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JO Paris 2024 | Mélina Robert-Michon : "Je ne sais même pas si on peut succéder à Marie-José Pérec "
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Mis à jour 12/07/2024 à 21:10 GMT+2
Mélina Robert-Michon sait où elle sera le vendredi 26 juillet. Elue par les athlètes, porte-drapeau de la délégation française pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, la lanceuse de disque de 44 ans sera à l’avant du bateau sur la Seine. Un rôle qu’elle appréhende "comme une petite maman" et avec un souvenir, celui de Marie-José Pérec, la dernière athlète porte-drapeau pour les Bleus.
Robert-Michon porte-drapeau français à Paris 2024 : "Je suis encore sous le choc"
Video credit: Eurosport
Mélina Robert-Michon, félicitations. Vous êtes porte-drapeau de la délégation française. La première question est toute simple : quels sentiments avez-vous ressenti ?
Mélina Robert-Michon : Beaucoup d'émotions et un peu sous le choc. Je pense que j'ai même eu du mal à réaliser parce que c'est quelque chose de tellement énorme, de tellement rare dans une vie que j'avais un peu du mal à y croire quand même.
Vous nous avez confié une petite anecdote. Vous étiez sur le plateau d’Eurosport pour Mon Paris Olympique quand la nouvelle est arrivée…
M.R-M. : Oui, j'étais sur le plateau au moment où ils ont passé les coups de fil. Mon téléphone était éteint, quand je l’ai rallumé, j'avais plein d'appels. Je me suis demandé ce qui se passait. J'ai attendu de partir quand même parce qu'il fallait que ça reste secret.
De quelle nature est la mission qu’on a vous confiée ?
M.R-M. : C'est une chance d'avoir pu être élue par les athlètes, par nos pairs. C'est quelque chose qui touche encore plus. On se sent plus légitime et surtout, on a envie d'être à la hauteur de cette confiance qu'ils nous ont donnée. On va tout faire pour que cette équipe puisse s'épanouir.
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Robert-Michon : "C'est puissance 1000"
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Ce vote, vous le prenez comme une reconnaissance du monde sportif ?
M.R-M. : Oui, forcément une reconnaissance, une chance, un honneur. C'est hyper touchant de se dire qu'ils voient en nous un porte-drapeau, quelqu'un qui est capable de les représenter. C'est quelque chose qui est très, très fort pour moi.
Quelles sont selon vous les qualités que les athlètes ont pu voir en vous ?
M.R-M. : L’écoute. Un côté un peu petite maman qui écoute les problèmes, qui aime échanger, partager. Je pense que c'est quelque chose que je fais parce que ça me plaît. Je pense que c'est peut-être ça qui est ressorti. Après on me parlait aussi beaucoup du parcours, de ces 7e JO. C'est un petit peu ça. Et puis il faudrait leur demander pour le reste.
Est-ce que ça ressemble à un rôle de capitaine que vous avez déjà pu avoir sur des grands championnats ?
M.R-M. : Un peu oui. Le but, c'est d'emmener toute l'équipe de France olympique. De représenter aussi l'ensemble des sports. Et de se dire que chacun a sa place dans cette équipe, qu'il n'y en a pas un qui est au-dessus de l'autre.
Ma première cérémonie d'ouverture, j’ai fait plein de photos avec David Douillet qui était porte-drapeau.
Avez-vous pu échanger avec d’anciens porte-drapeau ?
M.R-M. : Pas encore, je ne voulais pas le faire avant… Mais j’ai la chance en athlétisme d’avoir eu Marie-José Pérec qui a fait ça. Elle a été la dernière porte-drapeau athlète aussi. Et je sais qu'elle sera de bon conseil.
On imagine déjà ce qu’on va être amené à faire le jour-J ?
M.R-M. : Pas encore ! C'est vrai que c'est très différent parce que moi j'ai connu des cérémonies d'ouverture mais dans des stades avec un défilé. C'était un peu standardisé. Là c'est vrai que c'est quelque chose de complètement différent. J'ai plus de mal à m'imaginer, à me représenter un petit peu comment ça va se passer. Mais tant mieux. Ça sera encore une découverte.
Y aura-t-il un moment, peut-être un discours pour la délégation ?
