Ligue des champions de handball : avec neuf buts d'avance avant le retour, Montpellier a son destin en mains, mais…

"Ça va être très dur de remonter… Neuf buts, c'est beaucoup… Tout est possible dans le sport, on ne sait jamais, mais ce ne sera pas facile…" Taulier de Kiel, avec qui il a tout connu depuis 2016, Mykola Bilyk n'était pas résigné il y a une semaine, mais presque. Chahutés à Bougnol en quart de finale aller de la Ligue des champions, les Allemands sont dos au mur après la démonstration montpelliéraine.

Solidaires et colossaux dans tous les compartiments du jeu, les Héraultais ont fait très forte impression pour mettre un pied et quelques orteils au Final Four de la Ligue des champions en juin prochain (à suivre en intégralité sur Eurosport). Bien lancé, le MHB est attendu au tournant dans le nord de l'Allemagne. Les Héraultais en sont conscients. "On n'est qu'à la 'mi-temps', on n'a pas envie de s'enflammer non plus", alertait Rémi Desbonnet, invité sur Eurosport la semaine passée. Il a de bonnes raisons d'être prudent.

Monstres européens chacun à leur manière avec deux titres pour le club français et quatre pour son homologue allemand, Montpellier et Kiel en ont connu des rebondissements sur la scène continentale. Connus pour leur armada au fil des décennies, les Zèbres se sont taillé une solide réputation d'équipe accrocheuse, qui n'abdique jamais.

A Montpellier, les Kieler ont subi la deuxième défaite la plus lourde dans un match à élimination directe, à égalité avec la demi-finale de 1999-2000 contre le Badel Zagreb (22-13). Le revers de sept buts toujours en demie contre Barcelone en 2007-2008 est aussi important dans cette histoire (44-37). Le point commun entre ces deux dérapages ? A chaque fois, le géant d'outre-Rhin est parvenu à se qualifier.

Les retournements de situation sont nombreux en Ligue des champions. Depuis 1996-1997, plusieurs comebacks d'anthologie sont à noter : en 2004, Celje avait remonté un retard de 13 buts pour se qualifier aux dépens d'Ademar Leon, Montpellier avait réussi à combler neuf buts d'écart contre Kolding en 2005 tandis que Flensburg avait dompté Celje en 2006 malgré 10 unités de retard à l'aller. Toutes ces qualifications s'étaient jouées sur le nombre de buts marqués à l'extérieur. Cette année, la règle a disparu, comme en football. Il faudra passer par la séance de tirs aux buts en cas d'égalité sur les deux matches.

Montpellier ne doit certainement pas tirer la sonnette d'alarme, loin de là. Rémi Desbonnet insistait sur la nécessité de rester concentré après le match aller. "On est un club qui a beaucoup d'expérience dans cette compétition. On sait que les retournements de situation, ça arrive et qu'il y en a de partout. On sait qu'on va être attendus le couteau entre les dents."

Malgré les blessures d'Ahmed Hesham et Kyllian Villemonot, les doubles champions d'Europe veulent capitaliser sur ce qu'ils ont construit. "On n'est pas du genre à se lamenter sur notre sort. On ne peut pas se considérer au complet quand on voit qu'il nous manque Ahmed et Kyllian, qui sont deux des joueurs phares de notre effectif et des pièces offensives majeures", confirme le gardien français sur Eurosport. "On a dû trouver un équilibre sans eux depuis une demi-saison. Chacun connaît son rôle et son importance dans l'équipe. On peut notamment compter sur Bryan Monte qui fait une saison incroyable."

Ce MHB a surtout du cœur, comme le rappelle le portier. "On vit une aventure incroyable en Ligue des champions, on a vraiment un esprit de corps très fort. Les mecs sont d'une générosité en défense, on met ma perf' en avant, mais il faut voir ce qu'ont donné les mecs hier (ndlr, lors du match aller)… J'ai envie qu'on s'offre un Final Four et de rêver à tout ce qu'il est possible de rêver."

Samir Bellahcene nous confiait il y a peu que "Montpellier est une équipe qui n’a jamais été aussi forte et aussi dangereuse quand elle est blessée comme ça." Cette fois, c'est Kiel qui endosse le costume. Le géant n'a plus que la Ligue des champions pour sauver sa saison. Dans une Wunderino Arena hostile, Montpellier a les cartes en main, mais devra encore faire le match parfait pour voir Cologne.