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Sa formation, les Bleus, Kiel, son côté "tueur" : Thierry raconte Omeyer

Eurosport
ParEurosport

Publié 29/10/2020 à 00:42 GMT+1

Avec 59 trophées à son actif, Thierry Omeyer est un des sportifs français les plus titrés tous sports confondus. Désormais à la retraite, le plus grand gardien de but de l'histoire du handball a raconté son histoire et sa carrière dans un livre qui vient de paraître. En voici quelques extraits.

Thierry Omeyer sous le maillot du PSG lors de la saison 2018-2019, la dernière de son immense carrière.

Crédit: Getty Images

Les extraits ci-dessous sont tirés de l'autobiographie de Thierry Omeyer, intitulée "Chaque but est une défaite", qui vient d'être publiée aux éditions Marabout.
Gardien, ce poste qu'il a choisi
Quand j’étais petit, on mettait dans le but celui qui ne savait pas courir, celui qui n’était pas très doué balle en main. Je n’étais pas mauvais dans le champ mais je me suis orienté de moi-même vers le poste de gardien, a 12 ans. D’abord parce que je trouvais que le nôtre n’était pas très bon et, puis parce que j’avais envie de tenter ma chance. On avait organisé un petit concours avec d’autres joueurs que ça tentait aussi et je l’avais gagné. Je ne sais pas pourquoi mais je pense que je sentais que c’était là ou je devais être, en tout cas, que je devais essayer.
Le temps des autographes
En 1989, le Mondial B était organisé en France et les Bleus étaient venus à Mulhouse faire un tournoi de préparation. On était allé les voir au palais des sports, j’avais récolté les autographes de presque toute l’équipe, j’avais accroché le petit carton de match dans ma chambre, ou étaient déjà affichés les posters individuels de tous les joueurs. C’était juste avant l’époque des Bronzés, c’était les débuts de Jackson Richardson, Philippe Gardent et tous les Barjots, Volle, Lathoud, Costantini, etc. L’équipe de France, n’était encore qu’un rêve de gosse.
L'appel des Bleus
Je suis chez mes parents quand je reçois l’appel de Daniel Costantini. Je savais que ça pouvait arriver, le président de Sélestat m’avait prévenu. Nous sommes en mai 1999, après le Championnat du monde ou les Français viennent de se qualifier pour les JO.
Ce jour-la, mon téléphone – c’était le début des portables – sonne. C’est Daniel Costantini, le sélectionneur de l’équipe de France. Il m’annonce qu’il me prend pour le stage de fin aout, trois semaines de préparation pour les matchs de qualification pour le Championnat d’Europe. Il rappelle Bruno Martini, après deux ans de pause, et Christian Gaudin, le numéro 1, qui venait de faire un très bon Mondial 1999. J’ai 22 ans et l’équipe sort d’un Mondial ou elle termine à la sixième place assurant ainsi sa qualification pour les JO de Sydney. Daniel souhaite également un troisième gardien plus jeune pour commencer le renouvellement à ce poste.
Je raccroche. Je suis dans ma chambre, je ne sais même pas trop comment descendre l’annoncer à ma famille, je n’arrive pratiquement pas à parler : je vais partir avec l’équipe de France. Je me souviens qu’il y a eu beaucoup d’émotion. Pour moi, c’est la plus belle équipe pour laquelle l’on puisse jouer.
2001 : "Je suis champion du monde"
Il y a une photo de moi sur le banc où je tombe dans les bras de Daniel. On est champions du monde. Je n’ai jamais rien gagné et je commence par un titre de champion du monde. Je n’arrive pas à réaliser. Tu es chez toi, tu as tout le public avec toi, ta famille, tous les gens qui ont contribué à ce que tu arrives la, même mon entraîneur de sport-étude était là ! Après, j’étais avec mon frère Christian et je lui répétais : "Je suis champion du monde." Tu le sais mais tu ne réalises pas ce que ça signifie.
(…) On va à l’Élysée ou nous sommes reçus par Jacques Chirac, on est décorés. Les doubles champions du monde reçoivent la légion d’honneur, nous, le titre de chevalier de l’ordre du mérite. Et ça ne s’arrête pas. Tu fais la fête a Paris, OK, mais, ensuite, tu prends l’avion pour Montpellier, les supporters sont à l’aéroport. On nous demande d’attendre dans l’avion, de sortir les derniers, on se demande ce qui va se passer et, en sortant, on voit plein de monde. Il y a foule aussi sur la place de la Comédie. Et ou que tu ailles jouer en club, encore et encore, on te congratule.
Handball : capitale, Kiel
A Kiel, les gens vivent pour le club. Il y a 200 000 habitants et il n’y a que ça qui compte. Le club de hand est un monument. La Sparkassen-Arena, la mythique Ostseehalle à mes débuts, est en plein centre-ville, tu te promènes dans la rue, tout le monde te connaît, te fait des sourires. Tu sens beaucoup de respect et tu sens que tu fais partie de leur vie. Les gens sont habitués à côtoyer les joueurs au quotidien.
(…) J’adore jouer devant des salles pleines et, à Kiel, c’était tout le temps plein. Chez nous, il était très difficile de nous battre. C’est une salle mythique en Allemagne, avec 10 000 abonnés. Un peu sur le même modèle qu’à Barcelone avec les socios, ils achètent leur siège et se le transmettent de génération en génération. C’est un public de connaisseurs, qui encourage beaucoup. Le premier match là-bas, ça fait quelque chose. J’avais déjà pu le mesurer pendant la préparation. On avait joué dans une salle de 3 000 personnes, a 20 minutes de Kiel, et c’était plein. 3 000 personnes pour un match amical contre une équipe de troisième ou quatrième division…
(…) En sept ans, je n’ai pas raté un match, j’en ai joué 398. J’ai disputé des matchs qui ont marqué l’histoire. Quand je suis parti, ils ont affiché mon portrait dans la salle. A Kiel, pour être "sous le plafond", comme ils disent en allemand, il faut avoir passé 10 ans au club. Moi, j’en ai fait sept. C’était une belle surprise.
Titi le gentil, Omeyer le tueur
Prendre l’ascendant psychologique et resserrer l’étau autour des tireurs est un peu la clé de tout. J’ai grandi à mon poste à travers le duel tireur-gardien. Cela m’a vraiment beaucoup plu. Souvent, il m’arrivait de chercher du regard le joueur dont je venais de contrer le tir quand il se replaçait en défense. Pour voir sa réaction, s’il souriait, s’il baissait la tête, pour avoir des indications sur le sentiment qu’il éprouvait, je voulais voir si j’avais pris l’ascendant sur lui. J’essayais d’affirmer ma présence quand je sortais vainqueur d’un duel, surtout sur un duel en un-contre-un sur un ailier ou un pivot.
Ma famille, mes amis le savent, il y a moi, et il y a moi sur un terrain. Je suis très différent dans la vie de tous les jours. Je peux m’énerver, je suis un être humain, mais je suis plutôt posé. Sur le terrain, je me transforme, en quelque sorte ! Ce côté tueur, cette envie de rentrer dans la tête de mes adversaires, il a fallu que je l’acquière pour franchir un palier. C’est comme ça, c’est important dans ce jeu entre tireur et gardien. Il faut inspirer de la crainte au joueur en face de soi, il faut que, quand il s’approche pour shooter il se dise que ça va être compliqué.
Thierry Omeyer - Chaque but est une défaite.
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