Ferrari prend des risques

Ferrari a présenté dimanche dans son fief de Maranello son projet 658 dénommé F2007, reprenant ainsi l'appellation instaurée en 2000 que seule la la 248F1 de 2006 avait interrompue. La monoplace avec laquelle courront le Finlandais Kimi Räikkönen, successeur de Michael Schumacher, et le Brésilien à partir du 18 mars, en Australie, trahit des changements profonds, en témoigne l'allongement de l'empattement, qui éloigne l'axe des roues avant de celui des roues arrière.

Autre innovation visible, les épures de suspensions aux profils très aérodynamiques qui exploitent des gommes Bridestone désormais plus dures, et partagées par les dix autres équipes du plateau 2007. "Ce ne sera pas un avantage pour Ferrari, il n'y a qu'à voir les résultats des essais de cet hiver", a dit Raïkkönen, transfuge de Mclaren. "Je sais que nous aurons moins d'adhérence, à cause des nouveaux pneus, mais ce sera pareil pour tout le monde."

Plus discrète mais aussi plus prometteuse, la greffe d'une boîte de vitesses "seamless" qui autorise des changements de rapports instantanés sans perte de couple moteur. Financièrement coûteuse, mécaniquement complexe, de fiabilisation ardue, le dispositif risqué apporte un gain net d'environ 0.2 à 0.3 sec par tour. Un joker important que seules Renault et BMW abattront à Melbourne. McLaren, qui prétend rivaliser avec les Rouges cette saison après une année balnche, a déjà pris cette spectaculaire marge en 2005, non sans désillusions.

Et puis, la sécurité a aussi interféré sur les plans dressés par les designers, placés sous la responsabilité d'Aldo Costa, remplaçant du sabbatique Ross Brawn. Le règlement a en effet durci les contraintes de crash-tests sur les côtés du cockpit et sur les faces avant et arrière.

On remarquera aussi le rouge exclusif de la bête car Vodafone, contraint par Phillip Morris de déménager chez McLaren, a fait place à Alice.

La F2007 fera ses premiers tours de roue lundi, sur la piste privée attenante de Fiorano. Pour la première fois depuis 1996, Schumacher n'en aura pas la charge. A Massa reviendra cet honneur du "collaudo", que les Anglais appellent "shakedown" et les Français "baptême".

L'enjeu ultime de cette saison se trouve dans le nouvel organigramme, bouleversé par le recul progressif du patron Jean Todt, la retraite de "Schumi, devenu son conseiller, et les départs de Ross Brawn et Paolo Martinelli, technicien et motoriste en chef. Kimi Raïkkönen, qui "espère se battre pour le titre mondial", apprécie déjà l'ambiance moins pincée qu'à Woking. "C'est plus décontracté, ça me plaît", a-t-il dit.

"Je ne vais pas beaucoup changer ma façon de vie, parce que je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure chose à faire. Je veux juste trouver le meilleur moyen de travailler avec toute l'équipe pour que les deux Ferrari soient devant", a confié le vice-champion du monde 2003 et 2005.

"Il faut lui faire confiance et surtout il faut qu'il se sente à l'aise", a souligné Felipe Massa, 3e du Mondial 2006. "Nous allons mettre en commun nos relevés télémétriques, comme on le faisait déjà l'an dernier (avec Schumacher). Nos rivaux seront très forts, alors la clé ce sera qu'on travaille vraiment ensemble et qu'on ait les relations idéales pour que l'une de nos voitures soit devant."