Grand Prix d'Abu Dhabi 2025 | Lando Norris (McLaren) est un champion du monde imparfait... et alors ?

À Abu Dhabi, Lando Norris est devenu un champion du monde que beaucoup qualifieraient "d'imparfait". Le pilote McLaren n'est pas aussi impitoyable et écrasant que la plupart de ses prédécesseurs. Mais dans sa remise en question, dans la construction de son championnat et dans la lutte avec Oscar Piastri et Max Verstappen, il est resté authentique. Et c'est tout ce qui compte.

Lando Norris (McLaren) est champion du monde de Formule 1

Crédit: Getty Images

À peine le Grand Prix d'Abu Dhabi terminé, vous avez vu fleurir la question un peu partout : Lando Norris est-il un beau champion du monde ?
Si la question se pose, c'est peut-être parce que nous avions été mal habitués, en particulier depuis le début du millénaire. À deux ou trois exceptions près, le titre était toujours revenu au meilleur pilote du monde. Car c'est ça, la F1 : un sport où la mécanique est capitale, même essentielle, mais où l'homme derrière la machine est toujours décisif.
On s'interroge, donc, car on pense tous disposer d'éléments démontrant que le Britannique n'est pas fait du même bois que Michael Schumacher - qui a sans doute profondément impacté notre perception de la performance - Lewis Hamilton, Sebastian Vettel ou Max Verstappen. À l'évidence, Norris n'est pas de cette lignée. Et si on se mouillait un peu, on dirait même qu'il n'en sera jamais.

Norris, le faillible

Par définition, cette question ne peut obtenir qu'une réponse subjective. Pourquoi un "beau" champion du monde ne devrait-il être qu'un pilote débordant de talent, écrasant de domination, étincelant d'exploits ?
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Lando Norris (McLaren) en larmes après avoir décroché le titre de champion du monde à Abu Dhabi

Crédit: Getty Images

Norris n'est rien de tout cela. Il est un pilote que l'on disait fragile parce qu'il fut l'un des premiers à évoquer publiquement ses failles sur le plan mental. Il est un pilote que l'on disait faillible parce qu'il fut, un temps, incapable de dominer un coéquipier bien moins expérimenté que lui.
"J'ai vécu beaucoup de moments difficiles en début de saison, s'est-il remémoré après son titre. Oscar a fait un travail incroyable, il était toujours devant moi. C'en était devenu délicat. Mais ces moments délicats, il faut en tirer des leçons, les reconnaître, les comprendre."
Est-ce comme ça que je veux faire la course ?
Le garçon de Bristol a fait tout cela. Il a travaillé étroitement avec Jon Malvern, son physio, pour travailler sur une estime de soi incompatible avec le très haut niveau. Il a aussi renforcé les liens avec Will Joseph, son ingénieur de course, afin de comprendre pourquoi la McLaren, à l'évidence meilleure voiture du plateau, ne lui offrait plus la même confiance.
C'est ainsi qu'il s'est remis au niveau de Piastri, et parfois de Verstappen, tout en installant une régularité qui a fait sa force cette saison. Ses 18 podiums - deux de plus que son coéquipier, trois de plus que le pilote Red Bull - ont beaucoup plus compté que des tours de force dont il n'est pas friand.
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Avec Verstappen chez Red Bull en 2026 : "Hadjar ne se voile pas la face"

Video credit: Eurosport

"Je pense avoir gagné le championnat à ma manière, en étant un pilote juste, en essayant d'être honnête, a-t-il confié. Aurais-je pu être plus agressif, freiner plus tard et embarquer d'autres pilotes ? Certainement. Et peut-être que je devrai le faire davantage à l'avenir. Mais avais-je besoin de le faire cette année ? Est-ce comme ça que je veux faire la course ? Est-ce réellement moi ? Je ne crois pas."

Norris est un champion authentique

Alors, Norris est-il un "beau" champion ? Peut-être pas comme la plupart des gens l'entendent. Mais il l'est véritablement dans la manière dont il s'est construit : en comprenant qu'il n'était pas fondu dans le même moule de tous ceux qui ont inscrit leur nom au palmarès. Et en empruntant un autre chemin.
"Si je n'avais pas eu ces difficultés, aurais-je compris ces choses aussi rapidement ?", a-t-il lui-même interrogé, dans une question rhétorique, face à la presse. "Quand je lutte contre Max, un quadruple champion du monde, quand je lutte contre Oscar, un gars qui, dans le futur, me battra probablement et deviendra champion du monde, c'est que je suis performant, a-t-il insisté. J'ai la sensation d'avoir mieux piloté que d'autres à certains moments. J'ai la sensation d'avoir été capable de piloter à un niveau que d'autres ne peuvent égaler."
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Lando Norris (McLaren) champion du monde 2025

Crédit: Getty Images

La "beauté" de la couronne de Norris ne se trouve ni dans ce qu'elle est, ni dans la manière avec laquelle elle a été obtenue. Mais plutôt dans la réflexion, dans le cheminement, dans l'exigence que le chouchou de McLaren s'est imposés.
"Si vous voulez me comparer à tous les champions : ai-je parfois été aussi agressif qu'eux ? Non. Ai-je parfois été aussi audacieux qu'eux ? Non. Mais ai-je fait exactement ce qu'il fallait pour être champion du monde ? Oui. [...] J'ai l'impression d'être parvenu à le devenir comme je le voulais. C'est-à-dire en n'étant pas quelqu'un que je ne suis pas." Et ça, c'est "beau".
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