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Formule 1 2022 - Après 14 ans d'échecs et d'excuses, Ferrari fait enfin partie des favoris

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 15/03/2022 à 19:15 GMT+1

GRAND PRIX DE BAHREÏN - Ferrari a mené à Montmelo puis à Sakhir des essais préparatoires qui en ont fait l'un des favoris du peloton pour la saison 2022. Une étiquette que la Scuderia n'a pas vraiment envie de porter en dépit des atouts qu'elle semble avoir réunis pour concourir à nouveau pour une victoire qui la fuit depuis plus de deux ans, et un titre depuis 14 ans.

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Il est temps pour la Scuderia Ferrari de ne plus ressasser son glorieux passé et de redorer son blason, ajouter une nouvelle ligne à un palmarès figé depuis le titre Constructeurs de 2008. Reporter son retour au premier plan, Maranello n'a fait que ça ces dernières années et la saison 2022 est celle que le Cheval cabré a fixé à ses supporters pour apparaître en haut d'un podium de Grand Prix pour la première fois depuis Singapour 2019, il y a deux ans et demi.
La firme italienne a passé les deux derniers exercices à remonter la pente, à cause d'une tricherie jamais avérée qui lui a fait croire qu'elle rivalisait avec les meilleures références du plateau. Elle a payé par une 6e place au Championnat du monde des marques 2020 le coût de son moteur revenu dans le cadre règlement - à 70 chevaux du meilleur V6 - en accord (secret) avec la Fédération internationale de l'automobile, et elle atteint son objectif de déloger McLaren de la troisième place du Mondial en 2021.
Le "Reparto Corse" émilien a ainsi fait l'économie d'une nouvelle crise médiatique et d'une énième révolution de palais. Pour cette dernière, le timing ne s'y prêtait de toute façon pas, sinon à vouloir saccager le long et irréversible processus d'études de la F1 75, la "rossa" conforme à la révolution technique à 360° décidée par la FIA.

Faux outsiders, vrais favoris ?

Les essais hivernaux ont donné de l'espoir, même si on a appris à se méfier des chronos chez Ferrari car le souvenir de Rouges champions du monde de l'intersaison 2018-2019 est encore dans toutes les mémoires. Lors de la première session de tests, à Montmelo près de Barcelone, Charles Leclerc et Carlos Sainz ont squatté les premières places. Le Monégasque a même fini la deuxième des trois journées en tête. "Nous sommes toujours les outsiders, non les favoris, s'est empressé de tempérer Mattia Binotto, le directeur d'équipe et directeur technique officieux. C'est très difficile de dire où nous en sommes en termes de performance et il n'y a pas de raison pour que les leaders de la saison passée ne soient pas les favoris. Nous essaierons d'être en tête du peloton de chasse." Vraiment ? La meilleure façon de battre ses rivaux est sûrement de les surprendre…
C'est un fait la compétitivité de la Ferrari n'est pas passée inaperçue auprès de la concurrence, et pas n'importe laquelle puisque chez Red Bull, le directeur d'équipe Christian Horner a jugé les séances d'essais des rouges "très convaincantes" et que Max Verstappen a estimé lors de l'avant dernier jour des tests que "si on courrait demain, Ferrari gagnerait". Le plafond budgétaire aurait-il redistribué les cartes, sinon nivelé les valeurs ? Pas sûr car la hiérarchie ne semble pas avoir énormément évolué : Red Bull et Mercedes restent a priori devant, avec Ferrari en embuscade.
"Nous voulons beaucoup plus de concurrence, mais moins de domination par des équipes jouissant de ressources énormes", a rappelé Ross Brawn, le directeur sportif de la Formule 1 chez Formula One Group, détenteur des droits du sport. "Nous avons toujours dit que c'était une opportunité", a répété Mattia Binotto. C'est quand même un changement de discours car dans son histoire Ferrari a très souvent dépensé plus que ses rivales pour parvenir à ses fins. Cela a été spécialement vrai sous la gouvernance de Jean Todt dans les années 90 et 2000.
En fait, Binotto ne le dit pas mais il est forcé de se conformer à une réalité nouvelle qui frappe son équipe : elle vient de perdre son sponsor-titre historique, un cigarettier, et elle a moins de possibilités de se disperser dans ses projets.
Mattia Binotto (Ferrari) lors des tests à Montmelo en 2022

L'équation Moteur - aéro

C'est un peu le dilemme chez Ferrari, l'histoire de la dualité yin - yang : les chronos prometteurs de Montmelo, moins flagrants lors de la seconde session d'entraînement à Sakhir où travail a continué, ont été accompagnés du problème de "tangage", "pompage" ou "marsouinage" au choix, particulièrement spectaculaire sur les images de Leclerc qui ont fait le tour des réseaux sociaux.
Du côté de la technique, une autre question reste en suspens : à quel niveau se situe le V6 ? Chez Ferrari, on a fait le même constat que chez Red Bull avec le Honda, rebaptisé Red Bull Powertrain Technology : l'obligation d'inclure 10% de composants bio (contre 5,75%) dans le carburant a coûté une vingtaine de chevaux. Là encore, les pilotes ne s'en sont pas plaint alors que Mercedes aurait fait un bond en avant en termes de puissance par rapport à 2021, tout comme Renault n'a pas encore poussé à fond son tout nouveau bloc. L'explication ? L'inverse des saisons 2019 et 2020, l'aérodynamique d'un châssis réussi serait désormais l'atout maître.
La piste livrera son verdict en deux temps, samedi lors de la Q3 à Sakhir, et plus encore dimanche sur les 57 boucles du Grand Prix de Bahreïn, car Charles Leclerc et Carlos Sainz sauront alors s'ils sont capables de piloter leurs F1 75 sans s'épuiser ni se blesser au dos à force d'encaisser les tangages sur les bosses ou se sentir "nauséeux" comme l'a expérimenté le pilote de la Principauté en tests de pré-saison.
Charles Leclerc (Ferrari) lors des tests à Sakhir le 12 mars 2022

Leclerc et Sainz, des objectifs opposés

Les pilotes de la Scuderia semblent enfin avoir un matériel capable de gagner au moins d'une des 23 courses au calendrier 2022, sans parler de signer des pole positions, ce que Charles Leclerc a fait l'an dernier. Et d'un point de vue personnel, chacun sait ce qu'il a à faire. Devenir plus régulier en positionnant le curseur des réglages là où il faut pour le Monégasque. En 2020, le natif de Monte-Carlo a parfois été trop agressif de ce point de vue, en le payant le dimanche. Sur la première moitié de 2021, il a trouvé que c'était plus l'inverse mais il espère poursuivre sur la lancée de la seconde moitié de saison passée. En évitant quelques accidents qui lui ont coûté la cinquième place au championnat.
Pour ce qui est de Carlos Sainz, les objectifs sont inverses : avec 15 arrivées de suite dans les points, le fils du double champion du monde des rallyes est crédité de la plus longue série en la matière, et il lui faut maintenant progresser en Q3 (il a été battu 14 fois sur 22 en 2021 par Leclerc) pour prendre le dessus pour de bon, après avoir terminé n°5 mondial, deux rangs devant son coéquipier.
En réalisant chacun leurs objectifs, ils n'auront peut-être rien à envier aux combinaisons Mercedes-Hamilton-Russell et Red Bull-Verstappen-Pérez.
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