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Onesta, l'indépendant

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 13/01/2011 à 12:25 GMT+1

Au fil des années, Claude Onesta a su imposer sa méthode et sa vision des choses à la tête des Bleus. Celui qui a succédé à Daniel Costantini en 2001 a emmené l'équipe de France au sommet du handball mondial tout en imposant une autorité joviale mais ferme.

2010 Euro Claude Onesta

Crédit: Reuters

Près d'une décennie plus tard, Claude Onesta pourrait y voir un sympathique clin d'œil de l'histoire. Mercredi, avec l'espoir d'y défendre son titre acquis deux ans plus tôt à Zagreb, l'équipe de France s'est envolée pour la Suède. La terre qui accueille le 25e Championnat du monde a également vu l'actuel sélectionneur disputer sa première compétition à la tête des Bleus. C'était en 2002, l'Euro scandinave s'était soldé par une sixième place pour la France. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Mais Claude Onesta est toujours là, lui.
 La passation de pouvoir entre Daniel Costantini et Claude Onesta a lieu le 12 mars 2001. Au lendemain du Mondial victorieux en France, le Marseillais a décidé de se retirer et a confié les clès de la maison bleue à l'Albigeois. Ancien professeur de sport, Onesta découvre un nouveau monde. A la lutte pour le poste avec Philippe Gardent, c'est l'entraîneur de Toulouse, au caractère bien trempé et rebelle dans l'âme, qui est choisi. L'héritage semble lourd à porter. Comment en pourrait-il en être autrement ? Costantini, c'est seize longues années à la tête de la sélection, quatre médailles mondiales dont deux en or (1995 et 2001), une médaille de bronze olympique (1992). Rien que ça…
"Le passé peut être riche mais également encombrant"
Lors de l'Euro 2002, les Bleus quittent donc la Scandinavie au sixième rang continental. L'ombre de Costantini plane toujours au-dessus de l'équipe de France. Onesta est comparé à son prédécesseur, lui ne cesse d'affirmer son indépendance : "On ne balaie pas le passé et on ne doit pas l'oublier. Malheureusement, il peut être riche mais également encombrant", déclare-t-il à L'Equipe en février 2006. "J'ai l'esprit de famille, de convivialité et de partage. Pas question donc d'être un homme-orchestre". Les bases sont fixées. Onesta n'est pas là pour amuser la galerie. Il souhaite juste qu'on lui laisse du temps pour installer sa méthode. Et s'acclimater à l'échelon international : "En 2002, j'ai découvert le haut niveau et les règles nouvelles. Il fallait que je me construise dans le rapport avec les gens. Les arbitres, les instances internationales, les délégués".
L'année suivante, les Bleus disputent le Mondial au Portugal. Dominée d'un rien par l'Allemagne (22-23) en demi-finale, l'équipe de France s'octroie tout de même le bronze, face à l'Espagne (27-22). En 2004, l'Euro slovène (6e) et les JO d'Athènes (4e) ne sont pas à la hauteur des attentes escomptées. Pour autant, le Mondial 2005 marque un tournant dans la carrière de Claude Onesta et dans sa gestion. En Tunisie, les débuts – et c'est un mal français - sont poussifs. Ceux qu'on appelle alors les Costauds passent tout près de la correctionnelle au premier tour. Une victoire contre le Danemark (32-26) lors du dernier match de poule permet aux hommes d'Onesta de poursuivre l'aventure. La machine est finalement lancée et c'est le bronze que les Bleus se verront décerner. Onesta procède alors à quelques modifications dans son fonctionnement. Pour faire court, il s'affirme et prend le pouvoir. A sa manière
Diviser pour mieux régner
Sa Fédération continue de lui demander des comptes. Lui décide de diriger ses ouailles à sa façon. Il veut moderniser son fonctionnement. Les joueurs lui sont désormais dévoués corps et âme. Et la confiance est réciproque. Le Mondial tunisien, disputé du début à la fin dans la douleur, a renforcé cette harmonie. Sa méthode est entrain de lui donner raison. Dès 2002, dans un entretien accordé à L'Equipe, Onesta avait esquissé les premiers traits de sa méthode : "Les gens joviaux ne sont pas forcément des charlots. L'avantage, c'est que tu peux faire le candide, tourner les choses en dérision (…) Oui, tu peux dire des choses sérieuses et saignantes avec le sourire". Si Costantini agissait en monarque absolu, Onesta décide lui de déléguer : "Je reconnais la compétence, pas l'autorité. J'ai une vraie réactivité par rapport à l'injustice. Je suis allergique à la discipline et aux obligations mais très tolérant et attaché au respect des autres (…). Un groupe uniforme et lisse, ça doit être chiant".
Sa façon de procéder fait ses preuves. L'Euro suisse de 2006 propulse les Bleus sur le toit de l'Europe. L'année suivante, l'Allemagne et son arbitrage maison stoppent la marche en avant tricolore. Injustement éliminés en demi-finale, les Bleus (4e) quittent le Mondial abasourdis. Un mal pour un bien diront certains. Depuis, l'équipe de France a tout raflé : JO de Pékin, une 3e étoile mondiale sur le maillot décrochée en 2009, Euro 2010. A partir de vendredi, ceux qui sont devenus les Experts, petits-fils des Bronzés et des Barjots de Costantini, s'apprêtent à défendre leur titre. En Suède, là où tout a commencé pour leur sélectionneur. Au sortir de neuf longues années, Claude Onesta est toujours en poste. Poussé par ses convictions, l'homme a su s'adapter au système, imposer sa confiance à ses hommes, et "analyser leurs capacités à collaborer". Pour la réussite qu'on lui connaît. "On ne dure que pour une seule raison: les gens se réalisent dans ce qu'ils vivent et ils continuent à avoir envie", estime-t-il. Novatrice, la méthode s'est avérée payante, alors, aujourd'hui, pourquoi changer ?
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