Gwen Lagrue (Mercedes) : "Russell a pris un certain ascendant mais il ne faut pas sous-estimer Hamilton"

GRAND PRIX D'AUSTRALIE - Invité des Fous du Volant lundi, Gwen Lagrue est revenu sur le rôle crucial qu'il a pour Esteban Ocon eu chez Gravity, la structure pour les jeunes pilotes Lotus, puis au service de Mercedes à partir de 2014, sous la responsabilité de Toto Wolff. Le détecteur de talents français a expliqué comment il a accompagné Ocon et fait de Russell un coéquipier de haut niveau.

Lagrue : "Russell a pris un certain ascendant au sein de Mercedes"

Video credit: Eurosport

Esteban Ocon et George Russell sont deux vainqueurs de Grand Prix qui doivent beaucoup à Gwen Lagrue, le conseiller du Mercedes Benz Driver Development. L'actuel pilote d'Alpine faisait partie du vivier de jeunes pilotes de Lotus quand tout a failli s'arrêter pour lui, fin 2014. Heureusement, le manager français, qui travaillait à l'époque pour Eric Boullier, le patron Lotus F1, était convaincu du talent de l'espoir normand, et a tout organisé afin de poursuivre l'aventure chez Mercedes. Toujours avec la confiance de Toto Wolff, le directeur d'équipe de l'équipe allemande, il a aussi donné sa chance à George Russell.
En 2021, Esteban Ocon a inscrit son nom au palmarès du Grand Prix de Hongrie, et un an plus tard, George Russell en a fait de même au Brésil. En remerciant au passage son mentor, à sa descente de voiture.

"George avait le stylo sur le contrat BMW en DTM"

"Ce sont deux garçons que je connais et que je côtoie depuis le karting, nous a rappelé Gwen Lagrue, à propos de ces pilotes qu'il a fait grandir au fil des catégories. Les choses se font dans le temps, avec une certaine évolution, avec une certaine vision et anticipation de ce que vont être les possibilités dans les trois, quatre ou cinq ans qui viennent."
"Lorsque le programme Gravity s'est arrêté, Esteban venait de gagner la F3 EuroSeries (2014), équipé d'un moteur Mercedes, poursuit-il. Mi-2014, on avait commencé à créer des liens avec Toto (Wolff) et envisagé de pouvoir transférer le mangement de Gravity, qui s'arrêtait, vers Mercedes. Grâce à l'époque à Toto mais aussi à Fred Vasseur (ndlr : alors PDG de l'équipe ART), on a pu sauver la suite de la carrière d'Esteban. Je suis arrivé officiellement chez Mercedes le 1er janvier 2016, et le 3 janvier on a signé George, qui avait le stylo sur le contrat BMW en DTM. Ça s'est joué à quelques heures. Il aurait facilement avoir une tout autre carrière."
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De l'impasse en F3 à la victoire en F1 : Comment Mercedes a sauvé les carrières d'Ocon et Russell

Video credit: Eurosport

En 2022, Russell a vu le verre à moitié plein

Aujourd'hui, ces deux talents, sous contrat avec Mercedes, sont des piliers dans leurs équipes respectives, et l'Anglais est même devenu un solide coéquipier de Lewis Hamilton. Remplaçant du septuple champion du monde, malade du Covid, fin 2020 au Grand Prix de Sakhir, George Russell a été titularisé par Mercedes en 2022. Alors qu'il se battait pour passer en Q2 avec sa Williams, il n'a malheureusement pas retrouvé la bête de course qu'il pensait. Mais en dépit du peu d'expérience d'une écurie de haut niveau qu'il avait, il a su trouver progressivement sa place. Au point de signer la seule pole position et la seule victoire de Mercedes l'an dernier, et d'attaquer 2023 en battant Lewis Hamilton en qualification, à Sahkir et à Djeddah.
"On est un peu moins performant côté Mercedes en ce moment. Malgré tout, George comme Lewis représente le travail de 2000 personnes chez Mercedes et on se doit de donner son maximum en permanence, rappelle Gwen Lagrue. Et je peux comprendre que c'est plus facile à gérer pour George que Lewis, qui ne sont pas au même stade de leur carrière. Mais, c'est vrai, il (Russell) a pris un certain ascendant en ce moment dans l'équipe. (Mais) d'une année à l'autre, les choses évoluent beaucoup. Il fait un bon travail mais la saison n'est pas terminée. Et puis, dans les moments forts, il ne faut pas sous-estimer Lewis, qui est encore très, très solide. J'espère qu'il donnera du fil à retordre à George car cela nous permettra de continuer à travailler, nous remettre en question, continuer à progresser et avancer."
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Lewis Hamilton et George Russell (Mercedes)au Grand Prix d'Abu Dhabi 2022

Crédit: Getty Images

Hamilton est prêt à se réveiller

Face à une W13 mal née, George Russell s'était d'abord un peu tenu en retrait l'an dernier vis-à-vis d'un Lewis Hamilton très investi dans la recherche d'une solution anti-marsouinage. Il avait pris sa part progressivement, tout en percevant le défi d'une façon différente. "Lewis a vécu une situation d'une position dominante à un recul de performance sur la voiture, se remémore Gwen Lagrue. Et pour George ça restait une grosse évolution, entre la Williams qu'il pilotait à cette Mercedes qui n'était pas suffisamment performante pour gagner - il a quand même gagné au Brésil -, en tout cas pas tous les week-ends, mais suffisamment par rapport à la Williams qu'il pilotait l'année précédente. George ne la trouvait finalement pas si mal que ça, alors que Lewis la trouvait moins bien. Je pense que Lewis a voulu retrouver (sa voiture) et s'est orienté vers la recherche de ce qu'il avait précédemment, alors que George Russell, je pense, s'est plutôt adapté à ce qu'il avait entre les mains et essayer de l'améliorer à son pilotage. C'était deux approches différentes et je pense que la vérité était un mix des deux."
Cette année, le rehaussement de 15mm du plancher a pratiquement fait disparaître les rebonds à haute vitesse mais la W14 manque encore de performance pour rivaliser avec la Red Bull RB19. George Russell s'en sort à nouveau un peu mieux, mais il faut se garder de tout jugement hâtif.
"Je reste prudent : on vit une situation particulière, souligne le manager français. George Russell fait preuve d'une capacité à son avantage, il suffit de regarder les performances, les chiffres, qui ne mentent jamais. Quand on aura une voiture capable de gagner à nouveau, j'attends pour voir où se situera vraiment Lewis par rapport à George. Je suis prudent dans la manière qu'il faut appréhender la situation. Je pense qu'on n'a pas affaire forcément à un Lewis qui est à 100% quand on n'est pas dans une position de gagner ; en tout cas c'est mon avis et je peux me tromper. Et ça n'enlève rien au bon travail que George est en train d'effectuer."
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