M.R-M. : Je ne sais pas du tout pour l'instant comment ça va se passer. Si on va avoir la possibilité de le faire. Je pense qu'on en discutera aussi avec Florent pour voir un petit peu comment on veut s'organiser pour tenir au mieux ce rôle. Pour l'instant, je n'ai pas encore réfléchi à tout ça. Mais le but, c'est que chacun soit bien, que chacun puisse profiter de cette fête. Et prendre le temps pour les autres. Moi, je me rappelle ma première cérémonie d'ouverture, j’ai fait plein de photos. David Douillet était porte-drapeau, j'ai fait des photos avec lui. Ce sont des choses qui m'ont marquée.
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Vous avez évoqué votre parcours olympique. Qu’en retenez-vous ?
M.R-M. : Plein de choses différentes, plein d'émotions. Il y a eu des réussites, des échecs, des remises en question. Et c'est vrai que c'est un long parcours, 24 ans de Jeux Olympiques. Dit comme ça, ça paraît beaucoup mais pour moi, c'est passé tellement vite. Je n'ai pas l'impression que ce soit si long, si exceptionnel. Je ne vais pas dire que ça s'est fait tout seul parce que ce n'est pas tout à fait ça. Mais en tout cas, c'est passé vite. Je pense que c'est plutôt bon signe.
On évoque beaucoup votre persévérance, votre esprit de camaraderie. Ce sont des choses que vous voulez portez dans cette délégation ?
M.R-M. : Oui, c'est important que chacun sente qu'il a sa place à part entière. Il n'y a pas les potentielles médailles et les autres. Chacun a sa chance. Quand on arrive aux Jeux, peu importe le parcours qu'on a eu, si ça a été dur ou si ça a été facile de se qualifier. On est là, ça recommence tout à zéro. Et chacun peut aller chercher sa médaille, créer une surprise. On le voit sur tous les Jeux, il y a des surprises, des favoris qui passent à la trappe mais il y a aussi des gens qui ne sont pas attendus, qui arrivent et qui cassent tout. Il ne faut pas avoir de complexe.
Le fait de succéder à Marie-José Pérec, ça ajoute quelque chose…
M.R-M. : C'est une énorme fierté. Je ne sais même pas si on peut succéder à Marie-José Pérec. C'est la plus grande athlète française en athlétisme mais pas seulement. C'est la sportive française qui a marqué le plus son époque. Je pense que même elle ne se rend pas compte de tout ce qu'elle a fait. Je me rappelle que je m'étais levée dans la nuit à Atlanta en 1996 pour la regarder courir. Je faisais de l’athlétisme depuis pas très longtemps et le fait de me dire que je me levais la nuit, c'est là que j'ai commencé à me dire ‘c'est chouette ça quand même’. Ce sont des petites graines qui sont plantées. J'espère qu'à mon tour, j'aurai inspiré des petits jeunes qui vont se dire ‘je vais faire de l’athlétisme, du sport’. Qu’elles se disent moi aussi, j'ai envie de faire les Jeux Olympiques.
Elle fait une excellente candidate pour être celle qui va allumer la vasque…
M.R-M. : Moi, je suis team 100% Pérec. Ça serait une très belle image.
Vous serez deux porte-drapeaux. Parlez-nous de Florent Manaudou…
M.R-M. : Ça ne peut être qu'un bon choix puisque ce sont les athlètes qui l'ont choisi. C’est un très grand athlète, quelqu'un avec une grande humilité. Je pense qu'il a toutes les qualités pour être un bon porte-drapeau. En plus, on va bien se compléter. Lui est plutôt en début de programme. On va pouvoir se relayer.
Et pour finir, que pensez-vous de la pression qui accompagne ce poste ?
M.R-M. : Moi, je le vois plus comme un truc en plus. Ça ne va pas changer tout l'entraînement que j'ai fait jusqu'ici. Je vais me remettre dans ma préparation et je pense que je serai capable de switcher de l'un à l'autre. Je n'oublie pas que si on fait les Jeux Olympiques, c'est pour être performantes. Un athlète ne sacrifiera jamais sa performance pour être porte-drapeau même si c'est un honneur, c'est tout ce qu'on veut. On reste des athlètes et on carbure aux médailles. Je me dis que médaillée et porte-drapeau, on ne peut pas faire mieux.
Interview réalisée par Simon Dos Santos.
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