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Pendant que Ferrari fantasme, Mercedes concrétise

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 29/04/2019 à 17:44 GMT+2

GRAND PRIX D'AZERBAÏDJAN - Ferrari a encore traversé le week-end dans l'illusion d'une splendeur imminente. Face à Mercedes, ça n'a pas pardonné. Les maux restent les mêmes et il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais le temps presse pour Sebastian Vettel, Charles Leclerc et le patron, Mattia Binotto.

Sebastian Vettel (Ferrari) au Grand Prix d'Azerbaïdjan 2019

Crédit: Getty Images

Ferrari l'a fait en 1964 et en 1975, elle peut donc bien le refaire. Ces années-là, la Scuderia avait finalement signé le doublé aux championnats du monde Pilotes et Constructeurs sans avoir remporté la moindre victoire lors des quatre premières courses. C'est vrai, la concurrence était plus éparpillée, entre BRM, Lotus et Brabham en 1964, McLaren, Brabham, Tyrrell, Hesketh et March en 1975. Rien à voir donc avec la machine bien huilée à laquelle se heurte Maranello cette saison encore.
L'Histoire a ses exceptions à laquelle Ferrari ne se raccroche pas. Le travail et l'excellence est la seule valeur reconnue face à Mercedes, et dans ces registres, le Grand Prix d'Azerbaïdjan a montré que les Rouges avaient un double travail. Technique et d'introspection, tant l'équipe a donné l'impression d'avoir eu la meilleure voiture ce week-end sans être capable de l'exploiter quand ça comptait, et tant elle a paru ne pas avoir tiré les leçons d'un passé pas si éloigné.
Un pari de pneus "medium" soldé par un crash pour Charles Leclerc en Q2 et une séance de qualification prolongée de 52 minutes qui a sorti la SF90 de Sebastian Vettel de la fenêtre de fonctionnement idéale. Comment passer de 1"5 d'avance sur les Flèches d'argent à 0"3 de débours. C'est incroyable : l'équipe dirigée par Mattia Binotto, en même temps directeur technique et directeur d'équipe - c’est-à-dire de négociateur des prochains accords commerciaux post-2020 - traîne les mêmes casseroles que celle autrefois dirigée par Maurizio Arrivabene, entre autorité et fierté démesurée.

Un manque d'objectivité

Dimanche, Ferrari a prolongé jusqu'à l'irrationnel le premier relais du Monégasque, qui n'avait, certes, d'autre choix que finir en Pirelli "tendre". Elle a aussi livré une autre course solitaire avec l'Allemand, troisième en ayant plus surveillé Max Verstappen (Red Bull) dans ses rétroviseurs que scruté l'aileron de la W10 n°44 à l'horizon. Et dire que Mercedes n'avait apporté aucun changement à son bolide pour cette course, que Red Bull avançait avec un Honda fiabilisé mais pas vraiment plus puissant et que, face à ça, les SF90 roulaient avec une volée de nouvelles pièces.
Sebastian Vettel (Ferrari) au Grand Prix d'Azerbaïdjan 2019
"Le premier relais n'était pas bon, nous n'avions pas l'adhérence que nous aurions dû avoir, a exposé Sebastian Vettel, qui savait que sa "rossa" n'avait pas brillé sur longs relais lors du test de vendredi. Après ça, le rythme était correct mais pas suffisant dans l'ensemble."
"Ça ne fait pas que quatre courses, ça fait plus ou moins quatre ans, on s'ennuie, n'est-ce-pas ?, a-t-il ajouté, en référence à la suprématie de Mercedes. Du pur Vettel qui voit midi à sa porte. Pendant quatre ans chez Red Bull, il ne s'était pas ému d'ennuyer son monde avec ses titres à répétition - avec un statut de n°1 et la concurrence soigneusement étouffée de Mark Webber - au point de gagner les neuf dernières courses de 2013.
"Je n'étais pas vraiment à l'aise et j'étais inconstant, et je n'ai pas trouvé la confiance en la voiture, a-t-il poursuivi. Nous devons travailler plus fort et mieux. On fait notre maximum mais il faut reconnaître qu'ils réussissent phénoménalement bien (...) Nous avons une bonne voiture, nous ne parvenons juste pas toujours à l'amener au niveau où elle devrait être, donc il est difficile d'avoir la confiance et les sensations. Mais ça va venir. C'est comme un Rubik's cube qui faut terminer. Nous avons beaucoup de gens très intelligents qui peuvent le faire en quelques minutes mais là c'est un Rubik's Cube de très grande taille !"

Leclerc n'a encore pas compris sa stratégie

En échos à ces belles paroles, Damon Hill a le mis le doigt là où ça fait mal, dimanche. "Toutes les équipes font des erreurs, mais pour une équipe comme Ferrari, faire un tel pari des 'medium' était-ce nécessaire ?, s'est étonné le champion du monde 1996, sur Sky Sports. "Charles s'est crashé, il n'aurait pas fait ça en 'tendre'. Ils sont très bons quand il s'agit de montrer qu'ils sont rapides quand ça ne compte pas. Chez Mercedes, ils sont tellement matures maintenant. Ils n'ont pas à montrer ce dont ils sont capables. Ils savent simplement où ils en sont réellement."
"Je ne pense pas qu'il y avait beaucoup mieux à faire, dans tous les cas, a admis Charles Leclerc, cinquième avec le meilleur tour en course, au micro de Canal+. Dans la voiture, je n'étais pas très content. Je pense qu'au départ, je pouvais être plus agressif, je ne l'ai pas été assez, mais j'apprendrai de ça." Ce fut effectivement pour lui embarrassant de se faire passer d'entrée par Carlos Sainz (McLaren) et Daniel Ricciardo (Renault).
Le plus embêtant est qu'il est resté longtemps en piste, trop. Et que, comme en Australie ou en Chine, ça ne lui paraissait pas justifié. La raison n'était même évidente aux yeux de personnes et encore moins pour lui. Il l'a bien résumé en expliquant : "Je pense qu'il y avait une raison. J'ai besoin de regarder les data avant de commenter car l'équipe a bien plus de data que moi dans la voiture. Je leur demandé si j'avais une chance de revenir (ndlr : sur Bottas, Hamilton et Vettel), on m'a répondu 'Non'."
"En 'medium', nous étions très, très rapides et c'est pourquoi les leaders ont fait leurs plus longs relais avec. En qualification, on est plus proche (ndlr : de Mercedes), par contre, en course, j'ai l'impression qu'on est quand même assez loin. Il faut qu'on regarde bien mais ça n'est pas la panique non plus." Chez Ferrari, les hommes passent et le discours reste le même. C'est ce qui est peut-être le plus inquiétant.
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