Combien de médailles ? En trois scénarios, tout sur le potentiel français à Rio

Avant que la vérité des terrains ne s'impose dans les deux prochaines semaines, l'heure est encore à l'évocation des ambitions, des espoirs, et à la scrutation du potentiel. Alors, combien de médailles la France peut-elle espérer lors de ces Jeux de Rio ? A J-100, Denis Masseglia, le patron du Comité olympique français, avait évoqué "une quarantaine de médailles".

Le week-end dernier, depuis Rio, où il est arrivé, le président du CNOSF a réitéré son message. L'objectif avoué est de faire mieux que les 41 médailles de Pékin, un "record", depuis les Jeux d'Anvers en 1920 (41 également). Et le meilleur total historique si l'on excepte le surréaliste bilan de 1900, à domicile, quand les Français avaient glané 91 médailles à Paris.

Au-delà du nombre de podiums, il sera tout aussi important de se pencher sur les médailles d'or. Car ce sont bien elles qui comptent en premier lieu à l'heure d'établir le tableau des médailles, qui est en réalité d'abord le tableau des médailles d'or. A Pékin, justement, c'est là que le bat avait blessé, avec seulement sept titres, soit un ratio maigrichon par rapport aux 41 médailles obtenus et le plus faible total depuis Séoul en 1988. A Londres, les Français avaient moins mais mieux scoré (35 médailles, mais 11 en or). Dans l'idéal, il s'agira donc de viser le total de médailles de 2008, combiné avec les titres de 2012. Ce double objectif peut paraitre ambitieux mais il n'a rien d'irréaliste.

D'ailleurs, deux grands médias américains, USA Today et Sports Illustrated, se montrent optimistes pour la France. Ils ont tous deux établi leur podium prévisionnel dans toutes les épreuves des Jeux de Rio, sport par sport. Résultat : 42 médailles pour USA Today, dont 12 en or. SI est même plus généreux encore en décernant 15 médailles d'or pour les Bleus, mais "seulement" 39 au total. Reste que ces 15 médailles d'or placeraient la France au 5e rang dans la hiérarchie olympique à Rio, où trois scénarios, aux contours bien différents, pourraient se dessiner.

. Moins de 33 médailles
. Moins de 7 médailles d'or

A ce tarif-là, la France aurait clairement raté ses Jeux. Jamais elle n'est descendue sous les 33 médailles au cours des 20 dernières années. Ce serait le pire bilan en six éditions, sachant que le nombre total de médailles décernées s'est accru sur la même période. Idem en matière de médailles d'or. Moins de sept titres, ce serait un retour au niveau de Séoul et une vraie déception.

Si l'on prend sport par sport et épreuve par épreuve, la France peut espérer, pour emprunter une fourchette extrêmement large, entre 25 et 55 médailles. Nous serions donc là dans le bas de la fourchette. Ce n'est toutefois pas impossible, mais cela impliquerait d'abord que la délégation tricolore soit lâchée par un certain nombre de ses têtes d'affiche principales, que sont Florent Manaudou, Teddy Riner, Renaud Lavillenie ou les Experts. C'est le seul cas de figure où la France pourrait descendre en-deçà du seuil de médailles d'or de Pékin. Dans le même temps, il faudrait que plusieurs sports supposés remplir la besace bleue déçoivent. On pense à la voile, au cyclisme ou au judo. La double peine serait alors possible.

. Entre 34 et 39 médailles
. 10 ou 11 médailles d'or

Parce qu'il est globalement conforme à ce que produit l'équipe de France olympique depuis Atlanta. De 1996 à 2012 inclus, la France engrange en moyenne 36,6 médailles et 11,2 titres par olympiade. Il serait donc assez logique qu'elle se situe à nouveau dans ces fourchettes-là à Rio. Sans constituer un cru extraordinaire, 36 podiums et 10 médailles d'or, par exemple, permettrait sans doute aux Bleus de se situer autour de la huitième place au tableau des médailles, là encore un classement assez classique.

Un mix entre bonnes et mauvaises surprises. Quelques espoirs déchus, une ou deux grosses désillusions (les Experts absents du podium, le relais 4x100m nage libre qui passerait au travers, etc.) mais contrebalancées par quelques champions ou championnes olympiques que l'on n'attendait pas forcément, et quelques médailles venus de nulle part. En somme, le roman olympique dans tout ce qu'il a de plus classique. Suffisant pour que la France tienne son rang, donc, mais sans progression notable dans la hiérarchie.

. Plus de 41 médailles
. 15 médailles d'or

Parce que, un tel bilan, la France battrait le "record" de Pékin et Anvers, tout en égalant celui d'Atlanta. En Géorgie, les Tricolores avaient en effet décroché 15 titres, du jamais vu en dehors des 27 de Paris 1900, et avaient fini à la 5e place au tableau des médailles. C'est le scénario "Sports illustrated", pour l'or en tout cas. Même dans ses rêves les plus fous, Denis Masseglia n'ose sans doute pas aller jusque-là.

Si le judo se maintient au niveau de 2012 (7 médailles) que la voile tient ses promesses et opère une récolte à l'ampleur historique (entre 5 et 7 médailles), si l'escrime renoue avec sa tradition après le fiasco londonien, si le cyclisme et la natation tirent le meilleur parti de leurs quelques leaders, alors les 41 médailles de Pékin seront effacées. Evidemment, cela fait beaucoup de "si". Mais nous sommes là dans une hypothèse (très) favorable, donc...

Même chose pour les médailles d'or. Avec Riner, Lavillenie, Manaudou, le 4x100m nage libre, Mahut et Herbert en tennis, Besson et Riou en voile, l'épée masculine par équipes ou encore les experts en handball, la France se présente déjà dans huit épreuves avec un statut de favorite. Et il y a encore au moins le double d'épreuves où les Bleus ont de légitimes ambitions pour l'or. Citons notamment Tony Yoka en boxe, les volleyeurs, Gauthier Grumier à l'épée, Clarisse Agbegnenou en judo ou le tandem Houin-Azou en aviron. Pour tous ceux-là, le titre est une ambition, plus qu'un rêve. Au total, ce sont plus de 30 médailles d'or qui relèvent du probable ou du plus ou moins possible. Il n'est évidemment pas question de mettre dans le mille à chaque fois. Mais la moitié, pourquoi pas ?