Après le but de Romano Mussolini, les célébrations étaient-elles vraiment fascistes ?
ParPaul CITRON
Mis à jour 25/12/2024 à 18:41 GMT+1
Toute l'Italie s'est embrasée ce dimanche 23 décembre lorsque Romano Mussolini, arrière-petit-fils du dictateur fasciste Benito Mussolini, a marqué avec la Juve Stabia contre Cesena en Serie B. Son but avait été accueilli par la tribune avec des saluts de la main d'abord interprétés comme fascistes, en référence au patronyme du joueur. Mais plusieurs éléments mettent en doute cette hypothèse.
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Video credit: Eurosport
Au premier regard, la scène fait froid dans le dos. Quand Romano Floriani Mussolini, arrière-petit-fils du dictateur homonyme Benito Mussolini, a donné l'avantage à la Juve Stabia à la 21e minute du match de la 18e journée de Serie B qui l'opposait à Cesena, la tribune s'est levée pour saluer son héros. Avant de lui adresser une flopée de bras tendus en l'air, qui ont vite rappelé ses pires heures à toute l'Italie.
D'abord interprétés par la presse comme une référence claire au fascisme, et aussitôt dénoncés par plusieurs personnalités politiques dans toute l'Europe, il se pourrait pourtant que ces saluts n'aient rien d'une référence à l'idéologie politique portée par l'ancêtre du buteur. Reprenons tout depuis le début.
Un lourd passé familial
Pour commencer : Romano Floriani Mussolini a déjà été interrogé par la presse italienne sur son arbre généalogique, aux racines plus lourdes à traîner que d'autres. "Mon arrière-grand-père Benito a été un personnage très important en Italie, mais nous sommes en 2024 et le monde a changé", a confié le joueur de 23 ans à la Gazzetta dello sport en novembre dernier. Face aux réactions, le footballeur a choisi l'indifférence. "J'ai fréquenté une école anglaise pour éviter une école italienne où j'aurais attiré davantage l'attention. (...) Il y aura toujours des préjugés, mais mon travail n'a rien à voir avec cela et cela ne m'importe pas."
La mère du joueur, Alessandra Mussolini, est une députée européenne classée à droite de l'échiquier politique transalpin. Jusqu'ici, le joueur explique ne pas vouloir prendre position, et entend assumer son nom de famille comme n'importe quel autre. C'est pour cela qu'il a choisi de le porter sur le dos de son maillot, chose qu'il ne faisait pas à la Lazio Rome où il a été formé. Il est actuellement toujours lié au club romain, par ailleurs connu pour avoir des supporters d'extrême-droite, puisqu'il est prêté cette saison à la Juve Stabia.
Le club de Serie B a justement publié un communiqué lundi, contestant l'interprétation faite par la presse internationale. "La Juve Stabia est d'une tranquillité absolue puisque depuis 117 ans qu'un but est marqué à Castellammare (...), le public lance le bras au ciel en signe de célébration, a indiqué le 4e de Serie B, dont une frange des supporters partage d'ailleurs des valeurs antifacistes. Le but de Romano Mussolini contre Cesena est le 10e du championnat à la maison, et comme toujours, le processus a été le même."
Une position que plusieurs spécialistes du football italien soutiennent, notamment Thierry Cros, ancien correspondant en Italie pour RMC. "C'est pareil dans tous les stades d'Italie. Cela n'a absolument aucun lien avec un geste fasciste", a-t-il avancé sur X. Une enquête a été ouverte ce lundi par la FIGC pour déterminer si oui ou non ces saluts faisaient directement référence au fascisme. "Les employés du parquet fédéral (de la FIGC) enverront un rapport sur l’incident, accompagné de documents vidéo, au juge sportif de la Ligue Série B pour qu’il se prononce", a indiqué à l’AFP la Fédération italienne. Romano Mussolini, lui, n'a pas réagi publiquement.
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Romano Floriani Mussolini (Juve Stabia).
Crédit: Getty Images
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