prolonge à la fin. Ça ne s'est pas fait parce que j'ai pris une autre décision. J’avais un peu d'amertume à ce moment-là vis-à-vis des anciens dirigeants et de certaines choses qui me sont arrivées au club. Aujourd'hui, je ne suis pas très en phase avec l'attitude que j'ai eue vis-à-vis de Pablo Longoria. Mais je me suis excusé auprès de lui, il le sait. je lui souhaite tout le meilleur parce que c'est un très grand dirigeant.
Êtes-vous encore très attaché à l’OM ?
F. T. : L'OM, c'est un club particulier. Même les joueurs qui n'y restent qu'un an s’y attachent forcément. Pour la simple et bonne raison qu'on y vit quelque chose de fort. J'y ai passé huit ans de ma carrière. L'OM, c'est de l'amour, c'est comme ça. Quand tu vas à Marseille, il se passe quelque chose de différent. J'ai toujours été attaché à l'OM et je le serai toujours. Je serai éternellement lié à ce club parce qu’il fait partie de ma vie. Huit ans, c'est énorme dans une carrière donc je garderai forcément un attachement particulier.
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Cela veut dire que, comme Dimitri Payet, vous ne vous voyez pas jouer un dans un autre club de Ligue 1 ?
F. T. : Je vais être très honnête et dire ce que je pense : j'ai eu cette vision là aussi. Mais ça a changé. Pourquoi ? Car quand tu lances ta carrière et que tu es performant, tout le monde te tend la main. Mais le jour où tu l'es un peu moins, où tu traverses une situation difficile, tout le monde te tourne le dos. Avant toute chose, je suis un sportif de haut niveau et mon objectif est d'être compétitif. Donc je ferai ce qu'il faut pour ma carrière et pour être compétitif. Ce qui est certain, c'est que je n'irai pas dans un club rival. Mais si j'ai l'opportunité d'aller dans un club de Ligue 1 qui me permette d'être compétitif, je le ferai.
On sent que vous avez vraiment été touché par le fait que certains ne vous aient pas tendu la main…
F. T. : (Il répond du tac au tac). Oui. Oui. Et je ne l’oublierai pas.
Comment avez-vous traversé cette période-là psychologiquement ? Vous êtes-vous entouré ?
F. T. : Je suis resté auprès de mes proches, de ma femme et de mon fils. Je ne vais pas mentir, le téléphone n'a pas beaucoup sonné ces dernières années. Depuis que je suis de nouveau titulaire à tous les matches, que je recommence à marquer et à être décisif, il resonne. Mais ce n'est plus la peine de m'appeler parce que je ne décrocherai plus.
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