Red Bull, drôle d'année
Mis à jour 26/11/2024 à 09:42 GMT+1
Red Bull Racing s'est scindé en deux camps sans imploser par miracle cette année. Fragilisé en interne, le patron Christian Horner a tenu bon en calmant le clan Verstappen, qui voulait son départ. Au prix d'une politique sportive aberrante - maintenir le décevant Sergio Pérez en place - qui a coûté cher au championnat Constructeurs. Sans parler du départ d'Adrian Newey.
Verstappen aussi grand que Vettel et Prost ?
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Plus que jamais, le néo-quadruple champion du monde Max Verstappen est l'arbre qui cache la forêt chez Red Bull. À un point caricatural l'an dernier, ridicule cette année. En 2023, le Néerlandais avait assuré quasiment à lui seul les points pour couronner la marque chez les constructeurs, un fait unique dans l'histoire du championnat du monde. Une surperformance, une anomalie que l'équipe a cru pouvoir répéter en ignorant cette réalité qu'est la Formule 1 : une méritocratie. Mais tout "Super Max" qu'il est, il ne peut pas tout faire.
Le Batave vient de sauver son sceptre - et c'est déjà pas mal vu le déroulé de la saison - sans pouvoir masquer la faillite de Sergio Pérez au-delà du 17e Grand Prix, couru à Monza début septembre. Car c'est à Singapour que McLaren a basculé en tête au Mondial Constructeurs, dans un paradoxe ahurissant mais assumé du côté redbullien ; du moins à sa direction. Contre les évidences, le patron Christian Horner a décrété qu'il ne changerait pas une équipe qui perd, selon un principe mystérieux mais destructeur, un déficit d'autorité seulement explicable par quelque chose qui le dépassait et qu'il avait peut-être créé. Car la rumeur est restée tenace : le salaire promis à Verstappen aurait atteint un tel niveau qu'il n'était plus finançable qu'avec les sponsors de Pérez. Quoi qu'il en coûte.
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"Une saison à deux vitesses" : Verstappen champion chahuté
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Horner pas intéressé par lawson
Dans ce contexte fou, celui qui est monsieur Geri Halliwell à la ville a tenté de faire bouger les lignes en décrétant à propos de son pilote numéro 2, resigné pourtant pour 2025 et 2026 début juin : "Il y a un moment où l'on ne peut plus faire grand-chose." Après le fiasco de "Checo" sur ses terres, le boss s'est aventuré à parler de 2025 en ces termes : "Nous devons nous assurer qu'il n'y a pas d'écart trop important entre nos deux pilotes"…
Mais une fois de plus, il ne s'est rien passé, à l'heure où Racing Bulls avait déjà appuyé sur le bouton "eject" pour Daniel Ricciardo, et Williams à l'endroit de Logan Sargeant. Alors, en réponse à cette vague menace, le clan Pérez a fait courir le bruit d'un afflux de sponsors personnels - derrière lesquels se trouve encore le milliardaire Carlos Slim - pour assoir la présence de Pérez l'an prochain. Et peut-être au passage couvrir le manque à gagner entre la première et la troisième place au championnat des constructeurs. Pour équilibrer une drôle d'équation : assurer la trésorerie de Red Bull au détriment d'un titre, préserver une fragile paix des ménages et donner des gages aux Verstappen (le père Jos, surtout), qui a réclamé plusieurs fois la tête d'Horner depuis la fameuse plainte déposée par une secrétaire pour "comportement inapproprié", en février dernier.
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Couac chez Ferrari : "Sainz est un numéro 2 qui se prend pour un numéro 1"
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contre-attaque de marko
Voilà donc comment Christian Horner a conservé le soutien de l'actionnaire principal thaïlandais en conflit avec la base de Salzbourg, centre mondial du business, et est parvenu à neutraliser les Néerlandais. Et si Horner a donné à Red Bull Racing des airs de Max Verstappen Racing, il s'est gardé d'en faire le Jos Vertappen Racing. Parce que c'était la ligne rouge qu'il avait définie.
Pour autant, le dossier Pérez reste chaud comme l'a reconnu l'équipe samedi soir à Las Vegas. Non pas par la voix de son patron anglais, mais par celle de son ennemi, Helmut Marko. "Il y aura une réunion après Abu Dhabi et le résultat sera présenté aux actionnaires, et ils décideront alors de la situation des pilotes pour les deux équipes l'année prochaine", a révélé le conseiller autrichien, au média ORF. "Checo a plus de 200 points de moins que Max et le titre Constructeurs n'est plus possible… Si Sergio était au niveau d'Hamilton ou Russell, de Ferrari voire de McLaren, nous serions bien devant..."
Reste à savoir qui écrira le rapport au sein de cette équipe où deux camps continuent de s'affronter. Et jusqu'à quel point Christian Horner prendra-t-il un malin plaisir à ignorer les candidats de la filière Red Bull ? Quand Helmut Marko a proposé Liam Lawson, il est allé se renseigner chez Williams sur Carlos Sainz - titulaire en 2025 - et Franco Colapinto…
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Piastri, Ocon, Gasly, Hadjar... "Il y a des pilotes qui se révèlent immédiatement"
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Champion "même plus tôt avec McLaren"
Dans cette ambiance de désunion, le plus grand designer de tous les temps, Adrian Newey, n'a pas pris parti, sauf celui d'aller concevoir chez Aston Martin une monoplace à moteur Honda sans doute gagnante en 2026. Loin des soubresauts que Milton Keynes a traversés avec un certain sang-froid grâce à son directeur technique Pierre Waché, dont la RB20 au concept novateur a commencé à saturer en milieu de saison. Tout cela au milieu des attaques de la concurrence via des directives de la FIA, qui ont ralenti Max Verstappen mais ne l'ont pas stoppé dans sa marche triomphale.
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La meilleure voiture lors des 22 premières manches 2024
Crédit: Marko Popovic
"J'essaye de rester calme et de me concentrer sur ce que l'on peut contrôler, en essayant d'améliorer la voiture", a avoué "Super Max" au cœur de la tempête. Après le break estival, il a quand même appelé son équipe "à se réveiller" ; autant dire à ne pas perdre pied. "Les autres équipes ont rattrapé leur retard, elles ont fait du très bon travail, elles ont compris leur voiture...", a-t-il ajouté. Samedi soir, il a livré le fond de sa pensée en répondant que, oui, il aurait été champion "même plus tôt avec McLaren". "Et une Ferrari plus ou moins pareille"…
"Nous avons connu des saisons plus agréables où Max a été champion", a lâché Jos Verstappen, absent des festivités à Las Vegas et dubitatif sur la suite. "Ils savent où sont les problèmes et ce qui doit être changé. C'est à eux de montrer à quel point ils comprennent ce qu'ils créent", a-t-il prévenu. 2024 a livré un épilogue en forme de "soulagement" pour Max Verstappen ; qui sait plus que jamais qu'il doit profiter de l'instant présent…
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Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix de Las Vegas 2024
Crédit: Getty Images
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