L'obsession de Cristiano

Il dit ne pas en faire une priorité. Mais dans un coin de sa tête, ce chiffre doit sûrement le hanter. Ou le booster. Ce chiffre ? Quel chiffre ? Cent, tout rond. Cristiano Ronaldo peut franchir cette barre symbolique mercredi soir. Rien de plus "simple": il suffit à l'attaquant madrilène de marquer face au Barça, lors de la finale retour de la Supercoupe d'Espagne. Un but qui serait son tout premier au Camp Nou, dans l'antre du rival catalan. Un but que le Real, accroché à Bernabeu dimanche (2-2), se doit de marquer pour inverser la tendance. Mais un but qui serait, surtout, le centième de Ronaldo sous le maillot merengue. Depuis son arrivée au Real, en juillet 2009, le Portugais affole les compteurs. Faîtes les comptes : 66 buts en Liga + 8 en Copa del Rey + 13 en Ligue des Champions + 12 en match amical = 99 buts. Le tout en seulement 112 matchs !

Il y a encore quelques mois, cette chasse au 100e but aurait obsédé Ronaldo. Mais il a, paraît-il, changé. Puisque Karim Benzema est désormais le goleador en chef, CR7 la joue plus collectif. Moins perso. "Je vais essayer de faire une bonne saison mais je ne pense pas aux records de l’an passé, assurait l'ancien Mancunien durant la tournée estivale du Real. Je veux donner le meilleur et essayer de gagner des titres. C’est ce pour quoi nous travaillons."

Dimanche, à Bernabeu, Ronaldo s'est davantage signalé par son travail défensif, précieux sur le côté gauche, que par ses accélérations tranchantes. Comme pour matérialiser sa mutation. Comme pour prouver que son étiquette de star capricieuse est usurpée. "Il faut apprendre à connaître les gens, avant de les juger, insiste Sami Khedira sur le site de la Fifa. Sur le terrain, c'est un joueur spectaculaire, mais certains préfèrent voir en lui un provocateur. Je peux néanmoins vous affirmer que, dans les vestiaires, il ne se comporte pas comme une diva. Il est toujours très poli et très respectueux de ses interlocuteurs. Cristiano est quelqu'un de très serviable, mais aussi de très ambitieux."

Car si le Pichichi de la Liga 2010-2011 s'est mis au service du collectif, sa soif de vaincre, elle, reste intacte. "Cristiano est toujours Cristiano, tempérait José Mourinho en juillet. Il a de l'ambition. Il donne toujours du courage à l'équipe et la joie à ses supporters. Je sais qu'il désire la victoire. Cristiano a une grande détermination qui le pousse toujours vers l'avant. C'est juste ce dont on a besoin." Le 20 avril, Ronaldo avait endossé le costume du héros en finale de la Coupe du Roi (1-0). Cette fois, il se contenterait volontiers de soulever la Supercoupe d'Espagne. Quitte à ce que son compteur reste bloqué à 99 buts. L'obsession du Portugais tient en ces mots : "Si on joue comme au match aller, on peut gagner à Barcelone."