Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Grand Prix de Bahreïn | Syndrome Max Verstappen : Charles Leclerc (Ferrari), ultime chance de s'endurcir

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 29/02/2024 à 10:39 GMT+1

La compétitivité de la Ferrari SF24 reste une énigme mais l'enjeu sera ailleurs pour Charles Leclerc. Le Monégasque, qui a encore paru timoré face à Max Verstappen (Red Bull) l'an dernier, doit changer son approche en piste pour ne plus être un poleman maudit et redevenir un vainqueur. S'affirmer aussi comme un n°1 chez Ferrari avant que Lewis Hamilton ne débarque.

"Hamilton va être le canard boiteux de Mercedes"

Promis à la plus grande gloire à son arrivée en Formule 1 en 2018, Charles Leclerc attaque, mine de rien, sa septième en championnat du monde sans entrevoir encore son "rêve ultime" - être champion du monde - malgré de brillants accomplissements. Passé la hype de ses débuts sensationnels chez Sauber, il s'est frotté à Sebastian Vettel chez Ferrari sans s'y piquer. Mais à bien y regarder, le quadruple champion du monde allemand, qu'il a gentiment poussé vers la sortie, n'était pas son rival le plus encombrant ni le plus dangereux en piste. Dès sa première année chez les Rouges, il a croisé le fer avec Max Verstappen, avec qui il avait déjà ferraillé en karting. Et partagé des souvenirs houleux mis de côté en retrouvant le Néerlandais dans l'élite.
Pas rancunier pour un euro, le Monégasque a ressenti en certaines occasions de l'amertume face au traitement que le Néerlandais pouvait lui réserver. Au fil du temps, l'impression qu'il ne marquait pas assez son territoire s'est transformée en certitude qu'il n'était pas capable d'intransigeance face à un adversaire partisan du pilotage "à la dure". Un credo facile, explication sinon excuse à toutes les dérives. Année après année, cette impression n'a malheureusement jamais disparu.

Le complexe Verstappen

Alors que la saison 2024 commence, la question revient donc, lancinante : Charles Leclerc est-il prêt à passer un cap ? Est-il enfin disposé à prendre des risques dans les roues du pilote le plus agressif du plateau, s'affirmer pour de bon, poser des limites là où l'as de Red Bull n'en a jamais vu ? Depuis Spielberg en 2019, le gentleman de la Principauté a trop souvent cédé devant l'abus. Et pas plus tard qu'au Grand Prix de Las Vegas, avant-dernière manche de 2023, il s'est incliné au départ devant l'outrance batave, que les commissaires de la FIA ont heureusement sanctionnée par cinq secondes de pénalité.
picture

Leclerc malchanceux ? Le fact-checking

"Max m'a expliqué sa position avant le podium. La piste n'avait pas d'adhérence et les pneus étaient froids", avait rapporté sur le coup le Monégasque ; qui une fois de plus ne s'était pas révolté contre l'insupportable ambiguïté. Parce qu'à un moment, trop d'ambiguïté tue l'ambiguïté et qu'il faut réagir autrement ; ne plus encaisser sans broncher mais dénoncer. Parce que ce "pas de bol encore une fois" ne fait pas les grands destins. Parce qu'aller au front médiatique secouerait des commissaires timorés, et qui in fine font encore trop souvent le jeu du fautif.

La terrible série de pole positions sans victoire

"Sa pénalité est méritée mais je pense que ce serait mieux dans des conditions similaires de rendre la place plutôt que de donner ces cinq secondes", avait plaidé "Charlot". Il aurait fallu contraindre Max Verstappen à réparer sa faute sur le champ, parce qu'il ne le fera jamais de lui-même. Ce qui, en l'occurrence, aurait permis à Charles Leclerc de faire la course en tête plus longtemps, et donc compliquer le plan de course du pilote de la Red Bull n°1.
Bon, évidemment, il n'est pas question-là du syndrome de Stockholm, cette propension des otages à trouver des excuses à leur tortionnaire, mais le pilote de la "rossa" n°16 avait payé cash l'incident du départ à "Sin City" et signé son 12e combo pole position-sans victoire consécutif. Un boulet statistique qui le laisse désormais à un échec du triste record établi par René Arnoux de 1979 à 1982. Et qui risque de le faire sortir à nouveau de sa légendaire réserve au prochain raté, celui de trop, à l'évocation de ce marqueur inquiétant…
picture

Hamilton chez Ferrari : pourquoi si vite, pourquoi si tôt ?

Un statut de n°1 à acquérir

Voir un Charles Leclerc forcer sa nature, se battre sans concession en piste, rendre coup pour coup, serait donc salutaire pour lui, mais certainement aussi pour le championnat qui cherche désespérément un contradicteur à Max Verstappen. Car sinon qui sera en mesure de sortir le Néerlandais de sa zone de confort cette année ? Evidemment, Charles Leclerc n'est pas là pour rendre service au promoteur du Mondial mais écrire sa propre histoire, dans un contexte qui ne lui a peut-être jamais été aussi favorable. Chez Ferrari, il va bénéficier pour la première fois d'un statut de n°1 que son patron Frédéric Vasseur n'aura même pas besoin de justifier. Signataire d'un nouveau contrat pluriannuel (ndlr : probablement cinq ans), il sera prioritaire à peu près en tout - nouveautés techniques, stratégies de course, etc - face à un Carlos Sainz sommé de faire ses valises à la fin de l'année.
Si son premier objectif reste de remporter son premier Grand Prix depuis le 7 juillet 2022, seule l'autorité qu'il se décidera à montrer dans le feu de l'action lui offrira réellement ce statut de leader de la Scuderia qu'il n'a jamais vraiment eu. Il en aura bien besoin au moment où Ferrari déroulera le tapis rouge à Lewis Hamilton, dans moins d'un an.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité