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De Dunkerque à Kiel, le conte de fée de Samir Bellahcene : "J’ai toujours été un rêveur, c’est ce qui me fait avancer"

Fabien Esvan

Mis à jour 26/10/2023 à 20:30 GMT+2

C'est l'une des plus belles histoires du handball français ces derniers mois. Colossal avec Dunkerque en Starligue, appelé en équipe de France sans jamais avoir porté le maillot des sélections jeunes, Samir Bellahcene vit aujourd'hui un rêve éveillé à Kiel où il n'a pas tardé à se fondre dans le collectif du géant allemand. Avant de retrouver Paris en C1, le gardien s'est confié à Eurosport.

Samir Bellahcene (THW Kiel) célèbre sa partie héroïque contre le HSV Hamburg en Bundesliga, en octobre 2023.

Crédit: Imago

Il serait injuste et inapproprié de classer Samir Bellahcene dans la catégorie des mascottes. Mais son fabuleux destin fait partie de ces histoires qui font la beauté du handball. A 28 ans, et après un parcours "du combattant", le natif de Montpellier s'est imposé comme l'une des références à son poste dans l'Hexagone. Des performances qui lui ont ouvert les portes des Bleus et du golgoth allemand Kiel ces dernières semaines.
Recruté en tant que joker pour pallier la blessure de Vincent Gérard, Samir Bellahcene continue de vivre son rêve en Allemagne. De retour en France pour affronter le PSG en Ligue des Champions (coup d'envoi ce jeudi, 20h45, à suivre sur Eurosport), le champion s'est longuement confié à Eurosport sur sa nouvelle aventure.
Samir, vous n'êtes partis de Dunkerque que début septembre, mais c'est déjà le grand retour en France…
Samir Bellahcene : C’est toujours plaisant de revenir. Je suis excité, j’ai hâte. Même si ça ne fait qu'un mois et demi que je suis parti, il s’est passé tellement de choses, il y a eu beaucoup de matches, beaucoup d’entraînements. J’ai hâte de jouer ce match contre le PSG, de reparler français, de revoir Paris. J’y ai toujours perdu, mais j’espère gagner cette fois.
Quand j’arrive à Kiel et que je vois les joueurs avec qui je m’entraîne… Je les voyais à la télé il n’y a pas si longtemps que ça (...) J’espère que le rêve va se prolonger le plus longtemps possible.
Tout est fou pour vous depuis quelques mois avec votre grosse saison à Dunkerque, votre première cape en Bleu, ce départ à Kiel. Est-ce que vous réalisez ?
S. B : C’est une année 2023 qui restera gravée à jamais. Je suis quelqu’un qui profite de chaque instant. J’essaie de ne pas me rendre compte, de ne pas faire le bilan. Je ne veux pas me dire que c’est dingue. Je vis un rêve éveillé, mais je me suis donné les moyens d’y arriver. J’ai toujours été un rêveur. C’est ce qui fait que j’avance, que je travaille. Quand j’arrive à Kiel et que je vois les joueurs avec qui je m’entraîne… Je les voyais à la télé il n’y a pas si longtemps que ça. C’est un truc de fou, je le souhaite à tout le monde. J’espère que le rêve va se prolonger le plus longtemps possible.
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Prandi : "Les performances de Bellahcene ne me surprennent pas"

