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Grand Prix d'Autriche | "Ça nous fait passer pour des amateurs" : le chaos des infractions aux limites de piste

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 03/07/2023 à 11:49 GMT+2

La chronique des infractions aux limites de piste - plus d'une centaine -, des avertissements et des sanctions a feuilletonné le GP d'Autriche jusque tard dimanche, d'une façon accablante pour la réputation d'une F1 en panne de suspense. Si dimanche soir les pilotes n'étaient pas vraiment surpris de ça, Christian Horner et Toto Wolff ont tiré la sonnette d'alarme.

Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix d'Autriche 2023

Crédit: Getty Images

En 2022, c'était une première, c'est donc devenu une habitude puisque que les pilotes ont récidivé, dans des proportions encore plus spectaculaires, cette année. Il y avait eu 43 infractions aux limites de piste l'an passé au Red Bull Ring - pour quatre pilotes sanctionnés d'une pénalité de cinq secondes -, et dimanche, à l'arrivée du Grand Prix d'Autriche, les officiels de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) n'avaient pas encore revu toutes les séquences litigieuses…
Aux sept pilotes confondus pendant l'épreuve même, les commissaires ont finalement ajouté les noms de huit autres dans un communiqué publié à 21h30. Après avoir étudié quelque 1 200 cas litigieux, ont-ils indiqué. Avec des conséquences notables : les rétrogradations de Carlos Sainz (de 4e à 6e), Lewis Hamilton (de 7e à 8e) et Pierre Gasly (de 9e à 10e), et les reclassements de Lando Norris (de 5e à 4e), Fernando Alonso (de 6e à 5e), George Russell (de 8e à 7e) et Lance Stroll (de 10e à 9e). Au total, 83 tours ont été annulés et145 secondes de pénalité distribuées.
A l'issue d'une épreuve sans suspense sur l'identité du vainqueur - Max Verstappen (Red Bull) est parti en tête et il a seulement laissé momentanément les commandes au jeu des arrêts -, l'inquiétude est de mise au sein du paddock car Spielberg n'a vécu pendant 71 tours qu'au rythme des hors-piste compétitifs que le directeur de course, l'Allemand Niels Wittich, avait promis de réprimer à coups de pénalités comme l'an dernier. Selon un mot d'ordre simple : la course c'est sur la piste, pas en dehors.
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Niels Wittich, directeur de course à la FIA, au Grand Prix d'Arabie saoudite 2022

Crédit: Getty Images

Cela n'a probablement pas changé le résultat final
Cela avait le mérite d'être clair, et la neuvième manche du championnat du monde a apporté la preuve que les équipes en avaient accepté l'augure, sinon provisionné des ajouts de 5 secondes au temps de course de leurs pilotes. Après tout, elles ont l'habitude de gérer de genre ce sanction à travers des timing d'arrêts au stand ajustés en conséquences. C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est passé dimanche, dans les montagnes de Styrie.
"Nous manquons de rythme par rapport à nos plus proches rivaux. J'ai beaucoup attaqué et nous avons finalement reçu une pénalité de cinq secondes en raison des limites de piste, comme d'autres voitures. Cela n'a probablement pas changé le résultat final", a conclu Pierre Gasly (Alpine), pour qui la sanction avait presque été un non-événement, avant de perdre une place en soirée. Nyck de Vries (AlphaTauri), pénalisé lui aussi a posteriori, a avoué dans le parc fermé : "J'accepte la pénalité, nous essayions juste de trouver la limite, mais heureusement nous avons construit un écart suffisant pour ne perdre aucune position."
Je n'arrivais à tenir la voiture dans les limites imparties
Tout juste sorti de sa voiture, Lewis Hamilton a quant à lui mis sa pénalité sur le compte d'une Mercedes impossible à maîtriser : "Nous savions que nous avions un train arrière médiocre, nous avons donc ôté de l'appui (à l'avant) en espérant garder l'équilibre de la voiture. Et nous l'avons massivement sous-estimé. Au virage 10, ça glissait et je ne pouvais rien y faire." Justification un peu différente, mais dans le même esprit pour Yuki Tsunoda (AlphaTauri) : "Je n'arrivais à tenir la voiture dans les limites imparties", a plaidé le Japonais, handicapé par des dégâts aérodynamique. Une double peine, en quelque sorte.
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Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix d'Autriche 2023

Crédit: Getty Images

Bref, dans cette histoire, chacun avait une excuse toute prête, mais l'accumulation des annonces, qui ont véritablement pollué les écrans et les commentaires en direct, ont fait mauvais genre. Surtout que les notifications, les ultimes avertissements (drapeau blanc et noir) et les pénalités arrivaient avec de plus en plus de décalage par rapport aux faits, malgré la cellule de soutien au visionnage en place à la FIA, à Genève. Mais là encore, c'était sans compter la seconde lame...
"Je pense qu'il faut se pencher sur la question des limites de piste, car ça nous fait passer pour des amateurs", avait alarmé Christian Horner, le directeur d'équipe de Red Bull, en direct sur Sky Sports. Il sait de quoi il parle : Sergio Pérez était sorti dès la Q2 vendredi, après trois annulations sans rémission. "Tant de bons pilotes ont enfreint ces limites… C'est trop facile (de se faire piéger). Il faut régler ça pour l'an prochain", a-t-il réclamé.

Le retour des graviers ou des bordures hautes ?

"Il faut qu'on discute de ce que l'on fait à l'avenir, avait acquiescé Toto Wolff, son homologue chez Mercedes, sur Canal+. La direction de course fait ce qu'elle peu, mais il faut des bordures qui détruisent la voiture pour qu'on n'aille pas où on veut." Et les commissaires fédéraux n'ont pas dit autre chose en tirant les conclusions du fiasco dans la nuit de Spielberg : "Nous recommandons très fortement de trouver une solution aux limites de piste pour ce circuit."
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Toto Wolff (Mercedes) au Grand Prix d'Autriche 2023

Crédit: Getty Images

Vendredi, après une qualification du sprint constellée par 47 annulations de chrono, Helmut Marko, le conseiller de Red Bull Racing, avait suggéré de remettre des bacs de graviers sur les points chauds - les virages n°9 et 10 - ou rehausser légèrement les bordures. Deux infractions avaient été relevées dans le virage n°6, et toutes les autres dans les n°9 et n°10, à la fin du tour. Avec une double peine pour les contrevenants au dernier virage : l'annulation du tour achevé et du suivant.
On le sait, le Red Bull Ring est le support du Grand Prix d'Autriche du championnat du monde de vitesse MotoGP, et c'est pour se conformer au règlement de la Fédération internationale de motocyclisme qu'une bande supplémentaire de bitume borde la piste. Mais d'autres pistes jouent aussi sur les deux tableaux (Austin, Montmelo, Silverstone, Imola, Losail) sans tomber dans cette caricature.
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