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Trois idées reçues sur Eric Cantona taillées en pièce par son biographe

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ParEurosport

Mis à jour 10/11/2013 à 15:06 GMT+1

Il y a vingt ans, il régnait sur la Premier League. A l'heure où la biographie signée Philippe Auclair est traduite en français, revisitons le mythe Eric Cantona.

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Crédit: Eurosport

Il est considéré par les fans eux-mêmes comme le plus grand joueur de l'histoire de Manchester United. Il est peut-être celui qui a le plus incarné la transformation brutale de la Premier League. Il y a vingt ans, Eric Cantona débutait avec MU une histoire d'amour légendaire qui s'achèverait brutalement en mai 1997. Le seul document d'envergure qui existait sur l'ex-joueur de l'OM, de Montpellier, de Nîmes ou de Leeds n'avait jamais été traduit en français. L'oubli vient d'être réparé avec la publication au Cherche Midi de Cantona, le Rebelle qui voulut être roi, traduction de la somme biographique de Philippe Auclair, journaliste français installé à Londres depuis un quart de siècle. Ce livre possède, entre autres vertus, celle de remettre en cause quelques-uns des clichés les mieux installés sur le natif de Marseille. Philippe Auclair en démonte trois ici.

1. "Ce n'était pas un homme d'équipe"

"Cantona, pas un homme d'équipe ? C'est l'inverse. Il a été un coéquipier modèle dans la plupart de ses clubs. On l'a toujours présenté comme un homme en lutte contre l'autorité, un homme qui ne pense qu'à lui, un loup solitaire. Toute la mise en scène publicitaire du personnage jouait aussi sur ce ressort, comme si Cantona n'avait pas intégré tout ce que le football peut avoir de collectif. Dans le jeu pur, Cantona est un joueur qui, s'il avait le ballon à 20 mètres du but, et 90% de chances de marquer, faisait la passe au partenaire si lui avait 91% de chances. Une qualité rare pour des attaquants de son niveau. Pendant mon enquête, des gens aussi différents que Di Meco, Olmeta, McAllister ou Giggs m'ont affirmé qu'il se fondait parfaitement dans le groupe. Il avait des moments où il se retirait, certes, mais il était capable de s'intégrer dans une aventure collective, comme à Montpellier, ou à Nîmes, son dernier projet en France, qui était un projet d'amitié avec Michel Mézy et où il se concevait comme un cadre au milieu de petits jeunes.

2. "Sa carrière en équipe de France a été un échec"

"Cela le rend furieux d'entendre cela. Il y a deux raisons à cette étiquette. 1. Le clash avec Henri Michel, dont on ne peut pas dire qu'il a été le plus grand sélectionneur de l'équipe de France. 2. Son clash avec les gens de la FFF au moment de sa suspension, même s'il y avait quelques imbéciles parmi les gens qui ont eu affaire à lui. Et bien sûr il y a le France - Bulgarie de 1993, dont il en est en partie tenu responsable alors qu'il a été à mes yeux éclaboussé. Je rappelle que pour un joueur qui n'était pas avant-centre pur, qui a joué à droite, en soutien, et au milieu, il possède un meilleur ratio de but par sélection que Zinédine Zidane, sans être un tireur de penalties. En 1993, certains décident de partir par la petite porte, comme Laurent Blanc (NDLR : qu'Aimé Jacquet ira rechercher). Cantona, lui, va voir Jacquet, propose ses services et devient capitaine."

3. "C'est un rebelle"

"Eric Cantona est un vrai rebelle et un faux rebelle. Vrai car il perd parfois le contrôle de lui-même. Il a une idée très forte de l'injustice, au point que ça en devienne parfois un défaut de perception, notamment dans l'application du règlement. Mais si c'était un vrai rebelle, aurait-il celle même relation avec Nike ? Serait-il un tel homme sandwich ? Il faut rappeler que, dans son départ de Manchester en 1997, il y avait des questions financières car le club avait surexploité son image sans le récompenser. Pour un rebelle, Cantona est quelqu'un qui n'est pas insensible à l'argent. Sa volonté de se mettre en scène avec Nike sans trop regarder ce que la marque représente est frappante. On ne peut pas dire que Nike corresponde à la sensibilité politique de Cantona."
Philippe Auclair, "Cantona, Le Rebelle Qui Voulait Etre Roi", Editions du Cherche Midi, 575 pages, 20 euros.
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