Fuji team par team

Comme à Montréal et à Indianapolis, des circuits qu'il ne connaissait pas, le jeune Anglais a vite appris, signant pole position et victoire à Fuji. Il était sur la défensive depuis le Grand Prix de Hongrie, ce 4e succès aux allures de triomphe arrive donc à point pour apparaître -bientôt si tout va bien- comme un champion du monde légitime. D'autant qu'il a battu Alonso sur son terrain. "J'adore les conditions humides", avait avancé l'Espagnol, à l'intox, après la qualification. Dès le départ, on l'a vu incapable de suivre le rythme de son rival (qui a rapidement pris 3 sec de marge) et néanmoins coéquipier, sortir de la piste puis essuyer par un tête-à-queue la touchette de Vettel (Toro Rosso). Mais Hamilton a aussi eu son lot de déconvenue dans les roues de Kubica (BMW), qu'un contact a suffit à envoyer à contresens. Le duel à distance a basculé au tour 42, lorsque l'Ibère a perdu le contrôle de sa McLaren, en aquaplanage. Malheureusement pour l'intérêt du championnat, un mur se tenait tout près à le recevoir brutalement. Hamilton attaque les deux derniers rounds avec 12 points d'avance sur Alonso. "A l'évidence, il faut qu'il abandonne sur problème mécanique pour qu'il me reste une chance. Si les courses se déroulent normalement, c'est fini", a estimé Alonso. En coulisses, Hamilton et Alonso ont aussi préparé 2008 en disant le peu d'intérêt qu'ils auraient à travailler ensemble...

Renault avait parié sur un dimanche sec et les R27 n'étaient donc pas réglées de façon adéquate pour la qualif. L'échec aux portes de la Q3 a vite été oublié, tant le déluge et le brouillard ont rebrassé les cartes en course. Rosberg rétrogradé de 10 places, les deux Ferrari rangées en fond de peloton, Fisichella et Kovalainen étaient 6e et 7e au départ, au tour 20. Et en tête, dans l'ordre inverse, 17 boucles plus tard. Bien sûr, par l'entremise de pit stop tardifs. Leader pendant trois rotations, Kovalainen a sublimé sa 2e place en répondant illico à Räikkönen, qui venait de le passer, dans la dernière boucle. 1er podium en F1 du débutant finlandais, et 1er de Renault en 2007. Fisichella 5e, 12 points tombent donc dans la poche du Losange, soit le plus gros quota.

Räikkönen était 3e sur la grille, sous la protection déclarée de Massa. Mais telle ne fût pas la surprise de la Scuderia lorsque la FIA lui a signifié, 7 minutes après le départ, que ses pilotes devaient passer au stand pour troquer les pneus "intermédiaire" contre les types "pluie", obligatoires. La haute instance avait prévenu toutes les équipes avant le départ, sauf la Scuderia. En retard au championnat, Räikkönen avait conseillé les intermédiaires après son tour de mise en pré-grille. Relégués en fond de grille, Räikkönen et Massa ont quand même pris de gros points après une belle bagarre dans le dernier tour, perdue pour le Finlandais contre Kovalainen (Renault), gagnée par le Brésilien contre Kubica (BMW). Pour Räikkönen, les chances de coiffer la couronne mondiales ne sont plus que théoriques. On notera son loupé lors des libres 3, écourté après 4 minutes. Lors des essais, il aime couvrir son tour d'installation en dernier. Cette manie lui a valu d'être le seul à ne pas tourner sous la pluie. Quand on joue le titre, tous les détails comptent.

La 4e place de ce vieux routier qu'est Oncle David ne cahe pas le désastre de l'accident de Webber, percuté dans un moment d'égarement par Vettel (Toro Rosso), en période de neutralisation. 8 points passés à la trappe et la 5e place au championnat Constructeurs. Webbe a même juré qu'il visait la victoire. Argument recevable : le pluvieux Nürburgring l'a placé sur le podium au mois de juillet et avant l'intervention de la safety car, il était le seul à rouler plus vite que Hamilton.

Week-end à oublier pour BMW, dont les V8 ont régulièrement coupé sous la pluie. Heidfeld pas en phase avec la nervosité de sa machine vendredi, sur le sec, mais dans les clous en qualif (5e). Course pénible : la radio ne marchait pas l'allumage ne fonctionnait pas bien à cause de l'infiltration d'eau. Percuté par Button (Honda) : "ça a ruiné ma course. J'aurais pu finir 6e". Il a abandonné dans le dernier tour. Kubica a déploré son manque de roulage sur le mouillé en qualif, du grainage et un mauvais timing en Q3, ce qu'a volontiers reconnu l'équipe. Offusqué du drive through reçu pour avoir emporté Hamilton dans son tête-à-queue en course. Un fantastique mano a mano avec Massa dans le dernier tour. Viril mais correct.

