Hamilton : "Un crève cœur"

"C'est un crève cœur de ne pas avoir fini. Nous avions vraiment le rythme pour gagner ce week-end", a soupiré Lewis Hamilton, dominateur de sa pole position jusqu'au 23e des 59 tours de course, dimanche à Singapour. Fauché en plein vol, contraint d'arrêter sa MP4-27 en rupture de transmission, le Britannique déroulait jusque là un week-end de rêve. Calé sur un rythme compris entre 1'55"7 au 15e tour, deux boucles après son pit stop, et 1'56"1 au 21e passage, le champion du monde 2008 dissimulait de moins en moins son malaise mécanique. "Quelques tours avant, sa McLaren avait perdu de l'huile", avait noté Sebastian Vettel (Red Bull). Jusqu'à ce que le problème devienne public au 22e passage, suite à un chrono de 1'56"9.

"Avant d'abandonner, je temporisais : je gérais simplement l'écart avec Seb [Vettel], derrière moi", a insisté l'Anglais, sûr de son aisance. "J'ai commencé à rencontrer des difficultés avec les rapports, puis j'ai perdu la troisième, puis la boîte de vitesses est descendue jusqu'au point mort", a-t-il raconté à propos de son premier retrait d'ordre matériel cette année. Au Grand Prix d'Europe, à Valence, il avait été expédié dans un mur par Pastor Maldonado (Williams). En Allemagne, il avait crevé sur des débris, et en Belgique il avait été l'une des victimes de la fougue de Romain Grosjean (Lotus) au départ.

De 37 points, son débours sur Fernando Alonso (Ferrari) a bondi à 52 unités puisque le leader du Mondial est parvenu jusqu'au podium. "Evidemment, je suis déçu, mais la bonne chose qui ressort de ce week-end est notre vitesse extrêmement bonne", a relativisé l'Anglais de 27 ans. "Partant de là, nous pourrons vraiment attaquer lors des courses à venir. Ça va être dur de combler le retard sur des gars comme Fernando [Alonso] et Sebastian [Vettel], surtout qu'ils enchaînent les arrivées, mais je ne baisserai pas les bras. Il reste six courses, et je dois les faire pour les gagner toutes les six. Je me battrai jusqu'à la fin."

Embarrassé, Martin Whitmarsh a tiré un coup de chapeau à son pilote. "Jusqu'à ce que le rideau ne tombe sur sa course, Lewis se dirigeait vers une fin de week-end parfait, à une vitesse d'une régularité sensationnelle", a clamé le directeur d'équipe de McLaren. "Clairement, ne pas marquer pour lui 25 points, ce que sa vitesse lui permettait manifestement, est une énorme déception pour nous tous chez McLaren", a ajouté le dirigeant. "Mais comme les téléspectateurs du monde entier l'ont vu dans ses interviews d'après-course, Lewis est un combattant et il ne laissera pas tomber. Nous non plus. Il reste six courses soit un potentiel de 150 points à prendre et il ne faut pas douter qu'il a pour objectif de se rapprocher de ce maximum. Au championnat constructeurs, McLaren est plus que jamais en lice grâce à la deuxième place de Jenson [Button]." Effectivement, McLaren n'a qu'à 37 longueurs du leader Red Bull, l'équivalent d'une victoire et d'une quatrième place.

Battu en vitesse pure par son coéquipier (0"5), Button a eu le mérite de faire une course sûre et vigilante, ce qui lui a valu d'éviter une surprenante élimination. "C'étaient deux heures très difficiles et j'ai failli toucher Sebastian [Vettel] juste avant le premier restart, c'était très juste", a signalé le champion du monde 2009, qui a dénoncé sur le champ l'infraction de l'Allemand, qui a pilé sous son nez pour monter ses disques de freins en température.

"J'avais un bon rythme en début de course, mais ça n'a pas suffi, et après, avec les pneus les plus 'dur', je n'avais pas un bon équilibre général, donc c'est quand même un bon résultat, car je prends à nouveau des points après mon abandon à Monza", a-t-il poursuivi. Il a repris trois points à Fernando Alonso, un détail en regard des 75 points qui le séparent encore de l'Espagnol. Pas de quoi l'empêcher de tracer un avenir optimiste. "Si on compare avec Spa (ndlr : où il a gagné), Suzuka (ndlr : la prochaine course, le 7 octobre) devrait nous convenir."