Le Barça a du retard

Cent deux jours. Cent deux jours que le Barça et le Real n'ont pas croisé le fer. A l'échelle d'un football espagnol abreuvé de Clasicos en 2011, ça ressemble presque à une éternité. Dimanche soir, Santiago-Bernabeu sera le théâtre d'une nouvelle guerre des étoiles. Episode IV. Le géant catalan est sorti indemne des trois précédents. Cette fois, le match aller de la Supercoupe d'Espagne lui prédit une mission autrement plus ardue.

En ce 13 août, les armes du Real semblent plus affûtées que celle du Barça. Samedi, Pep Guardiola ne cherchait "pas d'excuses" en conférence de presse. "Nous sommes en retard dans notre préparation et il nous manque des joueurs, convient le coach blaugrana. Nous devons accélérer." Mais la semaine dernière, Guardiola disait ceci : "Nous savons que nous sommes un peu justes. Les jambes et le physique ne sont pas encore là. Les Madrilènes sont mieux rôdés, ils ont joué tous ensemble depuis le début de leur préparation." Les chiffres ne lui donnent pas totalement tort. Le onze-type présumé de José Mourinho a déjà 3882 minutes communes dans les pattes. Celui de Guardiola ? Seulement 2414 minutes.

Depuis la finale de la Ligue des champions, remportée le 28 mai face à Manchester United (3-1), les étoiles catalanes n'ont pas eu le temps de souffler. Retenus par la Copa America, Lionel Messi et Dani Alves rentrent tout juste de vacances. Ce qui n'a pas empêché le latéral brésilien de tenir toute la rencontre face à l'Allemagne, mercredi (2-3).

Le Real, lui, est au complet depuis bientôt deux semaines. Depuis les retours de ses deux Argentins, Angel Di Maria et Gonzalo Higuain. A Madrid, Cristiano Ronaldo (390 minutes), Karim Benzema (436), Mesut Özil (389), Pepe (351) et Xabi Alonso (329) ont déjà un temps de jeu conséquent derrière eux. A Barcelone, seul Xavi a joué un match de préparation dans son intégralité. Touché à un mollet, le stratège espagnol est incertain pour le Clasico de dimanche. Au même titre que Piqué et Busquets.

Pour justifier une telle hécatombe, Guardiola n'hésite pas à fustiger une tournée estivale éreintante, davantage tournée vers la promotion commerciale que la préparation pure. En juillet, les Barcelonais ont partagé leur temps entre l’Europe et les Etats-Unis. Après la Croatie et l’Allemagne, ils se sont envolés pour l’Amérique du Nord. 24447 kilomètres au compteur. Pour un bilan mitigé de trois victoires, deux nuls et trois défaites. "Avant, explique Guardiola, nous faisions des stages. Désormais, nous faisons des tournées. Il faut nous adapter. Ici (aux États-Unis), tu ne peux rien faire, tu étouffes. Il y a deux ans, nous étions dans un endroit où il y avait 10 degrés de moins et les choses n’ont rien à voir."

Sauf que dans le même temps, le Real s'est également offert un tour du monde. De la Californie, à la Chine, en passant par l'Allemagne et l'Angleterre, les Merengue ont parcouru 47807 kilomètres. En vingt-sept jours. Le bilan madrilène est nettement plus probant que celui de son rival catalan : sept victoires en sept rencontres et vingt-sept buts marqués pour cinq encaissés. L'opposition était, il est vrai, d'une faiblesse absolue. Mais la Casa Blanca a ainsi fait le plein de confiance. Victor Valdes "ne (se) préoccupe pas de savoir si une équipe est meilleure que l'autre". "Une finale est une finale, insiste le gardien barcelonais. Et on sait que cette double confrontation va se jouer sur des petits détails." Le Real n'en a négligé aucun.