Un point -le 1er de Sutil et Spyker en Mondial- après la rétrogradation de Liuzzi (Toro Rosso) mais qui n'a rien du hasard. L'Allemand s'était de suite installé en bonne place dans le peloton. Yamamoto turbulent en essais mais 12e en course. Dans ses communiqués de presse, on regrette que l'équipe a maintenu le silence sur les frasques du Japonais, proche d'un grave accident avec Barrichello (Honda) en libres 1, et dont l'hésitation a trompé Schumacher et conduit au crash en Q1.

La gaffe de l'année ! Webber (Red Bull) avait noté l'attitude "un peu sauvage" de Vettel lors de la première neutralisation de de safety car. Dans un moment d'inattention -il regardait Hamilton-, l'Allemand a effacé les 2e et 3e places de Red Bull, 14 points et quelques millions d'euros... 25 secondes ont été ajouté au temps final de Liuzzi pour avoir doublé sous drapeau jaune. Voilà comment il a laissé échapper la 8e place. Vraiment mal payé après un départ de la pit lane, au volant du mulet réglé pour la pluie.

L'équipe technique toujours perdue&hellip Pour faire bien, un nouveau kit avait été préparé pour la manche à domicile, et une nouvelle lame ajoutée à l'aileron avant était là pour imiter le dispositif de McLaren et Williams. Une simple copie sans effet, puisque l'équipe l'a remballée avec toutes les nouveautés dès le vendredi. La stratégie a paré à cette faillite samedi puisque, réglé pour le mouillé, Button a décroché le 7e chrono en qualif, alors que Barrichello a sombré. Un échec personnel assumé : "La voiture était pourtant capable de très bonnes performances sous ces conditions pluvieuses", a admis le Brésilien. Il s'est rattrapé en course en arrivant devant son équipier, mais derrière une Toro Rosso et une Spyker. Button a percuté Heidfeld (aileron avant cassé) et un problème de capteur moteur l'a recalé à la dernière place. Les deux pilotes auraient aimé que la course soit stoppée très tôt. Vainqueur en Hongrie dans des conditions pluvieuses, Button n'avait alors rien trouvé à redire.

Le constructeur a complètement raté son grand prix national, sur son circuit. Pour la 1ère fois depuis 9 grands prix, Trulli n'a roulé en Q3. L'Italien n'a jamais été à l'aise sous la pluie, et ça s'est encore vu dimanche. "J'ai malheureusement fait une erreur lorsque l'on était derrière la première safety car", a-t-il avoué. "J'ai descendu un rapport alors que je chauffais les pneus et la manoeuvre a sélectionné un rapport de trop ce qui m'a envoyé en tête-à-queue. Schumacher piégé par Yamamoto en Q1 : l'accident l'a fixé au 16e rang. Course pas plus heureuse : "Ma radio est tombée en panne à mi-course et avec les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le circuit de l'eau s'est infiltrée dans le système électrique et ça m'a forcé à rentrer aux stands. L'équipe a réglé le problème mais nous avons ensuite eu une crevaison (lente)." Glock, champion GP2 2007, pourrait bien occuper sa place l'an prochain.

Sato a freiné trop tard dans la ligne droite pour éviter un concurrent et est rentré avec un aileron avant tout chiffonné. Le Japonais, qui a construit sa légende à Suzuka, a été moins en réussite à Fuji, car l'importante charge d'essence à bord de son "Honda replica" a dégradé ses 'pluie' neufs de façon accélérée. Un contact a mis fin à sa course à un tour du damier. Double abandon à domicile. Davidson veut garder sa place en F1 et l'a répété pour la énième fois : "Je n'ai commis aucune faute" . Un capteur d'accélérateur défaillant l'a stoppé.

Williams a annoncé le vendredi midi que le V8 de Rosberg ne pourrait courir son second grand prix en raison d'une défaillance structurelle. Dommage, l'Allemand était encore en bonne place après la Q3 (6e).Course sans relief, pour une fois, et abandon sur soucis électronique de capteur de pression de frein. Würz a créé le premier accident en perdant le contrôle de sa FW29 au départ. Tête-à-queue et crevaison lente pour Massa.