Formule 1 | Aston Martin, Mercedes... Une inédite "trêve" pour rattraper le retard sur Red Bull

À ce moment de la saison, c'est une opportunité inédite. Après trois manches disputées et outrageusement dominées par Red Bull, les écuries vont avoir près d'un mois devant elles pour accélérer le développement et combler un écart que personne n'imaginait aussi grand il y a quelques semaines. Pas même Christian Horner, patron de l'équipe championne du monde, également surpris par des performances qui rappelleraient presque ses cauchemars de l'ère Mercedes.

Le Grand Prix de Chine, prévu le 16 avril et finalement annulé dès le mois de décembre dernier, va offrir trois semaines pleines aux écuries. Un drôle de trou dans la saison la plus longue de l'histoire, aux 23 courses et six sprints. Il n'y aura aucune période de répit aussi longue d'ici l'épreuve finale, à Abou Dabi, le 26 novembre prochain. À l'exception de la très réglementée trêve estivale d'août, durant laquelle la FIA exige une cessation de toutes les activités durant 14 jours consécutifs.

Voilà pourquoi les plans de développement, établis plusieurs mois à l'avance, ont été revus en décembre pour faire d'avril une sorte de nouvelle intersaison. Ainsi, une grande majorité d'écuries a déjà annoncé des gros lots d'améliorations pour le prochain Grand Prix, à Bakou, le 30 avril. Avec, pour seul objectif, de réduire la marge de Red Bull, puisque le Grand Prix d'Australie et ses conditions ont laissé entrevoir un resserrement du peloton (loin) derrière l'écurie à battre.

"Nous sommes conscients que la saison est longue, a rappelé Horner. Nous sommes aussi conscients que d'importantes mises à jour vont arriver chez les autres dans les semaines à venir, notamment pour notre retour en Europe." Question de logistique.

Langue de bois ou non, le dirigeant britannique sait aussi que cette période sera bien plus profitable aux rivaux qu'à sa propre écurie, en raison des restrictions encadrant le temps de soufflerie dont dispose Red Bull, à la fois pour avoir été championne du monde la saison dernière, mais aussi pour avoir dépassé le cap budgétaire l'année d'avant. Ce, même si les effets de cette mesure pourraient devenir visibles dans plusieurs mois, voire en 2024.

Qu'importe. Contrairement à cet hiver, chaque équipe a pu voir le jeu de l'autre et comparer les performances de sa monoplace sur tous les plans. Aston Martin, devenue la deuxième force du plateau, sait par exemple qu'elle est capable de battre la RB19 sur l'appui aérodynamique, mais qu'elle n'est absolument pas en mesure de rivaliser en ligne droite. "On ne va pas rester les bras croisés", confiait à DAZN Mike Krack, directeur sportif de l'outsider N.1, qui dispose de 37% de temps de soufflerie de plus que Red Bull.

Mercedes, elle, a même gardé en tête l'idée d'abandonner le développement de son concept actuel, capable du très moyen (Bahreïn) et du bon (Australie), pour en adopter un autre, radicalement différent, qui pourrait être sorti des cartons à tout moment si la W14 demeure trop mystérieuse. Et la course de Melbourne a regonflé tout le monde, de l'usine aux pilotes, même si Lewis Hamilton a été complètement avalé par Max Verstappen en piste.

"Nous sommes clairement en-dessous en termes de vitesse, a observé le septuple champion du monde. [...] Mais nous pouvons réduire l'écart. Ce sera difficile. Mais ce n'est pas impossible." Le circuit de Bakou, terrain de jeu idéal pour la RB19 sur le papier, sera donc un révélateur parfait des progrès réalisés, ou non, par la concurrence. Rendez-vous dans un peu moins d'un mois.