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Daniele De Rossi à Boca Juniors et sa Bombonera : le transfert le plus romantique de l'été

Thomas Goubin

Mis à jour 30/07/2019 à 08:58 GMT+2

MERCATO - A 36 ans, Daniele De Rossi a décidé de vivre un dernier frisson en Argentine. Econduit par la Roma, le grand amour de sa vie, le champion du monde 2006 a vu Boca Juniors lui tendre les bras. Un choix guidé par la passion que représente encore le club argentin, pourtant bien loin de sa gloire d'antan.

Daniele De Rossi

Crédit: Getty Images

Daniele De Rossi n'a pas été déçu. La ferveur qu'il est venu chercher en Argentine, il l'a trouvée dès ses premiers pas à Buenos Aires, escorté dans le hall de l'aéroport d'Ezeiza par une horde de journalistes et de supporters de Boca Juniors. C'était mercredi dernier. Il était 6h du matin. "C'était encore plus impressionnant que ce à quoi je m'attendais", lâchait-il, une fois à l'abri du tumulte, dans la voiture envoyée par le club. Joueur étendard de l'AS Roma, De Rossi a toutefois toujours nourri une fascination pour les Xeneizes. "Depuis petit, j'aimais Boca Juniors, pour Maradona, et pour le stade dont je suis tombé amoureux", avait-il déclaré bien avant de débarquer sur les rives du Rio de la Plata.
Si la Roma avait renouvelé son contrat, De Rossi n'aurait toutefois sans doute jamais mis les pieds en Argentine, mais plutôt que de poursuivre sa carrière dans un autre club italien ou d'opter pour un dernier contrat juteux en Chine ou aux Etats-Unis, l'emblématique giallorosso a opté pour la Bombonera. Autrement dit, pour la ferveur de cette cocotte minute bleue et jaune, ses tribunes obliques, et la transe de ses supporters, si intense qu'elle fait trembler le terrain.
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Boca Juniors - De Rossi arrive en rockstar en Argentine

En son temps, Roberto Baggio avait, lui aussi, confié en pincer pour Boca. Devant son poste de télévision, l'ex-numéro 10 de la Squadra Azzurra avait été émerveillé par le spectacle des tribunes de la Bombonera, un jour où Boca était pourtant mené 3-0. Un soutien inconditionnel, quelque chose de l'ordre de la foi. "Pour nous, que tu portes le maillot de Boca, c'est comme San Gennaro qui liquéfie le sang", a d'ailleurs déclaré Diego Maradona dans un message de bienvenue à De Rossi, en se référant au saint patron de la ville de Naples.
Je ne voulais pas être dans un endroit où le feu s'éteigne
Amoureux platonique de Boca Juniors depuis ses jeunes années, De Rossi n'est toutefois pas arrivé à Buenos Aires guidé par ses seuls sentiments. Nicolas Burdisso fut ainsi l'homme clé de ce transfert qui a étonné le monde. Ex-coéquipier de l'Italien à la Roma, le directeur sportif de Boca a su trouver les mots pour convaincre le milieu défensif de réaliser un chemin habituellement réservé aux vétérans argentins, à l'instar de Lisandro Lopez qui vient d'être sacré champion d'Argentine avec le Racing. "Il n'y avait pas besoin de me promettre des installations de science-fiction, moi je veux simplement jouer au football" a commenté lundi, l'ex-lieutenant de Totti, lors de sa conférence de presse de présentation.
"Le football me dévore, a-t-il aussi confié, et je ne voulais pas être dans un endroit où ce feu s'éteigne". Bien que surprenante en apparence, il y a finalement quelque chose d'assez évident dans cette union entre l'Italien et le club crée par des immigrés génois. Pas pour une simple histoire de cousinage, mais surtout parce que Boca incarne de manière paroxystique la passion et l'aguante, cette défense des couleurs coûte que coûte.
On pourrait dire la même chose de Daniele De Rossi, ce milieu de terrain dur au mal resté fidèle à son club de cœur malgré moult offres alléchantes reçues tout au long d'une riche carrière si pauvre en titres (deux Coupe d'Italie et une Supercoupe avec l'AS Roma). "C'est un joueur qui sait mettre le pied quand il le faut et qui joue avec une grande personnalité, et c'est exactement ce qu'aime Boca", estime d'ailleurs Leandro Paredes milieu du PSG et ex-coéquipier de De Rossi à la Roma, interviewé par TyC.
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Daniele De Rossi

Crédit: Getty Images

Une émotion qu'aucun gros contrat n'achète

Pour le champion du monde 2006, entrer à la Bombonera avec la tunique xeneize, c'est se donner le privilège de vivre une émotion qu'aucun gros contrat n'achète. Pour les fans de Boca, son arrivée est une reconnaissance de la grandeur de leur club, même s'il n'en reste aujourd'hui que des oripeaux. Le pouvoir d'attraction de Boca et les convictions argentines sur l'importance du club supporté par la moitié du pays conduit d'ailleurs fréquemment à voir naître des rumeurs un peu folle. Au début de l'été, c'est un autre italien champion du monde, Gianluigi Buffon, qui avait ainsi été envoyé à la Bombonera.
Plus récemment, des media argentins relayaient une approche de Nicolas Burdisso pour convaincre André-Pierre Gignac, autre européen d'Amérique, de venir vivre "la folie" xeneize. Une expérience bien plus intense mais aussi plus oppressante que ce que peut vivre un footballeur au Mexique. "Qu'on ne lui rende pas la vie impossible, comme à moi, a d'ailleurs imploré Dani Osvaldo, ex-coéquipier de Rossi à la Roma, et ex-Bostero, alors que l'arrivée du joueur de 36 ans génère une euphorie certaine.
De Rossi a signé un contrat pour une saison. L'Italien vient notamment jouer la Copa Libertadores, la Ligue des champions d'Amérique du sud, vidée d'une trop grande partie de son talent par la puissance économique européenne, mais qui continue de passionner le continent qui a vu surgir Pelé, Maradona, ou Messi. Là encore, c'est la mythologie de son sport qui a attiré De Rossi. Car quoi de mieux que de défendre le maillot de Boca, le club de Maradona, dans une compétition qui a sacré Pelé, Zico, Francescoli, ou Riquelme ?
Le barbu Italien ne jouera évidemment pas gratuitement (un salaire mensuel de 500 000 euros a été évoqué), mais son transfert respire pourtant davantage la transpiration que les millions. "En Italie, Daniel De Rossi est peut-être le dernier symbole d'un football qui n'existe déjà plus, a ainsi écrit le journaliste italien Giacomo Iacobellis dans une tribune publiée par le quotidien argentin Olé, celui des drapeaux et des cœurs, et pas celui du portefeuille, et sa décision de terminer sa carrière à Boca est la confirmation de cela … De Rossi veut continuer de vivre de grandes émotions et d'en générer". Et quoi de mieux que de le faire à la Bombonera, dans ce Colisée sud-américain prêt à adorer son gladiateur romain.
Daniele De Rossi
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