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En 2023, l'Allemagne de la Formule 1 repart à zéro

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 03/01/2023 à 14:44 GMT+1

FORMULE 1 2023 - Sans Grand Prix national depuis 2019 et désormais sans écurie championne du monde en titre, l'Allemagne n'y a pas non plus gagné avec la retraite de Sebastian Vettel (Aston Martin) et le retour cette saison du vétéran Nico Hülkenberg, 35 ans, en remplacement de Mick Schumacher, évincé de Haas. Loin de ses années fastes, l'Allemagne, en plein déclassement, est menacée par l'oubli.

Mais qu'irait faire Mick Schumacher chez Mercedes ?

2023, année zéro de l'Allemagne en Formule 1, ou presque. A tous les niveaux. L'Allemagne, qui alignait l'an dernier encore des champions sur la grille de départ, a quasiment disparu des radars à l'orée de cette nouvelle saison.
Tout d'abord, le paddock ne passera pas par le pays de Johann Wolfgang von Goethe. Un calendrier sans Grand Prix outre-Rhin, ce n'est pas une nouveauté mais c'est devenu une mauvaise habitude. Depuis la parenthèse de l'agenda 2020 construit en direct par le promoteur du championnat sous fond de pandémie de Covid, l'Allemagne a bel et bien perdu sa place dans le concert international. Celle d'un Grand Prix national donné 64 fois en 73 saisons depuis la création du Mondial, en 1950.
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Michael Schumacher (Ferrari) salue la foule après sa victoire au Grand Prix d'Allemagne 2006

Crédit: Getty Images

C'était déjà symptomatique, l'épreuve disputée au Nürburgring avait pris en 2020 le nom de Grand Prix de l'Eifel. Les organisateurs n'avaient insisté pour reprendre l'appellation Grand Prix d'Allemagne (en partie pour des raisons contractuelles) et ils avaient choisi de promouvoir la région. De son côté, Mercedes ne s'était déjà pas senti obligée, cinq ans plus tôt, de mettre la main à la poche pour sauver le tour de table d'une épreuve contrainte de faire une autre impasse, en 2017, pour les mêmes questions de gros sous. Hockenheim et le Nürburgring tentaient à l'époque de faire croire à une alternance, qui cachait en réalité un désintérêt incompréhensible au cœur de l'épopée de Mercedes, dont le principal contradicteur n'était autre que Sebastian Vettel et Ferrari, l'écurie des années de gloire de Michael Schumacher. Depuis, le prix du plateau - autrement le prize money que le promoteur de la course doit verser à Formula 1 - a flambé et rendu plus improbable encore ce retour.

La période dorée des Schumacher, Vettel et Rosberg

Cependant, l'impression de déclassement est surtout due à la retraite de Sebastian Vettel. Il n'avait plus gagné plus depuis 2019, avec Ferrari, mais sa présence était un gage de prestige, même au volant d'une Aston Martin de milieu de grille, avec laquelle il a réussi quelques miracles en fin de saison. Son départ ne sera sûrement pas compensé par le comeback de Nico Hülkenberg, chez Haas. Sans la moindre chance - à moins d'un miracle - d'un podium dont il n'a du reste jamais eu les honneurs en 181 participations. Un triste record.
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Sebastian Vettel (Aston Martin) au Grand Prix du Japon 2022

Crédit: Getty Images

"En Allemagne, la Formule 1 est devenue une tragédie dont tout amateur de sport automobile ne peut qu'avoir honte", s'est indigné Norbert Haug, l'ancien vice-président de Mercedes Motorsport, sur RND, dans des propos rapportés par motorsport.com. "De 1994 à 2016, il y a eu des champions du monde allemands comme si c'était une lignée : sept titres pour Michael Schumacher, quatre consécutifs pour Sebastian Vettel, et le dernier en date pour Nico Rosberg en 2016."

Jusqu'à deux Grands Prix par an

Pendant une quinzaine d'années, le moteur Mercedes a aussi roulé à l'avant du peloton et propulsé Mika Häkkinen (2 titres), Lewis Hamilton (1) et Jenson Button (1) vers la gloire, tout comme McLaren (1 titre) et Brawn (1) au palmarès des marques. Et même si ce n'était pas pour des titres officiels, faute pour Mercedes d'avoir un statut de fabricant de châssis, c'est finalement arrivé avec l'engagement de la firme à l'Etoile comme constructeur à part entière, en 2010. Pour une saga démarrée en même temps que l'ère turbo-hybride en 2014 (6 titres pour Lewis Hamilton, 1 pour Nico Rosberg), et seulement stoppée par le doublé de Max Verstappen et Red Bull, en 2022.
"Pendant une douzaine d'années, à la fin des années 90 et dans les années 2000, il y avait deux Grands Prix de Formule 1 par an en Allemagne (sous l'appellation Grand Prix d'Europe ou… du Luxembourg), devant des tribunes complètes avec plus de 100 000 spectateurs. Sur RTL, il y avait 12 millions de téléspectateurs, contre trois millions aujourd'hui", déplore encore Norbert Haug.

Aucun pilote en vue en Formule 2 ou Formule 3

On réalise à quel point cela avait été miraculeux pour l'Allemagne de trouver en Sebastian Vettel un successeur à Michael Schumacher, qu'elle n'avait pas pour rien appelé "Baby Schumi". Mick Schumacher, le fils de Michael, aurait pu être celui-ci. Pendant deux ans, junior n'a convaincu ni Ferrari ni Haas et il a peut de chance de trouver un débouché chez Mercedes, dont il est devenu un réserviste. Toto Wolff l'a peut-être plus engagé pour une question d'image et de fidélité au nom Schumacher, que la firme avait formé au Sports prototypes, que pour réellement préparer l'avenir.
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Nico Hülkenberg (Haas)

Crédit: Getty Images

Et malheureusement, l'Allemagne ne voit poindre à l'horizon aucun jeune talent. Elle n'avait qu'un pilote l'an dernier en Formule 2, David Beckman, et il a terminé 18e du championnat. Elle n'avait qu'un représentant en Formule 3 en 2022, David Schumacher. Le fils de l'ex-vainqueur en Formule 1 Ralf et neveu de Michael a fait une saison encore plus fantomatique, conclue au 28e rang...
Norbert Haug souligne que Mercedes a sûrement eu raison de revenir en Formule 1 en achetant l'écurie Brawn fin 2009, et employer deux pilotes britanniques au potentiel incontestable. Mais il ne comprend pas ce creux générationnel après tant d'abondance. La solution arrivera peut-être avec l'arrivée d'Audi en 2026. La marque aux anneaux s'est fixé pour objectif de gagner à partir de 2028, et aura pour cela besoin de pilotes expérimentés. Elle n'a pas encore précisé ses projets en termes de détection et de formation des talents de demain. Elle est toujours mieux placée que Porsche, qui a carrément gelé son engagement en Formule 1. Une chose est sûre, l'Allemagne va devoir s'armer de patience.
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