Pilotes honteux et "course ruinée" : À Monaco, la stratégie de la discorde

Dans les rues de Monaco, le Grand Prix ne ressemble à aucun autre mais ce dimanche, les choses sont sans doute allées trop loin. L'obligation de faire deux arrêts, voulue pour redonner du suspense à une course linéaire année après année, a donné l'effet inverse. Certaines équipes s'en sont servies d'une drôle de manière. Les pilotes, même ceux qui ont en profité, n'ont pas aimé.

Le Grand Prix de Monaco 2025 laissera une trace

Crédit: Getty Images

"Une course vraiment horrible, désolé pour ceux qui ont dû regarder ça". Alexander Albon (Williams) a résumé de la meilleure des manières le sentiment général, une fois n'est pas coutume, partagé par les pilotes et les observateurs, après le Grand Prix de Monaco disputé ce dimanche dans la Principauté tantôt à haute vitesse, tantôt sur un rythme de sénateurs. Parfaitement placée après la qualification, Racing Bulls, bientôt imitée par Williams, a mis en place une stratégie rare et décriée sitôt la ligne d'arrivée franchie. Explications.
Avec Isack Hadjar sur la cinquième position de la grille et Liam Lawson à la neuvième, la petite sœur de Red Bull a vite compris ce qu'elle devait faire : demander à son premier pilote de rouler le plus vite possible et à son deuxième de… ralentir le plus possible. Le but ? Éloigner Hadjar du peloton alors que de nombreux pilotes, dont les Mercedes qui s'étaient ratées en qualifications, klaxonnaient sévèrement derrière Lawson qui roulaient trois à quatre secondes plus lentement qu'à l'habitude. 

Des pilotes à quatre secondes du rythme habituel 

A la clé, un puis deux arrêts gratuits pour le Français qui n'a perdu aucune position dans les stands. Or à Monaco, la position en piste vaut bien plus que le rythme théorique de votre voiture. Toujours plus large, les F1 ne sont plus adaptées au tracé princier et les dépassements y sont impossibles, ce que la course de ce dimanche a montré jusqu'à l'absurde. Liam Lawson, et plus tard Carlos Sainz et Alexander Albon, ont été invités par leurs équipes respectives à rouler trois ou quatre secondes en-deçà du potentiel de leur monoplace. Ce qu'ils ont fait sans pour autant être inquiétés par la voiture qui les suivait. 
"C'était très ennuyeux. Quand vous pilotez une F1 à 3 ou 4 secondes du rythme…, avouait Carlos Sainz après la course. Je n'aime pas la manière dont ça s'est passé, je n'aime pas le faire, ni qu'on me le fasse. Ça ne devrait pas être autorisé". Ce constat était partagé par tous les pilotes passés devant les micros, même ceux qui ont bénéficié de cette stratégie comme Esteban Ocon. Le pilote Haas était dans la fenêtre d'Hadjar et il doit aussi beaucoup à Racing Bulls ce dimanche. 
"Je pense que ces choses-là ne devraient pas être autorisées, confirmait le pilote Haas au micro de Canal +. Ça ruine un peu la course et le bel aspect de Monaco. Je me suis retrouvé derrière des voitures qui étaient 3 ou 4 secondes plus lentes que ce qu'elles devraient être. Ça simplifie la course d'une des voitures de son équipe mais ce n'est pas hyper professionnel." Alors qu'elle devait animer ce dimanche, l'obligation de faire deux arrêts a produit l'effet inverse, ce qui a fait dire à Toto Wolff, patron d'une écurie Mercedes victime de ces coups tactiques, que la course fut "pire" que celle de l'année dernière, déjà très critiquée. 
J'aurais pu apporter un oreiller et boire un café dans la voiture 
"J'aurais pu apporter un oreiller et boire un café dans la voiture, souriait Albon de son côté. De manière assez bizarre, c'était aussi très difficile de rester concentré en roulant si doucement. Je n'aime pas ça, je ne pense pas que Carlos aime ça. Ce n'est pas vraiment comme ça que nous voulons courir.  Ce n'est pas beau". Ce dimanche, la Formule 1 fut à l'opposée de ce qu'elle devrait être, à savoir une course de vitesse. La gestion et l'adaptation vont évidemment avec la F1 de 2025 mais à Monaco, des limites ont été franchies. Et à voir le langage corporel d'un Albon, on a très bien compris la honte qui était la sienne à l'heure de commenter sa course.
"Vous ne pouvez rien faire, vous êtes simplement passager, a commenté le vétéran, Nico Hülkenberg. Je ne suis pas le seul à avoir été victime de ça. Je ne crois pas que c'est la direction que la F1 voulait prendre dans cette course." Au micro de Canal +, Frédéric Vasseur a lui aussi critiqué les deux arrêts obligatoires qui ont permis selon lui à Max Verstappen de retarder le deuxième le plus possible en attente d'un événement extérieur et a réglé la question d'une phrase courte dont il a le secret : "On a essayé, c'est bien, il faut essayer, ne pas être timide mais il ne faut pas s'entêter non plus.".
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