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Pourquoi le mercato ne sauvera pas les clubs français, bien au contraire

Martin Mosnier

Mis à jour 28/03/2020 à 12:02 GMT+1

LIGUE 1 - Confrontés à une crise économique majeure suite à la pandémie de coronavirus et à la suspension du championnat, les clubs de l'élite auraient pu se refaire une santé, comme chaque été, en vendant leurs meilleurs joueurs. Malheureusement, cette année, le mercato ne jouera pas les bouées de sauvetage. Il pourrait même plomber certains pensionnaires de l’élite.

Les recrues de l'AS Monaco présentées à Louis-II le 21 août 2019.

Crédit: Getty Images

En Ligue 1 plus qu’ailleurs, le mercato est une bénédiction. La Ligue des talents est avant tout celle des talents fuyants qui savent monnayer leurs services à l’étranger. "La Ligue 1 est un formidable centre de formation pour le reste de l’Europe", nous confiait Claude Puel, le coach des Verts en début d’année.
De Saint-Etienne à Lille, de Monaco à Angers, de Bordeaux à Nice, le mercato est une formidable occasion pour les clubs de Ligue 1 de vendre au meilleur prix leurs plus beaux joyaux, de combler les dettes et de boucler les budgets pour satisfaire la DNCG. "Juste un chiffre : l'an dernier, le football français a généré des plus values sur les mutations à hauteur de 740 millions d'euros, ce qui lui permet de bien équilibrer ses comptes ou de mieux le faire par rapport un résultat d'exploitation qui était moins 835 millions d'euros", nous renseigne l'économiste Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de Droit et d'Economie du Sport de Limoges. "Si vous n'avez pas ces revenus liés aux cessions de joueurs, je pense que vous allez avoir des exercices comptables très compliqués."
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Tolisso Bayern München 2017 - from official website

Crédit: Eurosport

Confrontée à une crise économique majeure dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences, la Ligue 1 risque de perdre entre 300 et 400 millions d’euros si le championnat ne reprenait pas suite à la pandémie de coronavirus. Le mercato, habituel poule aux œufs d’or du foot français, pourrait-il remettre tout le monde d’aplomb ? "Il ne faut pas rêver", tranche tout de suite Nicolas Holveck, le nouveau président du Stade Rennais. "Le mercato va être affecté. Tout le monde devra panser ses plaies et être prudent par rapport à ses investissements." Même son de cloche chez son homologue d’Amiens, Bernard Joanin : "Le mercato aurait dû jouer un rôle important mais les acheteurs auront moins d’argent."
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Caïazzo sur la possible annulation de la L1 : "Ça pourrait envoyer un tiers des clubs en faillite"

Comme un mercato d’hiver avec prêt et petits mouvements
Si la France entière tourne au ralenti, le mercato n’échappe pas à la règle : "On sent que tout est à l’arrêt", témoigne Laurent Schmitt, agent sportif et observateur avisé du mercato. "Les priorités sont ailleurs, c’est normal. Généralement, les discussions reprennent à cette période. En ce moment, on entretient simplement le contact." Alors à quoi faut-il s’attendre pour l’été prochain ? Laurent Schmitt, qui connaît par cœur les mécanismes qui font tourner le mercato, a son idée sur la suite des évènements : "Il y aura tout de même des mouvements parce que les effectifs ont besoin d’être réajustés mais avec peu de circulation de fonds. Ce mercato d’été ressemblera à un mercato d’hiver avec beaucoup de prêts et de petits mouvements."
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Présentation de Neymar au PSG

Crédit: Getty Images

Une bonne nouvelle pour le PSG qui pourra conserver un an de plus Neymar ou Kylian Mbappé ? "Pas forcément, le marché des grands joueurs est à part et s’ils veulent partir, ils trouveront toujours un point de chute", continue Schmitt. "Ce qui se passe actuellement n’empêchera pas Paul Pogba de partir de Manchester United si tel devait être le cas. Les stars bougeront mais avec moins de liquidités sans doute et avec plus d’échanges de joueurs." Hors de ce circuit doré en revanche, les transactions se feront plus rares et les revenus qui en découlent risquent de considérablement se réduire.

Monaco et Lille en première ligne ?

Parce que le mercato et l’économie réelle vont violemment se percuter comme nous l’explique Nicolas Holveck : "Les sponsors et les abonnés auront d’autres préoccupations que de revenir au stade. Ils penseront avant tout à boucler leur fin de mois, comme nous. Il ne faut pas rêver à un mercato magique et miraculeux qui va solutionner les problèmes de tout le monde." Le tarissement inéluctable des investissements n’impactera pas tous les clubs à la même échelle. Rennes, par exemple, est adossé à un actionnaire solide, la famille Pinault, et franchira, comme le PSG et pour les mêmes raisons, sans doute l’été avec moins de mal que d’autres.
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Victor Osimhen (Lille) félicité après son doublé face à Nantes

Crédit: Getty Images

Des clubs, comme Monaco, Lille, Amiens et désormais Bordeaux, ont misé toute leur stratégie de développement sur le trading de joueurs avec un fonctionnement d’une simplicité enfantine : acheter des jeunes joueurs, les faire progresser puis les revendre à prix d’or. Eux seront en première ligne si le mercato accouche d’une souris. A l’issue de la saison 2018-2019, les revenus issus des ventes de joueurs de l’ASM étaient ainsi deux fois supérieurs à ceux issus des droits télés. Ce modèle sera nécessairement fragilisé à court voire moyen terme et, avec un mercato atone, c’est sans doute une bonne partie du modèle économique de la L1 qu’il faudra revoir en urgence.
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