Grand Prix d'Abu Dhabi 2025 | Max Verstappen (Red Bull) est devenu encore plus fort, maids il est surtout beaucoup plus grand

Il était le méchant du film, "Chucky", Terminator, le chasseur, le requin. Il a finalement été le dauphin, et tout le reste à la fois. Dimanche, au Grand Prix d'Abu Dhabi, Max Verstappen a cédé à Lando Norris une couronne qu'il avait conservée quatre années de suite. Mais il a gagné quelque chose de bien plus grand, qui dépasse largement le simple cadre statistique.

Il est, pour l'heure, impossible de mesurer à quel point sa saison 2025 s'ancrera dans une mémoire collective qui a pris la fâcheuse habitude de ne se souvenir que des succès. Peut-être serait-il purement et simplement devenu le meilleur pilote de l'histoire s'il était parvenu à combler la totalité des 104 points de retard qu'il comptait après le Grand Prix des Pays-Bas. Mais en effacer 102 est déjà réservé à une toute petite élite, qui n'est sans doute composée que de lui-même.

En cumulant plus de victoires (8) et de poles (8) que le champion du monde, en alignant dix podiums consécutifs, le Néerlandais a de nouveau démontré à quel point il était un pilote total. Sur un tour, sur un Grand Prix, sur un départ, une relance de course, un dépassement ou une défense, il est une référence absolue. Peut-être est-il encore plus fort qu'il ne l'était il y a quelques mois. Mais puisqu'il était déjà le compétiteur ultime...

Pourtant, tout nous pousse désormais à penser que ce que Verstappen a perdu dans sa quête de titre, il l'a gagné dans sa quête de grandeur. Le pilote Red Bull n'était pas loin de la vérité lorsqu'il disait qu'un cinquième titre ne changerait rien ni à sa propre estime de soi ni à l'opinion des autres. Il avait bien compris que désormais, sa réussite n'était plus seulement sportive. Et ça, ça change tout.

En 2025, le Néerlandais est tout simplement devenu autre chose qu'une machine à gagner. Il était une sorte de monstre qui se permettait tout, sur et en dehors de la piste. Il est aujourd'hui un exemple de résilience et de combativité. Un modèle à suivre. "Je suis fier de la manière avec laquelle nous n'avons rien lâché, a-t-il admis. C'est aussi une leçon pour le futur, et pour tout le monde : même quand tu as l'impression d'être mis à l'écart, il ne faut jamais abandonner. Tu dois continuer à travailler dur, essayer, comprendre tes problèmes. Et après, tout peut se passer."

Chez Red Bull, tous ceux qui ont eu l'occasion de s'exprimer ont souligné à quel point son état d'esprit avait poussé l'équipe vers le haut. "Il est probablement juste de dire que le monde a découvert un Max encore plus extraordinaire cette saison, soulignait Laurent Mekies, patron de l'écurie, juste avant le Grand Prix d'Abu Dhabi. Un peu grâce à l'ampleur de sa remontée. Un peu, aussi, parce qu'il a semblé si détendu et si impliqué dans l'équipe. Il a relevé tant de défis avec le bon état d'esprit."

Sa furie du Grand Prix d'Espagne, qui lui avait valu d'être sanctionné, et sans laquelle il aurait peut-être été sacré dimanche, paraît désormais loin. Lui ne supporte plus d'en entendre parler, et préfère rappeler qu'il en a retenu la leçon. Peut-être est-ce la maturité d'un homme de 28 ans devenu papa il y a quelques mois. Ou tout simplement l'évolution d'un homme dont les ambitions dépassent le cadre du sport. "Chacun trouve sa façon d'être fier, a-t-il rappelé. Et je suis content de moi."

À l'évidence, on se remémorera encore longtemps de cette remontée inaboutie. Mais on se souviendra, aussi, de la manière avec laquelle il a accompagné les rookies. Gabriel Bortoleto, celui dont il est le plus proche. Mais aussi Kimi Antonelli, qu'il avait publiquement défendu après la vague de haine reçue par l'Italien à l'issue du Grand Prix du Qatar. Dimanche, à Abu Dhabi, le pilote Mercedes s'est de nouveau excusé - ce qu'il n'avait pas à faire - pour l'erreur ayant permis à Lando Norris de grappiller deux points qui ont fait toute la différence. Réponse du quadruple champion du monde : "Il n'y a rien, tout va bien !"

Verstappen a apporté du réconfort à tout le monde, alors qu'il aurait pu être celui qui en avait le plus besoin. "Félicitations, les gars, a-t-il lâché à la radio juste après avoir passé la ligne, alors que son ingénieur de course Gianpiero Lambiase commençait à fondre en larmes. La manière avec laquelle nous nous sommes battus dans la deuxième partie de saison, c'est quelque chose dont nous pouvons être très très fiers. Ne soyez donc pas déçus. Je ne le suis pas. Je suis très fier que personne n'ait abandonné." L'homme est désormais à la hauteur du pilote.