Qu'est-ce qui fait la force de Samir Bellahcene ?
S. B : Je dirais le mental. Je pense que je n’ai pas eu un parcours comme les autres, je n’ai jamais rien lâché. J’ai connu l’équipe de France en 2023 alors que je n’avais jamais eu de sélections en jeunes. J’ai toujours été le numéro deux de base, j’ai dû me battre. Je suis quelqu’un de très passionné par ce sport, j’en mange matin, midi et soir. Je regarde tout, des matchs de Proligue, de Starligue, de Ligue des Champions. C’est une force.
Cette signature à Kiel, c'est un rêve de gosse qui s'est réalisé ?
S. B : À chaque fois que j’arrive à me rendre compte que j’y suis que je fais partie de l’équipe, je suis reconnecté. Ce week-end, j’avais des amis de longue date qui étaient en Allemagne et les voir là-bas, ça me permet de réaliser que c’est fou ce qui m’arrive, que c’est un rêve. Ça fait toujours du bien de se le dire. Il y avait eu ce stage à Kiel que j’avais fait quand j’étais plus jeune, c’est pour ça que j’ai travaillé, que j’ai fait du handball.
Comment avez-vous appris l'intérêt de Kiel ?
S. B : On sortait d’un match de coupe de France avec Dunkerque (ndlr, contre Sarrebourg le 30 août). On allait partir à Toulouse, et la veille du départ, mon agent m’a appelé pour me dire que Kiel me voulait. J’avais un peu tempéré car j’avais eu un épisode avec un gros club cet été, mais le transfert ne s’est pas fait. Je ne voulais pas m’emballer, mais au final les coaches de Dunkerque m’ont appelé pour me dire que c’était bien vrai. Je ne vais pas mentir, je n’ai pas réfléchi longtemps. J’aime Dunkerque, ce sera le club de cœur de ma carrière, mais je n’ai pas hésité et j’ai dit oui tout de suite. Ça s’est réglé en 72 heures.
J’ai l’impression de sortir de chaque entraînement avec une évolution et que j’ai appris une nouvelle chose.
Il y a énormément de qualités dans l'effectif avec Domagoj Duvnjak, Elias Ellefsen, Patrick Wiencek, Niclas Ekberg : le casting est cinq étoiles pour vous…
S. B : Enrichissant, c’est le mot qui me vient tout de suite à l’esprit. C’était un peu impressionnant les premiers jours car je n’avais jamais côtoyé des joueurs de cet acabit. La plupart ont gagné la Ligue des Champions, ils ont une énorme expérience. J’ai l’impression de sortir de chaque entraînement avec une évolution et que j’ai appris une nouvelle chose. Ils sont vraiment dans le partage.
Quelles différences voyez-vous entre la Liqui Moly Starligue et la Bundesliga ?
S. B : L'engouement, déjà. Chez nous, il y a plus de monde en championnat qu’en Ligue des Champions. Contre Lemgo, c'était guichets fermés. Ce n’était pas le cas contre Szeged ou Kielce, c’est quand même incroyable. Il y a une histoire de moyens, notamment au niveau des infrastructures, des dispositifs TV. C’est un peu ce qu’on peut voir dans les stades de foot en Ligue 1. Il n’y a que des grosses salles. Le handball a autant d’importance que le football. La France a le potentiel de le faire, il y a du travail.
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Samir Bellahcene avec ses coéquipiers de Kiel après la victoire contre le Pick Szeged en septembre 2023.

Crédit: Imago

Et au niveau du jeu ?
S. B : Je dirais que c’est plus tactique en France, plus posé. En Allemagne, c’est puissant, les arrières shootent de loin. C’est aussi une question de culture.
La saison est à deux vitesses pour Kiel jusqu'à présent avec des difficultés en championnat (7e avec 5 victoires et 4 défaites). C'est un peu une "mini-crise" qu'on n'a pas l'habitude de voir…
S. B : Forcément, c’est compliqué. C’est un club qui n’a pas l’habitude de perdre. Je maintiens que c’est le meilleur club du monde parce que même dans les crises, personne n’abandonne, ne tire la tête que ce soit le staff ou les joueurs. On redouble même d’efforts. Personne ne rechigne à la tâche. C’est là où on voit les grands joueurs. Certes, c’est une crise mais il faudra faire le compte à la fin de l’année. C’est ce qu’on se dit. Il y a déjà eu des passages à vide comme cela et Kiel s’en est toujours sorti. Il faut être patient.
Vous arrivez à tirer votre épingle du jeu là-dedans. Il y a notamment eu ce match contre Hambourg le 8 octobre où vous sortez 17 arrêts (!) pour mener les vôtres au succès (34-23). Racontez-nous ce moment…
S. B : C’était spécial, parce qu’on avait beaucoup de blessés. On sortait d’une défaite en Coupe contre Wetzlar à domicile. On avait une hécatombe de Covid avec notamment quatre cadres dont Thomas Mrkva, l’autre gardien. J’ai pris conscience que j’allais être tout seul. Contre Hambourg, j’ai été titulaire du fait des absences, ça s’est bien passé. J’ai travaillé le match, on m’a montré une grande confiance. Ça m’a lancé de faire une grosse prestation à domicile. Quand tout est aligné, la défense, mon état de forme, c’est génial.
L'Euro avec les Bleus ? C’est l’objectif de cette saison pour moi.
Il est encore tôt pour dresser un plan d'avenir, mais Kiel a recruté Gonzalo Pérez de Vargas pour 2025, Vincent Gérard est là jusqu'en 2024. Est-ce que vous avez déjà parlé de votre avenir avec les dirigeants ?
S. B : On verra. Il y a une deadline avec Dunkerque. Ce sera réglé avant la trêve hivernale. On y verra plus clair dans les jours à venir.
Vous avez goûté à l'équipe de France ces derniers mois. L’Euro en Allemagne (du 10 au 28 janvier 2024) est aussi dans un coin de votre tête…
S. B : C’est l’objectif de cette saison pour moi. Pour les JO, on verra ce qui se passe dans l’année. Il ne faut pas brûler les étapes, on verra mon évolution. J’ai envie d’aller à l’Euro, de pouvoir y performer, pouvoir y être ce serait déjà pas mal.
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