Nico Rosberg (Mercedes) doit peut-être faire le bad boy pour battre Lewis Hamilton...

Le ressort est-il cassé ? Sûr que Nico Rosberg (Mercedes) en avait pris un sacré coup sur la tête au Grand Prix d'Italie en abandonnant 15 points dans la course au titre face à son coéquipier Lewis Hamilton, vainqueur par 25 points à 0. Et sûr qu'il était déçu de ses 12 points de la 4e place à Singapour, suite au revers de fortune du Britannique.

Machine à produire des pole positions l'an dernier, l'Allemand restait méconnaissable jusqu'à Suzuka, battu sur le tour unique lors de 12 des 13 premières manches par son voisin de box. Il avait promis de maximiser sa place sur la grille. Entendre par là qu'il était prêt à prendre des risques sur l'équilibre de sa machine sur 60 tours et l'usure de ses gommes sur un relais...

Passé le cauchemar asiatique, il a concrétisé le week-end dernier au Grand Prix du Japon. Sans en profiter. "Je suis bien parti mais juste avant le virage n°1, Lewis [Hamilton] était soudain là, à ma hauteur", a-t-il expliqué dans la colonne qu'il tient pour le journal Bild. "Mes ingénieurs m'ont dit après coup que, comparé à Lewis, mon moteur avait développé moins de puissance à cause d'une surchauffe."

Malheureusement pour lui, il a aussi subi un assaut musclé du champion du monde 2014. Sans répondre. Devant l'agressivité de l'Anglais qui prenait toute la largeur, il s'est en effet rangé du côté du fair play au virage n°2...

"C'était ça ou l'accrochage", a-t-il martelé dimanche. Avant de fournir des explications supplémentaires à Bild. Révéler le respect qu'il a du code de bonne conduite interne. "Je sais ce que les gens disent des trucs comme je suis trop gentil mais il y a des règles dans l'équipe et nous devons obéir lorsque nous nous battons. Je me suis donc conduit comme je devais le faire, étant donné qu'un accrochage aurait pu signifier un zéro pointé pour l'écurie", a-t-il précisé.

S'il n'avait pas perdu deux autres places (au profit de Sebastian Vettel et Valtteri Bottas), il aurait peut-être pu coller l'autre W06 sans susciter autant de critiques.

Cependant, si le fait qu'il a respecté une règle - se battre entre coéquipiers sans risquer l'accrochage - doit être mis à son crédit, il faut souligner qu'il l'avait lui-même initiée après son erreur au Grand Prix de Belgique 2014. Et qu'elle l'enferme à présent et que Lewis Hamilton en jouera sûrement si l'occasion se représente.

Avec un retard de 48 points à combler en cinq meetings, Nico Rosberg est donc contraint au sans-faute, au comportement irréprochable… Une mission impossible ? Peut-être si l'on considère que l'on ignore la sanction qui l'attend en cas d'accrochage responsable. Nico Rosberg est-il condamné à laisser son rival de Mercedes agir sans riposter ? Pour Alain Prost, c'est tout vu.

"Pour moi, il y a eu un Nico Rosberg avant Spa 2014 et après Spa", a déclaré le quadruple champion du monde sur Canal +, dimanche. "Il ne s'en est jamais remis. Il est devenu pratiquement un numéro deux de fait. Ici, à Suzuka, au départ, Hamilton a clairement été agressif, c'était même un peu limite mais c'est aussi ça la course ; Nico, lui, il ne l'est plus jamais contre Lewis. On dirait qu'il est trop tendre, trop faible."