Grand Prix du Qatar | Pourquoi les pilotes de F1 ont tant de mal à boire pendant les courses
Mis à jour 29/11/2024 à 16:42 GMT+1
Boire est vital pour tout un chacun. Mais pour les pilotes de Formule 1, ce n'est pas toujours aussi simple que cela en a l'air. Lors du Grand Prix du Qatar 2023, beaucoup d'entre eux avaient souffert de déshydratation liée à plusieurs facteurs et aux conséquences multiples. Pourtant, plusieurs pilotes préfèrent s'abstenir de boire. Voici pourquoi.
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C'est un cauchemar qu'ils ont vécu, et qu'ils ne sont pas près d'oublier. Il y a un peu plus d'un an, les pilotes de Formule 1 sortaient d'un Grand Prix du Qatar disputé dans des conditions "à la limite de l'acceptable". C'est en partie pour éviter d'atteindre de tels niveaux de chaleur que ce même Grand Prix, qui débute ce vendredi, a été déplacé dans le calendrier pour devenir l'avant-dernière manche de la saison. L'édition 2024 devrait donc être plus clémente que la précédente.
En 2023, plusieurs pilotes avaient frôlé le malaise - Logan Sargeant, lui, avait même été contraint à l'abandon - et une grande majorité avait souffert de très forte déshydratation. Depuis, certains d'entre eux ont révélé s'abstenir de boire, comme l'a toujours fait Lewis Hamilton, et ce, pour une multitude de raisons.
"Pour comprendre l'enjeu, il faut revenir à l'utilité de l'eau dans ces conditions, rappelle Xavier Feuillée, préparateur physique et mental qui accompagne notamment Esteban Ocon. Elle sert à évacuer la chaleur par transpiration : je transpire, ça s'évapore, j'évacue la chaleur'." Mais sur certaines courses où les températures sont élevées, la donne est quelque peu différente : "L'eau devient chaude et le pilote peut se dire : 'boire de l'eau chaude ajoute de la chaleur, donc je préfère ne pas boire'."
La déshydratation et ses lourds effets
"La boisson ressemble plus à du thé car elle est à plus de 60°C, expliquait Charles Leclerc après le calvaire de Losail l'année dernière, au moment de justifier nombre de difficultés rencontrées en piste. Et puis il y a la déshydratation, les forces G...". En moyenne, la déshydratation intervient après 45 minutes d'effort. Une course durant au moins deux fois plus longtemps, elle peut atteindre des niveaux assez sévères.
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"L'eau, à laquelle on ajoute certains électrolytes, joue un rôle essentiel dans la performance, insiste le directeur de 3.2.1 Perform. D'abord parce qu'elle joue un rôle de transporteur, en faisant circuler des minéraux nécessaires au bon fonctionnement de l'influx nerveux ou de la contraction musculaire, notamment pour éviter les crampes et être efficace physiquement."
Mais ce n'est pas tout : "2% de déshydratation engendre un rétrécissement du champ visuel, indique le spécialiste. Sachant qu'à 150 km/h, vous n'avez déjà plus que 35 degrés d'angle dans la vision... et puis il y a aussi la perte de lucidité. Un pilote ne se rend pas compte de sa propre dégradation. Alors qu'elle influence son jugement, ses prises de décisions. Les réflexes sont dégradés, et la performance purement physique - l'endurance et la force - peut chuter de 30%."
Hamilton et Norris, deux anti-boisson en course
Malgré cela, plusieurs pilotes renoncent à la boisson durant les courses. Lewis Hamilton, qui a parfois eu du mal à gérer les petites envies pressantes au début de sa carrière, a choisi d'y renoncer le plus souvent. D'autant que s'en priver lui a aussi permis de se débarrasser du système embarqué (le contenant et la pompe, pour envoyer l'eau dans le tuyau relié à sa bouche) et d'économiser quelques précieux grammes. Norris, lui, compte sur les doigts d'une main les Grands Prix durant lesquels il a essayé de boire. La plupart du temps, il s'abstient, afin d'éviter de se sentir nauséeux.
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"C'est une affaire de détails, résume Xavier Feuillée. Si un pilote doit aspirer pour boire, il va aussi aspirer de l'air. Et l'estomac, qui est écrasé par les fortes décélérations, ne va pas trop apprécier. S'il boit trop d'un coup, l'estomac n'appréciera pas non plus. Mais s'il ne reçoit pas d'eau du tout, il se referme, se déshydrate lui aussi. Cela peut libérer des toxines dans le sang et produire beaucoup d'acides en peu de temps, pouvant entraîner des spasmes, générer des vomissements, etc." Ce que beaucoup de pilotes ont expérimenté au Qatar, il y a un an.
D'autant que le tracé de Losail, qui confère assez peu de temps morts, n'incite pas beaucoup les pilotes à s'inquiéter de leur hydratation. Beaucoup préfèrent donc trouver les solutions en amont ou en aval, en buvant des formules très concentrées plusieurs dizaines de minutes avant ou après la course. Et s'éviter des moments de détresse physique comme ils en ont vécu sur le circuit qu'ils retrouvent ce week-end.
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