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"C'est le Piranha Club"

Eurosport
ParEurosport

Publié 09/05/2008 à 07:00 GMT+2

Déçu mais digne, Aguri Suzuki (Super Aguri) a raconté les manoeuvres hostiles auxquelles son écurie n'a pas survécu.

C'est tout seul, face à la presse, comme il l'avait fait à l'annonce de la création de son équipe, en 2005, qu'Aguri Suzuki a refermé le chapitre de l'histoire de son équipe, mardi dans un hôtel de Tokyo. Par le menu, l'ancien pilote âgé de 47 ans a narré la fin décevante, intrigante, de l'écurie qui s'était très vite attirée la sympathie de tout le Japon, au point d'en devenir plus populaire que la représentante officielle de la Honda Racing Corporation.
"C'est la défection de notre principal partenaire, SS United Group, qui a tout déclenché, courant 2007", a commencé par expliquer le propriétaire-fondateur de l'équipe. Et rapidement, il a identifié Magma Group comme le plus sérieux candidat à l'entrée dans le capital.
"J'ai commencé à leur parler au Grand Prix d'Italie 2007" , se souvient-il. "A cette époque, je parlais avec beaucoup d'investisseurs potentiels mais Magma m'apparaissait comme la meilleure solution. En 2008, j'ai même mené des tractations exclusives avec eux, pendant deux mois et demi. Les négociations avançaient bien. Mais, avant le Grand Prix d'Espagne, j'ai reçu une lettre (dont il n'a pas voulu livrer le nom de l'expéditeur) m'expliquant qu'il m'était impossible de continuer de parler avec Magma, sans aucune raison. J'ai donc stoppé les discussions avec eux et j'ai repris contact avec Weigl Group. Cependant, il y avait trop de conditions à remplir, trop de détails à régler pour signer un accord en une semaine. C'est pourquoi j'ai décidé de renoncer à courir en Formule 1."
Fry sorti de son rôle
Se refusant à trop entrer dans les détails des mystérieuses pressions exercées directement sur sa personne, Aguri Suzuki a précisé que Bernie Ecclestone n'était pas à l'origine de l'interdiction faites aux camions de l'équipe d'entrer dans le paddock turc, dimanche dernier. "J'ai parlé avec Bernie Ecclestone (gérant de la FOA). Il m'a dit que les camions pouvaient entrer dans le paddock", a-t-il attesté. Dans ses propos, il a par ailleurs donné le sentiment d'être presque sûr que l'usine Honda n'avait pas tiré les ficelles ou, pourrait-on ajouter, hissé la corde.
Sans lier ce refus à l'interventionnisme en coulisses de Nick Fry, directeur de l'administration de Honda F1 Racing Team, Aguri Suzuki a sous-entendu que le dirigeant anglais avait joué un rôle particulièrement néfaste. "Je ne comprends pas pourquoi Nick Fry est intervenu", s'est-il interrogé. "Il est juste président exécutif de Honda F1 Racing Team, il n'a aucune fonction au sein de Honda (Racing Corporation). Je n'ai pas envie de réagir car pour moi c'est comme s'il était le président exécutif de la Scuderia Ferrari, rien de plus. Il n'était pas le partenaire principal de l'équipe Super Aguri".
Ses commentaires semblent toutefois accréditer la thèse d'une vengeance. Dépossédé de ses fonctions de décideur par Ross Brawn, recruté à grand frais par Honda F1 Racing Team comme nouveau patron, Nick Fry aurait eu des vues sur la place de patron d'Aguri Suzuki, par le biais de son ami Martin Leach, patron de… Magma Group.
"Sur les circuits, je n'étais pas au courant"
"Aguri se bat pour garder sa place à la tête de l'écurie" , murmurait-on régulièrement dans les coulisses de l'écurie privée, ces derniers mois. Dans l'impossibilité de récupérer une place de choix, Fry aurait-il décidé de faire capoter l'affaire ? "Je le remercie d'avoir représenté Magma", a d'ailleurs ajouté ironiquement Aguri Suzuki, qui a par ailleurs suggéré que Magma aurait agi pour le compte d'une société de Dubaï. Mais l'attitude de Magma lui a toujours paru claire. "Je remercie les gens de Magma, des gens très sérieux", a-t-il dit.
Déçu, désabusé, Aguri Suzuki a confié à quel point son expérience de dirigeant indépendant l'avait marqué. "Diriger une équipe privée de Formule 1 est très dur, trop dur. Je ne le conseille pas. La Formule 1, c'est le Piranha Club", a-t-il encore précisé, reprenant une formule célèbre de Ron Dennis, le P-DG de McLaren Group.
En fait, Aguri Suzuki n'aura pas pris beaucoup de plaisir à travailler à la pérennité de son équipe. "Super Aguri est née le 1er novembre 2005. Et pendant deux ans et demi, je n'ai fait que chercher de l'argent, que ça. Sur les circuits, je n'étais pas au courant de ce que faisait l'écurie, à quels tours les voitures allaient observer leurs pit stops le dimanche. Maintenant, je veux juste me reposer. Et si je reviens en Formule 1, ce sera juste pour m'occuper du domaine sportif dans une équipe. Depuis quelques temps, je parle beaucoup avec Gerhard Berger et nous partageons ce point de vue (ndlr : sur tous les à-côtés extra-sportifs)".
Mais Aguri Suzuki ne se souviendra que du meilleur de cette aventure unique. "On a toujours eu des articles positifs dans la presse" , a-t-il conclu.
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