Laura Müller ingénieure de course d'Esteban Ocon : En F1, des femmes au pouvoir… et des trompe-l’œil
Publié 31/01/2025 à 03:24 GMT+1
Elle sera l'une des personnes les plus importantes pour Esteban Ocon chez Haas. Laura Müller est devenue la première femme ingénieure de course de toute l'histoire de la Formule 1. Au sein de la discipline, le combat pour la diversité progresse... lentement. Pour la discipline et sa popularité, l'enjeu est majeur. Mais certains acteurs n'en sont pas encore à la hauteur.
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À jamais la première. Elle s'appelle Laura Müller, elle est allemande et elle est officiellement devenue, il y a dix jours, la première femme à occuper le poste d'ingénieur de course, en l'occurrence d'Esteban Ocon, chez Haas. C'est un petit pas supplémentaire pour elle, qui officiait déjà en tant qu'ingénieure performance de Nico Hülkenberg - un poste moins exposé - mais un pas significatif pour la place des femmes en Formule 1.
Plusieurs d'entre elles occupent déjà, depuis quelques années, des postes clés. Elles ont, notamment, investi les si décisifs rôles de stratèges. Chez Mercedes, Rosie Wait est à la tête du département de la stratégie de course. Chez Red Bull, Hannah Schmitz aura bientôt la même casquette. Ruth Buscombe, dont la capacité d'analyse est hors norme, a occupé un poste similaire chez Sauber, avant de le quitter il y a un peu plus d'un an.
Bref, certaines femmes sont parvenues à se faire une place dans un microcosme historiquement masculin, voire machiste. Elles sont même, régulièrement, mises en avant par des opérations de communication de leurs écuries ou de la F1. Il y a quelques mois, Christian Horner avait été interrogé sur le départ de son stratège en chef, Will Courtenay, pour McLaren en 2026.
Le dirigeant britannique avait sauté sur l'occasion : "Ça donne l'opportunité à Hannah de monter en grade, avait-il répondu à motorsport.com. Si elle n'avait pas eu cette opportunité, elle aurait sûrement été une cible de choix pour d'autres écuries." De quoi renforcer la popularité de l'ingénieure britannique, réputée pour avoir élaboré des plans complexes ayant permis à Max Verstappen de remporter certains Grands Prix (Brésil 2019, Hongrie 2022...).
La F1 a besoin de plus de femmes
L'exposition de certaines de ces cadres ne dit évidemment pas grand-chose de la réalité globale. Malgré les quelques progrès réalisés ces dernières années, notamment sous l'impulsion de pilotes impliqués comme Sebastian Vettel ou Lewis Hamilton, les femmes ne représentaient encore, en 2023, que 37% des employés permanents en F1. Et seulement 29,2% des mieux rémunérés.
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Ces chiffres ont connu une nette augmentation depuis le rachat de la F1 par le groupe américain Liberty Media. C'est un enjeu d'image... mais pas seulement. Après avoir fait grimper en flèche la popularité de sa discipline, les promoteurs se rapprochent désormais d'un plafond de verre. Le briser passera, forcément, par la conquête d'un public plus féminin. Selon Stefano Domenicali, 40% des fans de F1 sont des femmes, alors qu'elles n'étaient que 8% en 2017. Ces chiffres sont, bien entendu, à prendre avec des pincettes...
Une chose est certaine, les acteurs de la discipline ont besoin d'accentuer la présence féminine pour augmenter le pouvoir d'identification et agrandir le public. "C'était une chose qui me manquait vraiment, résumait Ruth Buscombe dans une interview à ESPN en 2021. Même si quelques femmes travaillaient en F1, on ne pouvait pas les voir. Et c'est très difficile d'être ce qu'on ne peut pas voir."
La misogynie est toujours présente
Mais il y a un peu moins d'un an, l'affaire qui a fait trembler Christian Horner, accusé de comportements inappropriés par une employée de Red Bull mais blanchi par une "enquête indépendante" selon la firme, a mis les promoteurs dans l'embarras. Et la gestion de cette crise, au sein de l'écurie comme de la discipline dans son entièreté, a démontré que la F1 n'était pas encore à la hauteur de l'enjeu.
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En 2023, une ingénieure interrogée par le journal allemand "Frankfurter Allgemeine" exprimait ce qu'elle avait plusieurs fois ressenti au travail : "La misogynie est toujours présente même si elle est plus 'subtile' qu'avant. Vous devez constamment faire vos preuves et être meilleure que les hommes qui vous entourent. [...] Celles qui travaillent dans le sport automobile ne disent jamais la vérité. Parce que personne ne veut entendre cette vérité."
En 2025, cette même femme - puisque ce témoignage est bien celui de Laura Müller - sera entendue et écoutée lorsqu'elle transmettra à Esteban Ocon, par radio, des consignes qui seront en partie retransmises aux spectateurs installés devant leur télévision. C'est un pas significatif. Mais le chemin est encore long.
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