Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Varane, Pavard, Sidibé, Fekir - Pourquoi les champions du monde ont la gueule de bois

Martin Mosnier

Mis à jour 30/10/2018 à 10:14 GMT+1

EQUIPE DE FRANCE - Raphaël Varane, Presnel Kimpembe, Adil Rami, Benjamin Pavard : ils sont nombreux à ne pas avoir correctement digéré le titre de champion du monde. Après être montés si haut, la redescente leur a donné quelques sueurs froides. Retour sur un phénomène qui s'explique facilement.

Pavard, Varane, Sidibé et Fekir sont en grandes difficultés en ce début de saison

Crédit: Eurosport

L'état de grâce s'était prolongé à la rentrée. La grisaille automnale a refroidi les ardeurs à l'image d'un Dembélé rentré dans le rang à Barcelone après des débuts de feu en août. Les Bleus ont décroché la lune le 15 juillet dernier à Moscou et certains ont bien du mal à redescendre sur terre depuis. "Une bonne vieille gueule de bois", voilà comment un proche d'un champion du monde nous a résumé l'état dans lequel baigne quelques Bleus depuis plusieurs semaines désormais. Près de deux tiers des 23 héros de Moscou n'ont pas encore retrouvé toutes leurs sensations. En cette fin du mois d'octobre, on peut les diviser en quatre groupes distincts :
  • Ils sont blessés : Fekir, Umtiti, Tolisso
  • Ils sont en difficulté : Varane, Kimpembe, Pavard, Sidibé, Giroud, Lloris, Mandanda, Dembélé, Rami
  • Ils soufflent le chaud et le froid : Nzonzi, Areola, Mendy, Thauvin, Pogba
  • Ils continuent de cartonner : Mbappé, Griezmann, Lemar, Hernandez, Matuidi, Kanté
picture

Ousmane Dembélé

Crédit: Getty Images

Après avoir joué une Coupe du monde, Matysik s'est fait interner six mois…
C'est peu de dire que les Bleus, dans leur majorité, n'ont pas digéré leur sacre mondial. Raphaël Varane a traversé une semaine cauchemardesque avec le Real au cours de laquelle sa responsabilité est engagée sur trois buts dont deux penalties concédés. Benjamin Pavard, en grande détresse la semaine dernière avec Stuttgart, bon dernier de Bundesliga, est loin de son état de grâce estival alors qu'Olivier Giroud court après les buts et Djibril Sidibé après son meilleur niveau. Pour ne citer qu'eux.
Quelle mouche a bien pu les piquer ? Comment un Paul Pogba si régulier avec les Bleus durant un mois a-t-il autant pu perdre son influence à Manchester United à la rentrée ? "Si vous pensez que vous avez fait vos preuves, que vous n'aurez pas à faire autant d'efforts, cela ne fonctionnera pas", a prévenu Didier Deschamps dans les colonnes du Guardian au début du mois. "C'est dans les moments de grande victoire que vous commettez les erreurs les plus stupides."
picture

Benjamin Pavard (VfB Stuttgart)

Crédit: Getty Images

La fatigue physique et mentale

Pourquoi Rami et Mandanda, souverains l'an passé avec l'OM, ont-ils tant de mal à retrouver leurs esprits ? Pour eux, l'argument de l'usure physique ne tient pas : les deux hommes ont très peu joué, voire pas du tout pour le défenseur central, à la Coupe du monde. "Si on n'a jamais joué une Coupe du monde, on ne peut pas comprendre l'incroyable pression qui pèse sur les joueurs", nous a confié Lionel Charbonnier, champion du monde en 1998 sans jouer le moindre match. "Je me souviens de Waldemar Matysik, milieu d'Auxerre qui avait joué les Coupes du monde 1982 et 1986. Il m'avait prévenu avant la Coupe du monde. Lui est devenu complètement fou après avoir joué une Coupe du monde jusqu'à se faire interner six mois en maison de repos."
picture

CHARBONNIER_LIZA

Crédit: Eurosport

Ce n'est pas un effet de manche, la Coupe du monde peut rendre fou, faire perdre le sens des réalités. Charbonnier témoigne : "Il faut se rendre compte à quel point cette compétition te pompe de l'énergie. Tu es constamment sous tension nerveuse. Un moment, tu peux le payer." Comme Corentin Tolisso, l'ancien gardien d'Auxerre et des Rangers s'est rompu les ligaments croisés du genou quelques semaines seulement après sa victoire en Coupe du monde. Tout sauf un hasard pour lui : "Après notre réception à l'Elysée, trois motards m'ont escorté à l'aéroport pour que je m'envole pour Glasgow. Trois jours après, mon président voulait que je joue en me faisant bien remarqué que, comme je n'avais pas joué pendant le Mondial, je serai prêt. Quelques semaines plus tard, mon genou explosait. Que tu joues ou non, il n'y a rien de plus fatigant qu'une Coupe du monde."

Vivre avec un statut de légende vivante

Devenir champion du monde, c'est devenir immortel. Un statut qui implique de nouvelles responsabilités aux yeux des autres et une étiquette pas toujours facile à porter. "Tu n'as plus le doit de te louper", continue Charbonnier. "Et tout le monde attend ton moindre faux-pas pour se payer un champion du monde. Que ce soit tes adversaires ou les médias. C'est ce qui s'est passé avec Hugo Lloris, la presse anglaise était ravie de l'épingler pour son écart de conduite. Il faut être très costaud dans sa tête, bien entouré pour s'en relever sans encombre."
L'exemple à suivre est, encore une fois, celui de Kylian Mbappé. Au sortir du stade Loujniki, trophée du meilleur jeune entre les mains et deuxième étoile sur le cœur, avait déjà tout compris. Deux heures après le sacre, il était déjà dans l'après. "Il faut continuer car j'ai l'ambition d'aller plus loin, je suis encore au début du chemin", lâchait-il avec détachement. Trois mois et demi plus tard, il est le champion du monde le plus scintillant du début de saison. Et ce n’est pas tout à fait un hasard.
picture

Varane face au Barça

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité