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Formule 1 2022 - La FIA pousse Michael Masi, l'homme du désastre d'Abu Dhabi, vers la sortie et prépare une révolution

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 31/01/2022 à 15:54 GMT+1

SAISON 2022 - La gestion hasardeuse de Michael Masi lors des derniers tours du dernier Grand Prix d'Abu Dhabi, qui avait vu Max Verstappen (Red Bull) coiffer Lewis Hamilton (Mercedes) pour le titre, a incité la Fédération internationale de I'automobile à revoir la gouvernance des courses. Son enquête devrait mettre l'Australien sur la touche et conduire à un éclatement de son rôle.

Michael Masi, directeur de course à la FIA, au Grand Prix d'Abu Dhabi 2021

Crédit: Getty Images

Il serait très étonnant de revoir Michael Masi opérer en directeur de course à Bahreïn lors de l'ouverture de la saison 2022, les 18, 19 et 20 mars à Sakhir. C'est improbable selon les informations que laisse filtrer la FIA depuis quelques jours, et carrément impossible depuis des semaines pour beaucoup d'acteurs du paddock.
L'Australien est sur la sellette depuis sa gestion catastrophique des derniers tours du Grand Prix d'Abu Dhabi 2021, décisif pour le titre mondial Pilotes, et il ne devrait pas s'en remettre. Débordé par les événements suite à l'accident de Nicholas Latifi (Williams), placé entre le marteau Christian Horner et l'enclume Toto Wolff, patrons respectifs de Max Verstappen chez Red Bull et Lewis Hamilton chez Mercedes, il avait sombré dans l'ignorance du règlement et ses improvisations. Sous la pression qu'il s'était lui-même imposée au fil de sa gouvernance, et spécialement en cette année 2021 sous haute tension, il s'était mis en tête de répondre en direct à la radio à Horner et Wolff, et chose même plus incroyable de négocier avec eux.
Il s'y était perdu. Il aurait fallu stopper la course au drapeau rouge à 5 tours de la fin ou appliquer le code sportif relatif à la gestion de la voiture de sécurité en faisant passer au plus vite les concurrents retardataires - et pas seulement ceux entre Lewis Hamilton, leader, et Max Verstappen, deuxième - pour faire redémarrer la course pour deux tours qui auraient au moins respecté les lois que le sport s'est fixées. A vouloir sauver le spectacle, éviter une fin de course sous régime de voiture de sécurité, il avait fini par relancer les bolides pour un 58e et ultime tour d'une iniquité sportive totale pour Lewis Hamilton et Mercedes.

"Un débat qui ternit l'image du championnat"

C'était écrit noir sur blanc : ce dernier tour aurait dû s'effectuer sous régime de neutralisation, et c'est ce que lui avait reproché Toto Wolff, à travers l'appel interjeté par Mercedes auprès de la FIA quant au résultat, à l'arrivée. Puis finalement retiré pour une question d'image que le constructeur allemand tenait à garder. Gagner sur tapis vert aurait été peut-être pire que tout.
Estimant Lewis Hamilton volé de son 8e titre, le manager autrichien avait ajouté n'avoir rien à dire à Michael Masi. Pour acter une forme de rupture avec la Fédération internationale de l'automobile et peut-être parce qu'il n'avait rien obtenu de lui. "Pas de voiture de sécurité !", l'avait-il exhorté, dans les instants suivants l'accident de Nicholas Latifi.
Le 16 décembre, soit quatre jours après l'invraisemblable fin du thriller, Jean Todt avait ouvert une enquête officielle pour tirer les enseignements de ces défaillance en série, à la veille d'achever son mandat de président de la FIA. Le dirigeant français vit mal sa fin de règne, il constate "une incompréhension et des réactions significatives de la part des écuries, pilotes et fans de Formule 1" et "un débat qui ternit l'image du championnat". Sans parler de la remise des prix au gala de la FIA à Paris, boycottée par Lewis Hamilton et Mercedes, qui a refusé d'envoyer sa W12 championne du monde.

Mercedes pas seul plaignant

Fraîchement installé dans son fauteuil, Mohammed Ben Sulayem s'est empressé de défendre l'Australien en expliquant qu'il n'était "pas en cause", tout en précisant vouloir "préserver l'intégrité de la FIA". En décodé ? Il est urgent de protéger l'homme, vilipendé sur les réseaux sociaux, plus que la fonction elle-même, bien que ses champs de compétences soient à revoir selon l'aveu même des interférents Horner et Wolff, conscients que saisir le directeur de course à tout propos pour l'influencer relevait d'un mélange des genres douteux, contre-productif pour le sport.
Les investigations lancées, l'affaire s'emballe inévitablement et l'étau commence à se resserrer sur Michael Masi, par ailleurs humainement très apprécié au sein du paddock. Mercedes n'est bientôt plus le seul plaignant : d'autres équipes font remonter les griefs d'une campagne entachée par plusieurs décisions incohérentes, au mépris d'une jurisprudence que l'arbitre des courses se faisait fort d'imposer. Ce n'est pas tout. Michael Masi, c'est aussi l'homme qui a inventé, sous la pression des enjeux financiers, un Grand Prix de Belgique à un tour, derrière une voiture de sécurité. Il s'est aussi trop souvent laissé promener par un Max Verstappen toujours prêt à jouer avec les lignes blanches, embarquer Lewis Hamilton en hors-piste pour maquiller ses défenses illicites, comme au Grand Prix de Sao Paulo. Fernando Alonso (Alpine) l'a aussi challengé en passant volontairement par un raccourci au départ du Grand Prix de Russie pour mieux dénoncer des décisions de la FIA à géométrie variable. Beaucoup pour un seul homme.
Michael Masi, directeur de course à la FIA, lors d'un tour de contrôle de la piste d'Austin avant le Grand Prix des Etats-Unis d'Amérique 2021

Le tout répressif et "let them race" en même temps

Premier signe tangible de changement, la FIA publie le 12 janvier son nouvel organigramme incluant des membres de la nouvelle équipe de Mohammed Ben Sulayem. Peter Bayer, secrétaire général de la FIA aux Sports mécaniques sous Jean Todt, y remplace Michael Masi à la Commission Monoplace pour le sport. En clair, l'Aussie n'a plus la main sur ce règlement qu'on lui reproche de ne pas savoir appliquer, spécialement concernant la voiture de sécurité. Pourquoi dorénavant en amenderait-il des passages ? Pourquoi même saurait-il suivre la règle mieux qu'avant ?
Le 13 janvier, la FIA révèle enfin ce qui se trame en coulisses. L'utilisation de la voiture de sécurité est la première réforme à mener, avec l'objectif de ne plus revivre les épisodes de Spa et d'Abu Dhabi. La seconde est la clarification des règles en piste et l'appréciation des incidents par la FIA. Depuis des mois, la FIA jongle entre le tout répressif et le "let them race" ("laissez-les courir"). L'ensemble des équipes et des pilotes vont ainsi être consultés à partir du 19 janvier pour des résultats que la FIA présentera le 14 février, soit un mois avant la première manche du Mondial 2022.

Un médiateur "tampon" entre les équipes et la direction des GP

Peter Bayer assure que Michael Masi va être remplacé à la direction de course des Grands Prix. Il souffle à la BBC que le rôle du directeur de course, devenu tentaculaire, va être confié à plusieurs personnes et qu'il est question de créer une salle de contrôle à la FIA, peut-être dans ses locaux à Genève, chargée de juger les incidents et appliquer rigoureusement les sanctions. Comme le faisait le collège des commissaires sportifs, dont la composition tournante pose problème. Le but : mettre en place un médiateur entre les équipes et la direction de course de sorte d'empêcher les deux entités de se parler directement.
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