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Monza, le nouveau pari gagnant de Silvio Berlusconi

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 07/07/2020 à 10:29 GMT+2

SERIE B - Officiellement racheté par Silvio Berlusconi en septembre 2018, le club de Monza a retrouvé la Serie B après une attente longue de presque vingt ans. Aux côtés d'Adriano Galliani, son fidèle bras droit, et Christan Brocchi, son protégé sur le banc, le "Cavaliere" a réussi son pari. Cap désormais sur un rêve devenu objectif : la Serie A.

Il Monza di Berlusconi sul New York Times

Crédit: Eurosport

Entre la Villa San Martino, fameuse demeure de Silvio Berlusconi depuis plus de quarante ans, et le Stade Brianteo, où évolue le Monza Calcio depuis 1988, il y a précisément 7,4 kilomètres. Un peu trop long pour la parcourir à pied, certes, mais idéal pour une jolie balade en vélo. Le 14 octobre 2018, l’ancien Premier ministre italien, âgé de 83 ans, n'avait opté pour aucune des deux solutions. Pour sa grande première au Brianteo, il ne pouvait se permettre d’être en retard. Car oui, quelques semaines auparavant, le Cavaliere avait décidé de racheter officiellement le club de Monza, mis en vente par la famille Colombo après plusieurs saisons décevantes.
Le tout, évidemment, aux côtés de son fidèle bras droit, Adriano Galliani. Depuis les années 80, les deux hommes marchent main dans la main, dans les affaires comme dans le football. Ce duo indissociable, qui a tout gagné avec l’AC Milan de 1988 à 2017 (dont notamment cinq Ligue des champions), n’a pu s’empêcher de repartir au combat.
"Monza, c’était un choix romantique, un acte d’amour de Berlusconi, expliquait Galliani après l’annonce officiel du rachat. Il a voulu faire quelque chose pour un territoire où il vit depuis les années 70. Depuis sa villa, on aperçoit les lumières du stade. Quand je l’ai prévenu, en septembre 2018, que le club était en vente, il m’a dit de foncer." Dans la foulée, les négociations commencent. Et elles se bouclent rapidement pour une somme estimée à 2,9 millions d’euros. Forcément, l’opération a une grande raisonnance en Italie, où Silvio Berlusconi reste un acteur majeur de la vie politique. A distance d’un peu plus d’un an de la vente de l’AC Milan (avril 2017), le Cavaliere a décidé de se remettre en selle à Monza. Une opportunité qu'il ne pouvait pas laisser passer.

Des joueurs "italiens, bien coiffés et sans tatouage"

"Pour toute la ville, ce fut un grand bonheur, nous raconte Filippo Antonelli, le directeur sportif de Monza, présent au club bien avant l’arrivée de Silvio Berlusconi. Après plusieurs années difficiles, il y a eu cette possibilité de faire une équipe de très haut niveau. Et c’est forcément une chose très belle pour ce club et ses tifosi." Peu de temps après son arrivée à la tête du club de la Brianza, le duo Berlusconi-Galliani ne chôme pas. Le 22 octobre, Christian Brocchi est intronisé au poste d’entraîneur.
Vrai protégé du Cavaliere, qui l’avait d’ailleurs propulsé sur le banc de l’AC Milan au crépuscule de la saison 2015-2016, l’ancien milieu de terrain a pour mission (immédiate) de gravir un échelon pour remonter en Serie B. Avec deux impératifs fixés par son président. Le premier, c’est d’utiliser le 4-3-1-2, son schéma préféré depuis une vingtaine d’années. Les anciens entraîneurs de Milan pourraient d’ailleurs en témoigner. Le deuxième, c’est de n’avoir dans son effectif que des joueurs "italiens, bien coiffés, sans tatouage, barbe et boucles d’oreilles".
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Silvio Berlusconi

Crédit: Imago

"C’était une façon de dire que Monza doit avoir des joueurs corrects et avec des valeurs", résume Filippo Antonelli, qui prend en compte les recommandations de son président lorsqu’il part en quête de nouvelles têtes pour son effectif. Rapidement, les performances de Monza sont suivies de près par les observateurs, bien curieux de savoir ce que concocte encore l’infatigable Silvio Berlusconi.

La Serie A, le vrai objectif

Avec un budget bien supérieur à ses concurrents de troisième division, le club lombard se renforce à chaque mercato. Une pièce après l’autre, le puzzle commence à prendre en forme. Et après une première saison terminée à la 5e place de son groupe, la délivrance : le lundi 8 juin 2020, et alors que la saison est interrompue en raison de la pandémie de Covid-19, le Conseil fédéral de la Fédération italienne de football acte la promotion de l’équipe rouge et blanche, tranquillement en tête avant la pause forcée (16 points d’avance sur le deuxième). Presque 19 ans jour pour jour après son dernier match en Serie B, le 10 juin 2001 face à la Pistoiese, Monza était donc officiellement de retour en deuxième division italienne.
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Monza

Crédit: Eurosport

"Je n’avais aucun doute, assurait Silvio Berlusconi au quotidien Il Cittadino di Monza e della Brianza le 11 juin dernier. La mission est accomplie. Mais maintenant, l’objectif devient la Serie A. On va monter une équipe pour y accéder dès la saison prochaine." Pas du genre à se satisfaire, le Cavaliere vise donc plus haut. Toujours plus haut. En réalité, depuis le début de cette nouvelle aventure, il ne rêve que d’une chose : un derby entre Monza et Milan, les deux équipes "de son coeur", en Serie A. Dans son histoire, le club de la Brianza n'y a jamais joué.
"L’objectif, c’est la première division, assure d’un ton ferme le directeur sportif. Il ne faut pas oublier que notre propriétaire a tout gagné avec l’AC Milan. Il sait comment bâtir une équipe pour remporter des succès. On veut arriver en Serie A et en devenir une équipe solide. Depuis son arrivée, tous les chiffres ont augmenté (billetterie, sponsors...). L ‘enthousiasme ne cesse de grandir", nous confie-t-il. Et avec un dirigeant comme Adriano Galliani dans l’organigramme, c’est tout de suite plus simple. Connu et reconnu dans le monde du football, celui qu'on surnomme le "Condor" n’a plus besoin de présentation. Pour lui, revenir à Monza, c’était comme retourné la case départ.

Un budget de 30 millions d'euros ?

Avant de tout glaner avec l’AC Milan, il était en effet dirigeant du club de sa ville, celle où il est né, pendant dix ans (1975-1985). "C’est un monstre sacré du football. Il a des milliers de contacts qui peuvent permettre de multiplier les opportunités. On parle d’une vie entière consacrée au football. Son expérience est précieuse pour tout le monde", reconnaît Filippo Antonelli, qui confirme disposer d’un "budget important" pour le prochain mercato. Il n’exclut d’ailleurs pas d’en consacrer une partie sur le marché français. "Je me suis récemment rendu en France, révèle-t-il. Je suis allé voir plusieurs fois des matches de Ligue 2, de troisième division aussi... Ce sont des championnats que nous suivons".
Le 8 juin dernier, La Gazzetta dello Sport évoquait une enveloppe de 30 millions d’euros pour le prochain marché des transferts. Pour viser l'élite, encore faut-il s’en donner les moyens. Avec Silvio Berlusconi, dont la fortune personnelle était estimée à 6,8 milliards d’euros en 2018 par le magazine économique américain Forbes, Monza a le droit d'y rêver. Mais surtout d'y croire.
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Cristian Brocchi con il suo staff e Adriano Galliani, ad del Monza

Crédit: Twitter

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