JO Paris 2024 - Sparring-partner de Teddy Riner, un job à part : "On vit ensemble, on meurt ensemble"

Simon Farvacque

Mis à jour 21/12/2022 à 10:41 GMT+1

JUDO - Aimeriez-vous être projeté au sol par Teddy Riner à longueur de journée ? C’est la vie que mène Frédéric Mirédin, judoka au gabarit imposant mais loin de celui de son illustre partenaire d’entraînement. A l’occasion de l’émission Mon Paris Olympique consacrée à Riner, découvrez le rôle de son sparring, évoqué par les deux hommes. Un objectif "collectif" : le sacre lors des JO de Paris 2024.

Mirédin, sparring (taquin) de Riner : "C'est un peu difficile pour lui, face à moi"

Il appartient au commun des mortels. Frédéric Mirédin fait une tête de moins que Teddy Riner. Il ne fait pas le poids, face à la montagne de 2,04m et 140 kg (a minima) qui se dresse face à lui. Pourtant, il est le principal sparring-partner du triple champion olympique depuis deux ans. Mais alors… pourquoi lui ? "C’est une question qu’on me pose souvent, sourit le judoka de 35 ans, qui pratique ce sport depuis 1993 : 'Pourquoi toi ? Tu es un petit peu maigre par rapport à Teddy'". Mirédin estime avoir un profil paradoxalement idoine : "Travailler avec un sparring un peu plus petit, moins lourd, ça permet (à Riner) de réviser ses gammes avec beaucoup de vitesse. Cette vitesse est son point fort, sa signature. C’est un moyen de l’entretenir."
C’est peut-être, et surtout, pour l’acolyte de Teddy Riner que la différence de gabarit est pénalisante. "J’ai l’air de souffrir ?", nous réplique Frédéric Mirédin, rieur. Il va jusqu’à suggérer une inversion des rôles : "C’est un peu difficile pour lui d’être face à moi !" Au-delà de ce trait d’humour, le partenaire d’entraînement de la star de 33 ans assure que se frotter à un tel monstre sacré présente un avantage : Riner sait ce qu’il fait, au millimètre. "Oui, c’est un peu éprouvant, admet-il. Parce qu’il y a l’impact physique. Mais à côté de cela, il y a une telle maîtrise du judo que je préfère faire des séquences de 'technique' avec Teddy [Riner] qu’avec un judoka plus modeste." Une sorte de privilège.
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"Sac à dos", sacrifices et "famille"

"C’est une chance de pouvoir travailler avec le meilleur judoka de tous les temps", considère Mirédin, ceinture noire 1er dan, qui vit la quête ultime de nombreux sportifs… par procuration : "Son projet (d’être à nouveau champion olympique lors des JO de Paris 2024, ndlr), c’est aussi devenu le mien." Les deux hommes sont dans le même bateau, pour le meilleur et pour le pire : "S’il gagne, ce sera aussi ma réussite, s’il perd, ce sera aussi mon échec (…) C’est un petit peu : 'On vit ensemble, on meurt ensemble'." Le tout sans partager la gloire des projecteurs. "C’est un rôle un peu compliqué, tu vis dans l’ombre du champion", reconnaît celui qui aura goûté au tatami à tant de reprises, pour parfaire les stratégies de Teddy Riner.
Outre ce déficit de notoriété, il y a des sacrifices à consentir, deux métiers à cumuler. "Ma vie est faite en fonction de Teddy. Je suis son sac à dos, résume Frédéric Mirédin, également conducteur de train pour la SNCF, avec un emploi du temps aménagé. Partout où Teddy est, je suis. C’est un travail qui prend beaucoup de temps mais qui apporte beaucoup de plaisir. Je passe plus de temps avec Teddy qu’avec ma propre famille… c’est un peu comme s'il était devenu ma famille." Heureusement, Teddy Riner a un leitmotiv. "On doit avoir la banane, une attitude positive, c’est ça la vie, explique le colosse qui fut porte-drapeau de la délégation française lors des JO 2016. C’est déjà assez dur, alors si on ne prend pas plaisir dans la dureté, ça ne sert à rien."
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En 2012, Riner décrochait son premier titre olympique à Londres

"On ne veut pas être la risée du monde à Paris"

D’où une complicité précieuse. "Teddy est vraiment super cool, on s’entend bien, savoure l’allié du géant. On aime bien jouer, se charrier, se chambrer. Quand il y a des moments de pause, des périodes de repos, on regarde si l’un de nous a grossi." Ils se sont attribué un sobriquet pour ça : "Pedro". "Je le surnomme ainsi quand il a un peu de bidon", confirme la star du sport tricolore, qui craint pour son après-carrière : "Je ne dois pas devenir un 'Pedro' !" Ce running gag n’est pas le seul qui vient casser la monotonie des randoris. Les deux combattants s’affrontent aussi… aux petits chevaux, où ils font la chasse au tricheur. "Quand on a le moindre temps d’attente, on se challenge, on rigole", poursuit Teddy Riner.
"On sait faire la part des choses. Quand il faut travailler, on travaille. On ne veut pas être la risée du monde à Paris, rappelle Mirédin. On ne laisse rien au hasard." Il croit dur comme fer à son importance dans un processus qui doit mener, à nouveau, son compère sur le toit de l’Olympe : "Le judo, c’est un sport individuel, mais en réalité, c’est un sport collectif, tu ne peux pas réussir si tu es tout seul. Tu as forcément besoin de l’autre, besoin d’être entouré. C’est le code moral, c’est ce qu’on nous a inculqué, en tant que judoka." Un dernier message à son "frère" dans cette aventure ? "Il faut l’or à Paris, pour que je n’aie pas chuté pour rien (…) et s’il te plaît, quand tu arrêtes, ne deviens pas un 'Pedro'."
Propos recueillis par Géraldine Weber. Rendez-vous sur Eurosport 2 le mercredi 21 décembre à 18h, pour regarder l’émission Mon Paris Olympique avec Teddy Riner.
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Riner débarque dans Mon Paris Olympique

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